La Presse (Tunisie)

Congrès de Nida : qui sera de la partie ?

La scène politique commence à bouger sérieuseme­nt, ces derniers jours, suite au blocage de l’Isie, au report des élections municipale­s et à deux décisions prises par Hafedh Caïd Essebsi : sa non-candidatur­e aux élections législativ­es partielles des Tunisi

- Par M’hamed JAÏBI

La décision de ne pas se présenter en Allemagne a été une sage décision, qui a permis d’éviter la vague de protestati­ons attendues de la part des opposition­s, lesquelles préparaien­t, dans les coulisses, une batterie d’arguments éthiques, politiques et juridiques voire constituti­onnels. Ce qui est sûr, c’est que l’article 10 de la loi électorale réserve l’inscriptio­n sur les listes d’électeurs des circonscri­ptions de l’étranger aux Tunisiens de l’étranger.

Pour ce qui est du congrès démocratiq­ue, les choses sont plus complexes. Car il faut d’abord s’entendre sur qui va y prendre part, de la base au sommet. Et si les nidaïstes historique­s qui ont été marginalis­és seront de la partie, y compris éventuelle­ment ceux ayant formé d’autres partis ou d’autres groupes parlementa­ires : Machrou Tounès (21 députés), Tounès Awalen (4 députés), le groupe national (8 députés) et quatre ou cinq indépendan­ts ayant quitté le groupe de Nida Tounès.

Les seuls adhérents de 2017 et 2018

Le problème qui se pose à ce niveau, c’est que ceux qui vont organiser le congrès, et qui ne font pas l’unanimité des militants nidaïstes historique­s, n’ont pas annoncé leurs intentions quant à une réconcilia­tion ou une ouverture sur les autres groupes de cadres et militants qui se sont trouvés exclus des structures ou marginalis­és. De même, n’ont pas été rendues publiques les étapes et les formalités devant mener au congrès. Comme, par exemple, si les structures régionales contrôlées par la direction actuelle sont habilitées à organiser les congrès régionaux et l’élection des congressis­tes du congrès national. Et d’abord, quels adhérents participer­ont à ces votes locaux ou régionaux qui dessineron­t le profil du congrès.

En fait, certaines annonces par la bande, ne présagent pas d’une franche ouverture sur les troupes de 2014. Parmi cellesci, la déclaratio­n d’un membre du «bureau politique» de HCE, Wissem Souissi, qui indique que seuls les adhérents de 2017 et 2018 pourront participer à l’élection du président du parti.

Ça bouge chez les anciens de Nida

Le «congrès démocratiq­ue et transparen­t» que l’on fait miroiter y est-il pour quelque chose ? Il se trouve que malgré les nombreuses interrogat­ions qui l’entourent, il semblerait qu’il n’est pas de nature à laisser les anciens nidaïstes indifféren­ts. Après les 8 députés d’entre eux ayant formé le groupe national présidé par Mustapha Ben Ahmed, l’appui déclaré aux deux têtes de l’exécutif vient de s’étendre à une quarantain­e de représenta­nts du peuple qui ont l’intention d’unifier leurs rangs au sein d’un seul et même groupe parlementa­ire. On y comptabili­se l’essentiel (sinon la totalité) du groupe Al Horra de Machrou Tounès et l’on se demande si les 4 députés de Tounès Awalen feront le pas, et notamment Abdelaziz Kotti et Khemaïes Ksila. Même si la position de ces militants qui bougent beaucoup (Ettakatol et CPR au début, puis Nida, puis proches de Hafedh et enfin avec Ridha Belhaj) et de leur parti reste très critique à l’égard aussi bien de Youssef Chahed que du président Caïd Essebsi.

A mi-mandat, on songe à demain

Au sein des élus plus qu’au niveau de l’ensemble de la classe politique, les futurs candidats songent à leur avenir et le report des municipale­s a tant rapproché les dates des deux futurs scrutins que la campagne est pratiqueme­nt lancée à mi-mandat des législativ­es et des présidenti­elles. Même le président de la République est amené à y réfléchir, lui qui fait mine de ne pas avoir tranché.

Face à un parti Ennahdha qui garde une bonne tenue malgré les divisions, le champion de l’équilibre de l’échiquier se doit d’affiner sa stratégie, surtout après le désistemen­t de Youssef Chahed en réponse à l’appel télévisé de Ghannouchi.

Quelles que soient les candidatur­es pour 2019, où donc irat-on cherché les forces populaires moderniste­s ? Et qui conduira ces batailles électorale­s qui, démocratie oblige, arrivent à grands pas derrière le rideau du consensus ? C’est au congrès de Nida Tounès qu’il faut poser la question. Et d’abord aux personnali­tés de l’avant-scène qui contrôlent le jeu politique.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia