La Presse (Tunisie)

La nourriture comme «arme de guerre»

En raison de la poursuite du conflit, sept millions de personnes sont menacées de famine et 17 millions, soit 60% de la population, souffrent d’insécurité alimentair­e

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AFP — Au-delà des raids aériens, des combats au sol et des blocus portuaires, la nourriture est utilisée comme «arme de guerre» au Yémen, a estimé hier une responsabl­e de l’ONU, alors que des millions de civils risquent la famine. «Le Yémen est au bord de la famine, le choléra aggrave une crise alimentair­e dramatique et la nourriture est utilisée comme arme de guerre», a déclaré Elisabeth Rasmussen, directrice adjointe du Programme alimentair­e mondial des Nations unies, lors d’une conférence sur l’aide au Yémen organisée à Riyad. Le conflit au Yémen oppose les rebelles houthis au gouverneme­nt du président Abd Rabbo Mansour Hadi. Il a fait plus de 8.650 morts et quelque 58.600 blessés depuis mars 2015, date à laquelle une coalition militaire dirigée par l’Arabie Saoudite est intervenue contre les Houthis, soutenus par l’Iran. En raison de la poursuite du conflit, sept millions de personnes sont menacées de famine et 17 millions, soit 60% de la population, souffrent d’insécurité alimentair­e. Depuis avril, 2.100 autres personnes sont mortes du choléra, les hôpitaux n’obtenant pas de médicament­s en raison des blo- cus portuaires et d’un embargo aérien. Les parties en conflit sont accusées de ne pas protéger les civils dans ce que l’ONU a qualifié de «pire crise humanitair­e du monde». La coalition dirigée par les Saoudiens, qui contrôle l’espace aérien du Yémen et certains ports, a été ajoutée ce mois-ci à une liste noire de l’ONU dénonçant les pays et les parties commettant lors de conflits des exactions contre les enfants. Les routes d’accès à la capitale yéménite Sanaa sont contrôlées par les Houthis et leurs alliés, les partisans de l’ancien président Ali Abdallah Saleh. Les agences humanitair­es ont averti que la fermeture de l’aéroport de Sanaa entrave la livraison d’aide qui doit maintenant transiter par le port de Hodeida (ouest), sur la mer Rouge. «Toutes les parties au conflit doivent fournir un accès humanitair­e sûr, rapide, sans entrave et durable aux personnes dans le

besoin, à travers tous les ports et aéroports, en particulie­r le port de Hodeida et l’aéroport de Sanaa, ainsi que par la route», a déclaré à Riyad Mark Lowcock, responsabl­e des affaires humanitair­es de l’ONU. «Les parties qui contrôlent Sanaa privent régulièrem­ent d’accès les agences humanitair­es et ont arbitraire­ment retardé ou refusé des dizaines de demandes d’entrée du personnel humanitair­e dans le pays», a dit M. Lowcock qui vient d’effectuer une visite au Yémen.

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