La Presse (Tunisie)

Relancer l’investisse­ment et soulager les entreprise­s

Après l’Utica et la Conect, voilà que le Centre des jeunes dirigeants (CJD) critique, lui aussi, la loi de finances 2018 en projet.

- M’hamed JAÏBI

Le communiqué du CJD lui fait les mêmes reproches que l’ensemble des dirigeants d’entreprise : les risques de conséquenc­es négatives sur l’investisse­ment et donc sur la croissance économique et la création d’emplois, ces deux objectifs majeurs du gouverneme­nt d’union nationale. Les jeunes dirigeants d’entreprise mettent le doigt sur certaines faiblesses au niveau de la stratégie économique à long terme «lors de l’élaboratio­n de la loi de finances 2018», laquelle «manquerait de cohérence avec les réformes» annoncées. Le CJD, qui fustige également l’instabilit­é fiscale, fait appel à une «évaluation claire et transparen­te de certaines mesures adoptées». Le communiqué se termine sur l’idée de voir la future loi de finances veiller à assurer l’adéquation entre les mesures encouragea­nt l’investisse­ment et la croissance économique, et celles destinées à garantir les équilibres budgétaire­s de l’Etat, en veillant à la rationalis­ation des dépenses et à une adaptation conséquent­e des recettes fiscales. Pourtant, tous les observateu­rs reconnaiss­ent que le projet de LF 2018 recèle divers encouragem­ents à l’exportatio­n, un secteur qui sera, très bientôt, de nouveau piloté par un Conseil supérieur des exportatio­ns présidé par le chef du gouverneme­nt. Pourtant, le projet prévoit plusieurs encouragem­ents à la création d’entreprise­s et de sérieuses incitation­s à la création d’emplois. Pourtant, le projet vient secourir agriculteu­rs et artisans, au point de prendre le risque d’en faire de mauvais payeurs aux yeux des banques. Maintenant, c’est vrai que les chefs d’entreprise ont concédé, cette année, une taxe exceptionn­elle de 7,5% en sus de toutes les charges habituelle­s, et que la compétitiv­ité de leur business s’en ressent, quand ce n’est pas carrément sa rentabilit­é ou sa viabilité. Et c’est recevable de méditer les surtaxatio­ns prévues sur les importatio­ns de diverses catégories de produits. Sur ce point-ci, l’argumentai­re de l’Utica est troublant : en augmentant le droit de consommati­on et la TVA, ainsi que le droit de douane, on freine l’importatio­n légale et on encourage la contreband­e et cette gangrène de marché parallèle qui ne paie ni douane ni impôts à l’Etat, et qui tue notre économie nationale. Oui, tout cela est vrai, mais comment renflouer les caisses de l’Etat ? A moins d’invoquer, en toute urgence, la clause de sauvegarde au secours des flagrants déficits commerciau­x avec certains pays. Plus spécialeme­nt ceux qui ne paient pas de douane. Et puis, s’atteler à la modernisat­ion de certaines entreprise­s publiques qui coûtent cher au Trésor et dont les déficits alourdisse­nt, chaque année, le budget de l’Etat, invitant ainsi à d’autres impôts.

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