A propos des périls de l’hiver
L’ENTREVUE hier entre le président de la République et le chef du gouvernement a donné lieu à une dépêche laconique de la part de l’agence de presse officielle : elle nous apprend au moins que les deux chefs de l’exécutif se rencontrent et se concertent sur divers sujets. Ce qui est certainement une bonne chose, de nature à rassurer le citoyen sur la bonne entente et la sérénité qui règnent au sommet de l’Etat. Quant à la substance de ce qui s’est dit, on comprend que tout n’y est pas destiné à être rendu public. Aussi a-t-on eu droit à quelques propos édifiants portant notamment sur les préparatifs à mettre en place en prévision des intempéries qui, à pareille période de l’année, provoquent ici ou là des dégâts et des souffrances... Un sujet grave, assurément, parce qu’il est tout à fait inconcevable que nombre de nos concitoyens soient régulièrement livrés aux éléments alors qu’une meilleure préparation des administrations concernées pourrait réduire ces fâcheuses occurrences. Du reste, le Tunisien aimerait tellement en savoir plus sur ce qui s’entreprend en matière d’amélioration de l’organisation, sur les dispositions adoptées pour rendre plus efficace le travail de coordination entre les différents acteurs en cas de catastrophe, etc. Nul doute qu’en cette matière comme en tant d’autres, il est possible de relever les faiblesses et les défaillances de nos expériences passées, de manière à ne pas les répéter. Tirer les bonnes leçons de ses erreurs, n’est-ce pas une démarche pédagogique positive? Le gouvernement ne devrait pas se sentir complètement dispensé du devoir de montrer l’exemple en ce domaine. On y gagnerait tous dans le sentiment que moyennant quelques efforts bien étudiés, on accède à des paliers supérieurs d’invulnérabilité. C’est important. Le spectacle de nos concitoyens, généralement démunis, dont la modeste maison est envahie par les eaux ou qui se trouvent prisonniers de la neige dans certaines régions, est une peine partagée par tous et un sujet d’indignation. Et chacun aspire légitimement à savoir ce qui s’est fait concrètement pour conjurer la fatalité de tels malheurs...
Bref, que le sujet soit à l’ordre du jour au plus haut niveau de l’Etat, on s’en réjouira. Mais on regrettera dans le même temps qu’il soit traité d’une manière si expéditive, donnant presque l’air de «meubler» à bon compte les communiqués de presse.
La mobilisation autour de la sécurité à apporter à nos concitoyens avec la saison du froid qui arrive est de celles qui doivent toucher tous les échelons et impliquer les autorités régionales et locales, sans oublier les citoyens eux-mêmes dont le secours peut être hautement appréciable en cas de péril.
S’il y a mérite à se préoccuper de la protection de nos concitoyens face aux dangers de l’hiver, il y en a un autre, qui est de veiller à ce que cette préoccupation soit largement partagée. Agir ainsi serait un gage d’efficacité, et une façon aussi de prévenir le soupçon qu’autour des catastrophes dont sont victimes nos concitoyens l’Etat cherche à recapitaliser sa bonne conscience...
Le spectacle de nos concitoyens, généralement démunis, dont la modeste maison est envahie par les eaux ou qui se trouvent prisonniers de la neige dans certaines régions, est une peine partagée par tous et un sujet d’indignation. Et chacun aspire légitimement à savoir ce qui s’est fait concrètement pour conjurer la fatalité de tels malheurs.