Azaïez s’en est allé
Il n’influait, évidemment, ni sur les faits, ni sur les idées.
« Officiellement », il ne se mêlait pas de journalisme. Personne, une carrière durant (on se perd à compter les années), ne lui eut imaginé cette « posture ». C’était, simplement, Azaïez, le « vaguemestre », « l’homme à tout faire », le chargé de la collection. En principe « si peu ». Au concret, de lui à nous, de nous à lui, il comptait ô combien. Les raisons ? Un : quand on « dérallait », il nous le faisait sentir. A sa manière, certes, sans offusquer, mais le bon sens y était, immanquablement. On ne sait si d’avoir côtoyé tant de beaux esprits il aura capté assez de sagesse, ou si sa nature foncière, humaine, trop humaine, l’aura disposé à tant de vertu. Deux : il avait de l’attachement pour le journal, pour nous tous, un à un. Cela ne sautait pas, forcément, aux yeux, mais qui d’entre nous savait lire derrière ses caprices simulés, derrière ses mines ronchons, s’en délectait à tous les coups. On était quelques-uns, dont de chers disparus aujourd’hui, Sadok Ben Mahmoud, Hassen Mekki, Belgacem Maatoug, Mohamed Mahfoudh, à tisser un rapport tendrement complice avec l’omniprésent et le fidèle Azaiez. Mais on n’a pas souvenir que d’autres collègues eussent nourri d’autres sentiments pour lui. Au « final », toujours, il était l’ami de tout le monde. Et, pratiquement, tout au long de ces années de vie commune, le confident de chacun de nous. Sa disparition, hier, a été une secousse. Douloureusement subite, inattendue. Et le plus dur est à venir. Là, sur les « corridors » du journal, au détour des bureaux, (paix à son âme), il va fichtrement nous manquer.