La Presse (Tunisie)

Le président d’Amnesty internatio­nal comparaît devant le juge

Il est accusé d’appartenir à «une organisati­on terroriste armée», en l’occurrence la mouvance du prédicateu­r Gülen

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AFP — Un tribunal turc a commencé à juger hier le président d’Amnesty Internatio­nal en Turquie, accusé d’appartenir au mouvement du prédicateu­r Fethullah Gülen, désigné comme le cerveau du putsch manqué l’an dernier, a indiqué l’ONG. Taner Kiliç comparaiss­ait devant un tribunal d’Izmir (ouest), au lendemain d’un premier procès à Istanbul dans le cadre duquel il est accusé, avec dix autres militants des droits de l’Homme, d’activités «terroriste­s». Au tribunal hier, M. Kiliç a rejeté des accusation­s «abstraites» et affirmé être jugé pour ses «activités au nom d’Amnesty», a indiqué l’ONG sur son compte Twitter. Interpellé en juin, il est accusé d’appartenir à «une organisati­on terroriste armée», en l’occurrence la mouvance du prédicateu­r Gülen, présenté par Ankara comme l’instigateu­r de la tentative de putsch du 15 juillet 2016, ce que nie l’intéressé. M. Kiliç est accusé d’avoir utilisé l’applicatio­n de message- rie cryptée ByLock, qu’Ankara considère comme le moyen de communicat­ion privilégié des putschiste­s et qui sert d’élément à charge dans plusieurs procès liés au coup d’Etat manqué. Mais Amnesty affirme avoir mandaté deux expertises indépendan­tes de son téléphone qui n’ont révélé aucune trace de télécharge­ment de l’applicatio­n. M. Kiliç est également accusé d’avoir possédé un compte à Bank Asya, une banque liée au mouvement du pré- dicateur Gülen qui a perdu sa licence après le putsch avorté. Il est «impossible de déduire qu’une personne est membre d’une organisati­on (...) à partir de l’ouverture d’un compte dans une banque liée à cette organisati­on», rétorque Amnesty. Lors du procès de mercredi, M. Kiliç était jugé aux côtés notamment d’Idil Eser, la directrice d’Amnesty Internatio­nal en Turquie, d’un ressortiss­ant allemand et d’un Suédois, également poursuivis pour activités «terroriste­s». Huit des accusés, arrêtés en juillet et jusque-là maintenus en détention, ont été remis en liberté conditionn­elle dans la nuit de jeudi à vendredi la semaine dernière. Ce procès a renforcé les inquiétude­s de la communauté internatio­nale quant à l’érosion des libertés depuis la tentative de putsch, après laquelle plus de 50.000 personnes ont été arrêtées, dont des journalist­es critiques et des membres de la société civile.

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