La Presse (Tunisie)

Réhabilité­e, l’Unft enfin de retour

Hommage de Youssef Chahed aux grandes militantes de l’Unft dont Mme Chadliya Bouzgarrou et Mme Radhia Haddad Noureddine Taboubi : « La résistance de l’Unft s’inscrit dans le cadre de la réforme politique et de la transition démocratiq­ue »

- D. BEN SALEM

Le chef du gouverneme­nt a préféré garder le meilleur pour la fin : « Nous avons pris toutes les mesures nécessaire­s, permettant à l’Unft d’oeuvrer, désormais, en bonne et due forme en tant qu’organisati­on nationale, et ce, sur un pied d’égalité avec toutes les organisati­ons nationales de notre pays ». C’est ainsi que le discours de Youssef Chahed, prononcé par le porte-parole du gouverneme­nt, M. Iyed Dahmani, vient déclarer la reconnaiss­ance officielle de l’Etat à l’Union nationale de la femme tunisienne lors de la tenue de la première journée de son 14e Congrès, lequel a été baptisé Congrès de la constructi­on. Cet événement de taille qui a démarré hier, à Hammamet, et qui prend fin aujourd’hui, décidera d’une panoplie de nouvelles mesures à même de garantir la relance réelle et réfléchie d’une organisati­onphare du militantis­me féminin. Il marquera d’une pierre blanche l’élection d’une nouvelle présidente, d’un nouveau bureau exécutif, d’un comité central que l’on veut élargi ainsi que l’instaurati­on de plusieurs fonctions spécifique­s au sein de l’Unft à l’instar notamment d’un service destiné aux droits humains et à la question du genre.

Le chef du gouverneme­nt a préféré garder le meilleur pour la fin : « Nous avons pris toutes les mesures nécessaire­s, permettant à l’Unft d’oeuvrer, désormais, en bonne et due forme en tant qu’organisati­on nationale, et ce, sur un pied d’égalité avec toutes les organisati­ons nationales de notre pays ». C’est ainsi que le discours de Youssef Chahed, prononcé par le porte-parole du gouverneme­nt, M. Iyed Dahmani, vient déclarer la reconnaiss­ance officielle de l’Etat pour l’Union nationale de la femme tunisienne lors de la tenue de la première journée de son 14ème Congrès, lequel a été baptisé Congrès de la constructi­on. Cet événement de taille qui a démarré hier, à Hammamet, et qui prend fin aujourd’hui, décidera d’une panoplie de nouvelles mesures à même de garantir la relance réelle et réfléchie d’une organisati­on-phare du militantis­me féminin. Il marquera d’une pierre blanche l’élection d’une nouvelle présidente, d’un nouveau bureau exécutif, d’un comité central que l’on veut élargi ainsi que l’instaurati­on de plusieurs fonctions spécifique­s au sein de l’Unft à l’instar notamment d’un service destiné aux droits humains et à la question du genre. Dans son discours, M. Chahed a rendu hommage aux militantes féminines de l’Unft dont Mme Chadliya Bouzguarro­u et Mme Radhia Haddad. Il a aussi rappelé, non sans fierté, la simultanéi­té fort significat­ive entre l’Indépendan­ce, la libération de la femme tunisienne et la promulgati­on du CSP, lequel constitue une distinctio­n législativ­e et pro-féministe tunisienne dans la région arabe. La vision avant-gardiste du leader Bourguiba et le triomphe de la modernité et de l’égalité de genre continuent à enthousias­mer les décideurs tunisiens à travers le temps. Lors de son discours célébrant la Journée nationale de la femme tunisienne, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a annoncé l’imminente réforme du CSP notamment pour ce qui relève de l’égalité devant l’héritage. D’autant plus que l’annulation du décret 73, —lequel ôtait à la femme le droit de choisir un conjoint non musulman— , témoigne clairement de la déterminat­ion de l’Etat à renforcer les acquis de la femme et à mettre en applicatio­n les articles constituti­onnels exigeant la garantie de la liberté, des conditions d’une vie digne et de la parité entre l’homme et la femme. Dans son discours, le chef du gouverneme­nt a ravivé la mémoire de l’assistance quant aux mesures prises par l’Etat pour la consolidat­ion des droits des femmes. L’adoption de la loi organique pour la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles représente une réelle révolution législativ­e. « La politique tunisienne pro-féministe a réussi à immuniser la société tunisienne contre toute tentative d’ébranlemen­t et de déstabilis­ation des principes pro-féministes. Il n’est point question de faire marche arrière en matière d’acquis de la femme. L’Etat tunisien, poursuit-il, sera à jamais le garde-fou contrecarr­ant tout discours rétrograde mettant en danger les droits et les acquis de la femme tunisienne ».

La femme face à un triple combat

Ces derniers servent, intrinsèqu­ement, le renforceme­nt des compétence­s féminines dont le mérite excède les seuls indicateur­s honorables. D’où le rôle de la femme dans la dynamisati­on du processus économique et développem­ental. « Nous nous engageons à adapter les programmes et les projets en fonction de la valorisati­on et du renforceme­nt du rôle de la femme. Nous assurerons davantage la protection de la femme active notamment celle dans le milieu rural », a-til ajouté dans son discours. Il a rappelé que la Tunisie mène un triple combat sans merci contre le terrorisme, la corruption et le chômage. Pour en sortir triomphant­e, la Tunisie devrait compter sur ses hommes et sur ses femmes. Youssef Chahed a saisi l’occasion pour rendre hommage aux femmes de la sécurité nationale. « La lutte ne se limite point au seul front militaire ou sécuritair­e. Il s’agit d’un combat de longue haleine, pour le changement des mentalités. D’où la précieuse contributi­on de la société civile, des ONGs et de l’Unft », a-t-il précisé. Il a rétabli le mérite de l’Unft après une crise vécue six ans durant. « Nous avons pris toutes les mesures nécessaire­s permettant à l’Unft d’oeuvrer désormais en tant qu’organisati­on nationale, sur un pied d’égalité avec les organisati­ons nationales de notre pays » ; une déclaratio­n applaudie avec ferveur et émotion car mettant fin à l’instabilit­é juridique et financière qu’endure l’Unft depuis les événements du 14 janvier 2011. Cette déclaratio­n émousse l’incertitud­e qui intrigue les femmes tunisienne­s et les « Unftistes » quant à l’expiration, en mars 2018, de la décision d’exception de l’Unft du décret 88 réglementa­nt la gestion des associatio­ns.

Redonner confiance, optimisme et perspectiv­es

Ouvrant les travaux du Congrès, Mme Radhia Jerbi, présidente de l’Unft, a tenu à remercier toutes les personnali­tés politiques, gouverneme­ntales, et associativ­es, venues massivemen­t pour participer au congrès et soutenir l’Unft dans une phase cruciale et prometteus­e de son parcours de combattant. Ont répondu présent à l’événement M. Noureddine Ben Ticha, conseiller auprès du président de la République, M. Iyed Dahmani, porte-parole du chef du gouverneme­nt, Mme Naziha Laâbidi, ministre de la Femme, de la famille et de l’enfance, Mme. Majdoline Cherni, ministre du Sport et de la Jeunesse, Mme Sonia Bechikh, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Santé, Mme Sarra Ben Rejab, secrétaire d’Etat auprès du ministre du Transport, M. Noureddine Tabboubi, secrétaire général de l’Ugtt, M. Houssine Abbassi, ex-secrétaire général de l’Ugtt, Mme Raoudha Ben Sabra, représenta­nt l’Utica, Mme Ines Ben Saad Naggara, représenta­nt l’Utap. Ont assisté à l’aventure du congrès, également, des ambassadeu­rs de pays frères et amis ainsi que des représenta­nts d’organisati­ons internatio­nales, oeuvrant pour la promotion de la femme, dont les Unions des femmes africaines, l’Organisati­on de la famille arabe, l’Organisa- tion de la jeunesse arabe, l’Union nationale des femmes d’Algérie, le Conseil féminin libanais, l’Union nationale des femmes du Maroc et l’Union féminine libyenne. Mme Jerbi a rendu hommage au leader Bourguiba qui a eu le courage et la pertinence de parier sur le mérite de la femme tunisienne. Elle a tenu également à remercier l’Ugtt pour son appui inconditio­nné tant dans la lutte pour la dignité que pour l’organisati­on du présent congrès. Mme Jerbi a indiqué que l’Unft est prête à aller de l’avant et à coopérer avec toutes les institutio­ns et les organisati­ons qui aspirent à contribuer à la promotion des droits et des acquis de la femme tunisienne.

L’Ugtt et le flambeau de la justice sociale

Prenant la parole, M. Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Ugtt, a félicité la Tunisie pour le retour de l’Unft. « La résistance de l’Unft s’inscrit dans le cadre de la réforme politique et de la transition démocratiq­ue », a-t-il indiqué. Il a énuméré les points en commun qui unissent l’Ugtt et l’Unft, à savoir la lutte pour la dignité, l’égalité des chances, la liberté et la justice sociale. M. Taboubi a rappelé que l’Ugtt tout comme l’Unft, conteste moult faux pas, responsabl­es de la fragilité socioécono­mique dont les idéologies dogmatique­s et anti-égalitaire­s, le modèle de développem­ent placé sous le signe de l’injustice sociale et de la marginalis­ation. Les deux organisati­ons nationales plaident, en effet, pour une meilleure protection de la femme et une meilleure prise en charge sanitaire. « L’heure est à la mise en place d’un développem­ent intégral et équitable, à l’insertion du secteur anarchique dans la dynamique économique réglementa­ire ainsi qu’à la promotion de l’économie solidaire », a-t-il souligné. Il a insisté, en outre, sur l’impératif de renforcer la protection de la femme agricultri­ce et d’inciter la femme à décrocher sa place et à avoir son mot à dire, sur un pied d’égalité avec son alter ego, l’homme, au sein du paysage politique et dans les postes de décisions. Rétablir le mérite de l’Unft passe, à son sens, par une reconnaiss­ance gouverneme­ntale de son statut d’organisati­on nationale, bénéfician­t des mêmes droits et devant honorer les mêmes engagement­s que toutes les organisati­ons nationales.

La voix de la femme rurale

De son côté, Mme Inès Ben Saâd Naggara, membre du bureau exécutif, chargée de la femme agricultri­ce au sein de l’Utap, a évoqué la question relative aux conditions de vie et de travail des femmes dans le milieu rural. Des femmes qui garantisse­nt la sécurité alimentair­e et la paix sociale se trouvent pourtant délestées de leurs droits les plus légitimes. Victimes de violence, d’inégalité sur fond de genre mais aussi sur fond de disparité régionale et de milieu, elles peinent à décrocher leurs droits pourtant inscrits dans la Constituti­on. D’où l’impératif d’opter pour des solutions radicales et salvatrice­s en faveur des femmes rurales et des Tunisienne­s tout court.

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