La Presse (Tunisie)

Une surdouée du piano

C’est la première fois que le Maroc participe à l’Octobre musical de Carthage. Une bonne initiative de la part de cette manifestat­ion qui propose un large panel de musique classique. Outre les traditionn­els pays européens réputés pour ce genre de musique,

- Neila GHARBI

Le premier concert marocain a été animé par la pianiste Nour Ayadi. Le deuxième concert a été donné, mercredi dernier à l’Acropolium dans le cadre de la 23e édition de l’Octobre musical de Carthage, par la jeune prodige de 19 ans Aida Lahlou, qui poursuit actuelleme­nt ses études à la célèbre Yehudi Menuhin School en Angleterre dans la classe de Marcel Baudet. Le concert en deux parties a révélé une artiste de grand talent qui a su séduire l’assistance, malheureus­ement peu nombreuse, avec un programme de morceaux choisis de Beethoven, Chopin, Ravel et Scriabine. Dans sa robe couleur saumon dénudant ses épaules, la jeune pianiste a fait danser à souhait les noires blanches sans se référer à la partition. Les notes sont logées dans sa mémoire gravées à jamais. Sonate op.13 «Pathétique» : grave, allegro con brio, adagio, cantabile et allegro assai de Beethoven. Une sonate en trois mouvements est un jeu de clair-obscur et de dualité. Il s’en dégage quelque chose de magistral et de solennel avec tous les accords compliqués qu’elle renferme. Après Beethoven, c’est l’illustre pianiste Chopin et sa Bal- lade n°1 en sol mineur que Aida Lahlou met en valeur les notes tout en rythme et en musicalité. La pianiste excelle aussi dans une autre architectu­re musicale. Ravel et son ensemble Les Miroirs, composé de cinq pièces : Noctuelles, Oiseaux tristes, une Barque sur l’océan, Alborada Del Gracioso et la Vallée des cloches qu’elle a exécutées par coeur sans recourir à une partition. La Barque sur l’océan s’affirme par l’évocation d’images visuelles et d’ambiance, comme à travers un miroir. C’est une musique fluide et sensible, au rythme souple, construite à l’instar d’une barque qui évolue au rythme des vagues, tantôt soulevée, tantôt bousculée et presque renversée, puis elle retrouve son calme avant de se retrouver à nouveau emportée, roulée. Composée en 1903, en deux mouvements, la sonate n°4 en Fa dièse majeur marque la période transitoir­e de Scriabine, déjà très impliqué dans la philosophi­e. Son exécution dure à peu près huit minutes. Scriabine décrivait cette oeuvre par : «Le vol de l’homme vers l’étoile, symbole du bonheur». Il s’agit d’une compositio­n heureuse, sans tourments ni dépression que nous transmet Aida avec bonheur. Le public plus que ravi lui consacre une belle ovation.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia