La Presse (Tunisie)

Europol arrive à la rescousse

Mme Caruana Galizia, 53 ans, avait révélé certains des pans les plus sombres de la politique maltaise

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AFP — Trois enquêteurs d’Europol sont attendus à Malte pour aider à retrouver les meurtriers de la journalist­e et blogueuse anticorrup­tion Daphne Caruana Galizia, a annoncé hier la police maltaise dans un communiqué. Des experts néerlandai­s et des agents de la police fédérale américaine (FBI) participen­t déjà à l’enquête sur l’attentat ciblé à la voiture piégée le 16 octobre. Mardi, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, avait accentué la pression en demandant une «enquête internatio­nale» et l’interventi­on d’Europol. Dans son communiqué, la police n’a fourni que très peu d’éléments sur l’enquête, prévenant seulement qu’il était trop tôt pour dire si l’explosif utilisé était du Semtex ou de la TNT. Des échantillo­ns prélevés sur le lieu du crime ont été envoyés pour analyse dans des laboratoir­es étrangers, tandis que des équipes travaillen­t jour et nuit sur les éléments fournis par la population, a précisé la police. Le gouverneme­nt a débloqué un million d’euros pour récompense­r toute informa- tion permettant de mener aux auteurs et aux commandita­ires du meurtre. Mais dans le plus petit pays de l’Union européenne (430.000 habitants), beaucoup ne font pas confiance aux responsabl­es judiciaire­s et policiers, dont plusieurs avaient été visés par les attaques au vitriol de la blogueuse. Jeudi soir, un groupe de femmes se sont installées avec des tentes sur une place historique de La Valette, annonçant un sit-in de quatre jours pour réclamer le départ du chef de la police et du ministre de la Justice. A l’appel d’un réseau citoyen apolitique dans ce pays marqué par des fractures partisanes ancestrale­s, des milliers de Maltais étaient descendus dimanche dans les rues de La Valette pour marquer leur désir d’unité et de justice après l’assassinat. Le même réseau a appelé à un rassemblem­ent similaire dimanche prochain. Souvent qualifiée de «Wikileaks à elle toute seule», Mme Caruana Galizia, 53 ans, avait révélé certains des pans les plus sombres de la politique maltaise, s’en prenant avec virulence au Premier ministre travaillis­te, Joseph Muscat, et plus récemment aussi au chef de l’opposition. Après sa mort, ses fils ont réclamé la démission de M. Muscat, l’accusant de s’être entouré d’escrocs et d’avoir créé une culture d’impunité ayant transformé Malte en «île mafia». La justice n’ayant pas encore rendu le corps de la blogueuse à sa famille, les funéraille­s, qui pourraient rester privées, ne sont pas attendues avant la semaine prochaine.

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