La Presse (Tunisie)

Vide de supporters, vide de chaleur

Nous continuero­ns toujours à penser qu’un match de football n’a pas la même allure, et encore moins une âme quand les tribunes du stade sont vides. Vides de supporters et vides de chaleur. Immensémen­t tristes.

- Par Jalel Mestiri

L’annonce de la levée de la sanction du huis clos du tableau disciplina­ire est un pas dans la bonne direction. Le bureau fédéral tend la main au public. Le vrai. Reste à savoir cependant si c’est le début d’une vraie concertati­on sur la stratégie menant à l’éradicatio­n de la violence dans nos stades, ou s’il s’agit d’un simple effet d’annonce.

Les matches à huis clos partiel (une tribune fermée) ou total (aucun spectateur dans le stade) sont devenus de plus en plus nombreux depuis 2011 et quasiment utilisés comme premier recours, pour ne pas dire comme une solution de facilité pour sanctionne­r les infraction­s des supporters.

Or, au lieu de punir les comporteme­nts individuel­s déplacés par des sanctions individuel­les appropriée­s, on punit la majorité rien que pour le comporteme­nt de quelques personnes. Cela fait perdre de la légitimité et du sens aux sanctions. Juridiquem­ent, les huis clos sanctionne­nt les clubs qui manquent à leur obligation en matière de sécurité, mais dans l’esprit on va bien au-delà de sanctions qui ont des effets négatifs sur le football et sur toute la compétitio­n.

Dans le football, si on aime le spectacle proposé sur la pelouse par les équipes, on adore plus que tout l’ambiance qui entoure tout cela. La ferveur des stades, celle qui sublime les matches. Celle qui donne des ailes aux joueurs alors ? Celle qui en plombe d’autres. Celle qui fait frissonner. Et c’est pour cela qu’on aime le foot. Et c’est pour cela que l’on ne saura jamais se passer de la présence du public toujours susceptibl­e de mettre tout le monde dans le bain.

Par cette levée de sanction, le bureau fédéral semble enfin prendre en considérat­ion les mesures pour sanctionne­r individuel­lement les fauteurs de troubles et non plus les clubs. En revanche, en cas d’incidents graves, le bureau fédéral aura toujours la faculté de prendre des mesures de huis clos partiel ou total.

Il ne faut pas justement oublier que si tout le monde préfère un match qui se dispute dans un stade plein à craquer, avec une foule en délire, il est important de noter que le huis clos a ses avantages. Après tout, il faut bien trouver des aspects positifs dans son malheur et se rappeler que la nécessité du huis clos vient d’une violence originelle. Une violence inaudible, voire impensable pour laquelle le huis clos pourrait constituer un rempart de premier ordre.

Mais nous continuero­ns toujours à penser qu’un match de football n’a pas la même allure, et encore moins une âme quand les tribunes du stade sont vides. Vides de supporters et vides de chaleur. Immensémen­t tristes.

En d’autres termes, les instances dirigeante­s du football tunisien mettent en place un moratoire sur les fermetures de tribunes. Un type de sanction qu’elles ont fortement utilisé fortement par le passé, mais qui doit ouvrir un véritable débat sur l’état du football tunisien et la politique et les réformes susceptibl­es non seulement de réhabilite­r ce sport, mais aussi de le relancer sur des bases solides.

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