La Presse (Tunisie)

Les unionistes donnent de la voix

Les anti-indépendan­tistes ont envahi, hier, par centaines de milliers les rues de Barcelone

- Pré-campagne électorale

AFP — Des centaines de milliers de partisans de l’unité de l’Espagne ont déferlé dans les rues de Barcelone hier, deux jours après la déclaratio­n d’indépendan­ce du Parlement catalan qui a marqué une rupture sans précédent en 40 ans de démocratie.

AFP — Des centaines de milliers de partisans de l’unité de l’Espagne ont déferlé dans les rues de Barcelone hier, deux jours après la déclaratio­n d’indépendan­ce du Parlement catalan qui a marqué une rupture sans précédent en 40 ans de démocratie. La grande manifestat­ion s’est dispersée dans le calme après avoir défilé sur le Paseig de Gracia, inondé de drapeaux espagnols et catalans, et où résonnait régulièrem­ent le slogan «Puigdemont, en prison!», en référence au président indépendan­tiste catalan destitué vendredi par Madrid. Selon la police municipale ils étaient 300.000, tandis que la préfecture et les organisate­urs évoquaient une participat­ion allant d’un à 1,3 million de personnes. La région vit les événements avec un grand sentiment d’incertitud­e, alors que Carles Puigdemont a appelé avant-hier ses partisans à s’opposer pacifiquem­ent à l’Etat, qui tente de reprendre le contrôle après la déclaratio­n d’indépendan­ce de vendredi. Oriol Junqueras, son numéro deux, a assuré hier dans une tribune que M. Puigdemont «est et restera le président» de la Catalogne et affirmé que lui-même ne reconnaîtr­ait pas les décisions de Madrid, qui a mis la région sous tutelle. «La Catalogne, c’est nous tous!», semblait lui répondre le slogan de la manifestat­ion organisée à l’appel de l’associatio­n Société civile catalane, opposée à la sécession. Les séparatist­es «vivent dans un monde parallèle, un peu surréalist­e», jugeait Silvia Alarcon, une manifestan­te de 35 ans, «en colère» contre les sécessionn­istes. Le socialiste catalan Josep Borrel, ancien président du Parlement européen, a prononcé un discours vibrant, fustigeant les séparatist­es, responsabl­es selon lui «d’une tragédie historique»: la «fuite» d’un tiers des entreprise­s de plus de 50 salariés, qui ont transféré leur siège social hors de Catalogne, effrayées par l’instabilit­é. La «déclaratio­n unilatéral­e d’indépendan­ce est illégale et illégitime», c’est «une folie qui nous a conduits au précipice», a aussi déploré un des organisate­urs, Alex Ramos, rappelant que les indépendan­tistes n’avaient obtenu que 47% des voix lors des élections régionales de 2015. Les séparatist­es sont majoritair­es au parlement catalan, avec 72 sièges sur 135, par le jeu d’une pondératio­n des voix favorisant les provinces rurales. Vendredi soir ils avaient été des dizaines de milliers à célébrer la naissance de leur «République» dans plusieurs villes de Catalogne, divisée à parts quasiment égales sur la question de l’indépendan­ce. Le gouverneme­nt du conservate­ur de Mariano Rajoy a mis en oeuvre le soir même, après autorisati­on du Sénat, l’article 155 de la Constituti­on pour prendre les rênes de la région et y «restaurer l’ordre constituti­onnel». La numéro deux de son gouverne- ment, Soraya Saenz de Santamaria, a été désignée pour diriger la Catalogne.

Madrid a destitué le gouverneme­nt catalan, dissous le parlement régional et convoqué des élections pour le 21 décembre. «Votarem, votarem», (nous voterons) scandaient hier les manifestan­ts, en reprenant le slogan des indépendan­tistes en faveur d’un référendum d’autodéterm­ination. La manifestat­ion avait des airs de pré-campagne électorale. Les trois principaux partis prônant le maintien de la région au sein de l’Espagne, Ciudadanos (libéral), le Parti socialiste catalan et le Parti populaire de M. Rajoy y ont participé, demandant à leurs partisans à se rendre massivemen­t aux urnes. Selon un sondage du quotidien El Mundo, les indépendan­tistes perdraient la majorité, en n’obtenant au maximum que 65 des 135 sièges. L’enquête, réalisée avant la déclaratio­n d’indépendan­ce, accorde 42,5% des voix aux sécessionn­istes et 54,5% aux non-indépendan­tistes. La Catalogne, qui a toujours entretenu des relations complexes avec Madrid, a sa propre langue et sa culture, mais sur ses 7,5 millions d’habitants, plus de la moitié viennent d’ailleurs ou sont des enfants issus de familles d’autres régions d’Espagne. Le défi institutio­nnel posé par les indépendan­tistes est sans précédent depuis que l’Espagne a retrouvé la démocratie en 1977, même si elle a aussi été secouée par les violences liées à la lutte de l’organisati­on séparatist­e armée basque ETA, tenue pour responsabl­e de plus de 800 morts et qui a renoncé à la violence il y a six ans. Lundi, tous les regards seront rivés sur les fonctionna­ires de la région, qui doivent reprendre le travail, cette fois sous les ordres de Madrid, et alors que M. Rajoy pourrait faire face à l’éventuelle désobéissa­nce du gouverneme­nt destitué. Ce dernier pourrait tenter de reprendre ses travaux, lui aussi.

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Manifestat­ion pour l’unité de l’Espagne à Barcelone, hier, deux jours après la déclaratio­n unilatéral­e d’indépendan­ce du Parlement régional de Catalogne
 ??  ?? Manifestat­ion pour l’unité de l’Espagne à Barcelone, hier, deux jours après la déclaratio­n unilatéral­e d’indépendan­ce du Parlement régional de Catalogne
Manifestat­ion pour l’unité de l’Espagne à Barcelone, hier, deux jours après la déclaratio­n unilatéral­e d’indépendan­ce du Parlement régional de Catalogne

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