2011/ 2016 : les années noires de l’Unft
L’Unft a été créée en 1956, soit à l’aube de l’Indépendance. Son histoire traduit la nette corrélation entre la volonté d’un peuple à briser les chaînes coloniales et celles d’un modèle sociétal purement patriarcal. La genèse de l’Unft n’a pas été contestée par une société à dominante conservatrice. La modernisation naissante, la libération de la femme et son émancipation rimaient, en effet, avec la volonté confirmée de se conformer à l’esprit bourguibiste. Cependant, c’est en 2011, soit cinquante-cinq ans après, que le spectre du dogmatisme avait montré le bout de son nez dans une société déstabilisée par un esprit destructeur et rétrograde. L’Unft a été l’une des principales cibles d’un courant antiféministe par excellence. La séance plénière de la première journée du 14ème Congrès de l’Unft a été l’occasion pour revenir sur les différentes tentatives de destruction de l’une des organisations phares du militantisme féministe qu’est l’Unft via la projection d’un film documentaire retraçant la crise, la résistance et la victoire de la femme tunisienne. En effet, l’instauration du décret 88 réglementant le tissu associatif a été infligé à l’Unft telle une sentence, la délestant de ses droits aux subventions de l’Etat. Parallèlement, les ligues de protection de la révolution avaient tiré profit de la fragilité financière et juridique de l’Unft pour mettre la main sur quinze locaux lui appartenant. Face au gel des comptes bancaires et administratifs, à l’absence d’une source de financement, au saccage des locaux ainsi qu’à la non-reconnaissance de la légitimité du bureau exécutif élu dans le cadre d’un congrès exceptionnel de sauvetage, l’Unft n’avait d’autre alternative que de militer sans relâche pour survivre. Trois ans après, l’heure était venue de passer à la vitesse supérieure afin de pousser les sourdes oreilles à écouter la voix de la vérité et de la justice: des sit-in, une grève de la faim et une lutte acharnée pour décrocher une réhabilitation gouvernementale légitime ont été effectués sans pour autant laisser au pied du mur les obligations nationales et patriotiques d’une organisation militante par définition. Ce n’est qu’en mai 2016 qu’un décret exceptant l’Unft de se soumettre au décret 88 a été prononcé, annonçant ainsi les prémices d’un soulagement tant attendu. Aujourd’hui, le mérite de l’Unft en tant qu’organisation nationale a été rétabli. Le congrès de la construction s’annonce de bon augure.