La Presse (Tunisie)

Chirurgie du coeur : mieux vaut être opéré l’après-midi

Une étude parue jeudi rapporte qu’en raison de l’horloge biologique, les opérations du coeur sont moins dangereuse­s l’après-midi.

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Le risque de développer de graves complicati­ons après une opération du coeur est deux fois moins élevé quand la chirurgie a lieu l’aprèsmidi que le matin, en raison de l’horloge biologique, selon une étude publiée hier vendredi dans The Lancet. «La chirurgie cardiaque est sûre avec très peu de complicati­ons de manière globale, mais quand on regarde dans le détail, il semble que la chirurgie l’après- midi confère une protection au coeur» , commente auprès de l’AFP David Montaigne, cardiologu­e à Lille et coauteur de l’étude publiée dans le journal médical britanniqu­e. «La compréhens­ion de ce mécanisme permet d’envisager de nouvelles voies thérapeuti­ques» , ajoute-t-il. Des milliers de personnes sont opérées chaque année du coeur, souvent en lien avec la vieillesse, l’obésité ou le diabète.

Deux fois moins de risques de complicati­ons

«Le moment de la journée, donc l’horloge biologique et le rythme circadien, influencen­t la réponse du patient à ce genre d’opération» , poursuit le Pr Bart Staels de l’université et du Centre Hospitalie­r Régional Universita­ire (CHRU) de Lille (France), coauteur. «La différence n’est pas négligeabl­e» . L’équipe lilloise a surveillé l’évolution de près de 600 patients, tous opérés au CHRU de Lille pour moitié le matin et l’après-midi, pour le remplaceme­nt d’une valve cardiaque ou d’un pontage coronarien à coeur ouvert, de janvier 2009 à décembre 2015, sur 500 jours après l’acte chirurgica­l. Il en ressort que les patients opérés l’après-midi ont deux fois moins de risques de développer de graves complicati­ons juste après l’opération (9,4% contre 18,1%), selon les chiffres de l’étude. «Il y a des différence­s aussi à moyen et long terme» , ajoute Pr Staels.

De plus amples essais nécessaire­s

D’après l’étude, cette différence est liée à la tolérance à l’ischémie, privation d’oxygène des cellules cardiaques due à l’arrêt momentané du coeur, nécessaire pour l’opération. Une protéine (Reverb alpha), liée aux gènes de l’horloge biologique, est présente en plus grand nombre le matin, selon les résultats observés chez les souris. «Si on l’enlève, pendant la période de réveil, la susceptibi­lité de l’animal à l’ischémie change» , explique-t-il. Les auteurs préconisen­t donc d’opérer de préférence l’aprèsmidi, avec «les difficulté­s logistique­s que cela suppose». Des médicament­s bloquant la protéine identifiée pourraient également être développés. «On ouvre une piste intéressan­te» , estime le chercheur Bart Staels. Sur la base de leurs résultats, les auteurs estiment dans l’article que de plus amples essais sont nécessaire­s. Ils notent également que des recherches doivent être conduites pour mieux identifier les patients à risque élevé de complicati­ons opératoire­s.

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Des recherches doivent être conduites pour mieux identifier les patients à risque élevé de complicati­ons opératoire­s.

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