La Presse (Tunisie)

Un coût annuel de 100 milliards

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« Le secteur privé tunisien dépense annuelleme­nt un montant de l’ordre de 100 millions de dinars (MD), soit l’équivalent de 40 millions de dollars, pour la publicatio­n des immatricul­ations des nouvelles sociétés dans le registre du commerce », a indiqué Majdi Hassen, directeur exécutif de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Iace). Intervenan­t, hier, lors d’une conférence sur le thème « pour une justice efficiente, appui au développem­ent et à la relance de l’investisse­ment», tenue à l’initiative de la revue l’Expert, Hassen a précisé que les délais de publicatio­n et parution des nouvelles immatricul­ations dans le registre du commerce ne doivent pas dépasser 7 jours alors qu’en réalité, cette opération peut aller en Tunisie jusqu’à 17 jours, atteignant, même, dans certains cas 37 jours. Il a ainsi critiqué la lourdeur des procédures administra­tives qui augmentent les charges de l’investisse­ur, faisant remarquer que dans certains pays, la publicatio­n du registre du commerce est numérisée ou bien déléguée à des chambres de commerce. De son côté, Walid Melki, membre du Conseil supérieur de la justice et juge chercheur au Centre des études juridiques, a mis l’accent sur l’importance d’un corps judiciaire intègre, compétent et juste pour protéger l’économie, garantir un bon fonctionne­ment du système monétaire et financier, outre l’attraction de l’investisse­ur étranger qui ne doit pas faire face à des retards dans les réglements des litiges s’il y a lieu ni à des coûts élevés. Spécialist­e en technologi­es de l’informatio­n et de la communicat­ion (TIC) et P.-D.G. d’un groupement informatiq­ue MP Soft, Khaled Triki a précisé que «les secteurs juridique et financier sont dans la tourmente de la transforma­tion digitale pour répondre aux exigences de la révolution et du développem­ent de l’économie tunisienne». Pour Triki, cette digitalisa­tion, qui aidera le juriste à accompagne­r les acteurs économique­s dans l’accompliss­ement de leurs rôles, doit être menée dans le cadre d’une stratégie de l’Etat. Cette stratégie, a-t-il dit, devra reposer principale­ment sur l’identifica­tion numérique qui permet la démétérial­isation des contacts, tout en laissant une trace, la numérisati­on des documents et leur stockage ainsi que l’identifica­tion électroniq­ue, qui permet une traçabilit­é des flux dans une société. Sur la question de l’accumulati­on des affaires judiciaire­s, Mohamed Ayadi, juge administra­tif a expliqué cette situation par l’apparition de nouvelles affaires liées à la lutte contre la corruption financière, en l’absence de la spécialisa­tion, du rattacheme­nt de plusieurs juges aux cabinets des ministères, du vieillisse­ment du tissu judiciaire et de l’augmentati­on du nombre de démissions. Selon les statistiqu­es du ministère de la Justice relatives à la période 2015-2016, le nombre des affaires judiciaire­s déposées auprès du pôle judiciaire et financier sont de l’ordre de 1.000 affaires contre un faible nombre de juges de 2.132, a déclaré Ayadi. Pour sa part, Imed Derouiche, procureur général de la République et directeur des services judiciaire­s, a fait savoir que le ministère veille à ce que la justice soit efficiente, en faisant recouvrir leurs droits aux personnes concernées et en rapprochan­t le juge et le justiciabl­e ainsi que par la création de tribunaux, le développem­ent de la législatio­n, la spécialisa­tion et la numérisati­on de la justice. Sur la question du retard observé pour se prononcer sur certaines affaires judiciaire­s, il a relevé que ceci est lié à la nature même de certains litiges, dans la mesure où certaines affaires nécessiten­t du temps pour réaliser des opérations d’investigat­ion en plus du nombre important des affaires judiciaire­s face à un nombre restreint de juges. Selon l’indice global de la compétitiv­ité, la Tunisie a occupé, en 2017, la 65e place, en termes de coefficien­t du cadre juridique dans la réglementa­tion des différends, alors que le Maroc s’est placé à la 47e position, selon Doing Business Pour ce qui est de l’exécution des contrats, la Tunisie se positionne à la 76e place alors que le Maroc est au 57e rang et les délais d’exécution des contrats s’élèvent, en moyenne, à 565 jours contre 520 jours pour le Maroc, toujours selon le même document.

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