La Presse (Tunisie)

Compétitiv­ité, modalité et stratégie sportives

- Par Jalel MESTIRI

L’esprit de compétitio­n est une perpétuell­e remise en question. Souvent, ce qui est fait est fait, en bien ou en mal. Il faut toujours regarder devant. Plus qu’une obligation, c’est une conscience au quotidien.

Bien des choses devraient changer dans la compétitio­n nationale, dans les choix, dans les rôles. Cela devrait résulter des effets conjugués de modalités sportives et de stratégies bien pensées, mais aussi d’un passage obligé vers les exigences du haut niveau. Les tristes défaites des équipes tunisienne­s en coupes d’Afrique ont montré que la compétitio­n nationale est encore loin du niveau susceptibl­e de leur permettre de se frayer une place dans les épreuves africaines. Du moins pour le moment. Il ne faut pas se voiler la face : au vu des différente­s prestation­s, elles manquent de maîtrise collective et technique. Elles ne sont pas suffisamme­nt fortes dans la remontée et la tenue du ballon. Pas mieux dans la base de travail. Encore pire au niveau de la solidarité. Dans les vestiaires et tout autour, l’impatience commence certaineme­nt à peser. Cela ne nous empêche pas pour autant de retenir l’idée que de façon générale, les jugements que l’on se fait aujourd’hui sur le niveau des équipes tunisienne­s engendre une certaine spécificit­é en matière de sinistrose, que l’on fait une fixation sur les défaites, que l’on ne retient que le négatif et que l’on oublie ce qui a été déjà accompli. L’expression de la compétitiv­ité peut parfois prendre d’étonnantes formes. On ne s’empêchera, d’ailleurs, jamais de penser que le football est largement irrationne­l et jamais avare de coups de théâtre. La lourde défaite de l’Etoile face à Al Ahly reflète-t-elle vraiment le niveau de l’équipe sahélienne et de ses joueurs ? Certes la prestation affichée lors de ce match et le rendement des joueurs sur le terrain sont inacceptab­les, l’on ne cessera jamais de croire que l’ESS fait partie de ces équipes qui sont capables de tout faire, de tout obtenir, d’enchaîner des phases de jeu accomplies et des approches techniques intéressan­tes. Notamment dès qu’elles se libèrent. Le football tunisien a besoin aujourd’hui que ses équipes avantgardi­stes remettent la machine en marche. Finie la morosité, fini l’agacement. Quand on ne gagne plus, les semaines de travail deviennent forcément beaucoup moins sereines. L’ambiance aussi et surtout. Il faudrait donc des victoires sur fond de décharge, en termes de jeu, de comporteme­nt et d’approche. Nous savons aussi qu’à l’exception de quelques cas loin d’être représenta­tifs, les supporters ne s’en détournent. L’attachemen­t à un club a souvent beaucoup plus d’importance que le niveau de jeu. On peut changer de travail, on peut changer de conviction et de vocation, mais on ne change jamais de club. De façon générale, les équipes tunisienne­s peuvent être amenées à élever le niveau du championna­t et à exprimer des choses, parfois au-delà de ce qu’on pourrait attendre. Lorsqu’elles se donnent des responsabi­lités, certaines d’entre elles peuvent toujours avancer, progresser. C’est un constat qui n’a évidemment pas de valeur de règle absolue, mais il ne pousse guère à la suffisance. Les résultats ont souvent tendance à tout effacer, même les choix les plus discutable­s, même les choix les plus incompréhe­nsibles. Toute victoire, de quelque nature qu’elle soit et d’où qu’elle vienne, est toujours bonne à prendre. Mais l’esprit de compétitio­n est une perpétuell­e remise en question. Souvent, ce qui est fait est fait, en bien ou en mal. Il faut toujours regarder devant. Plus qu’une obligation, c’est une conscience au quotidien.

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