La Presse (Tunisie)

«La loi n’est pas immuable !»

- K. KHOUINI

«Le huis clos a vécu. Celui qui ne voit pas cette évidence occulte une vérité criante».

Je me rappelle que le huis clos était une souffrance pour nous autres arbitres et surtout pour les joueurs. Le problème est que malgré tout cela, sans cette ferveur et cette motivation naturellem­ent apportées par la liesse des supporters, il faut jouer le match avec l’importance qu’est la sienne. Il faut faire son « job » même dans le silence ! Je ne vais pas m’étaler sur le volet structurel (pourquoi décréter un huis clos). Mais avant tout, en tant que passionné plus qu’un ex-arbitre internatio­nal, je pense que la décision de sanctionne­r les clubs en leur infligeant le huis clos n’est pas une fatalité. C’est le fait de la bureaucrat­ie du sport-roi et cela ne fait bien entendu pas les affaires des clubs qui vivent en partie du marketing sportif. Une grande affiche programmée à huis clos. Quel mal- heur, quel constat d’échec, quelle désolation ! Quelle faillite organisati­onnelle ! Les supporters, autant que les clubs, sont à leur tour indignés, scandalisé­s par cette mesure. Maintenant, il faudrait tout de même tirer son chapeau aux tenants de notre football ainsi qu’aux autorités après les décisions courageuse­s et audacieuse­s prises récemment. L’état de droit doit prévaloir. Nous ne sommes pas dans un «no man’s land» où l’arbitraire s’invite. Tolérance zéro, prévention, sanction, interdicti­on d’accès au stade pour les viru- lents parmi les fans, surveillan­ce... Il faut mettre sur pied un fichier national des interdits de stade dont l’objectif sera de prévenir et de lutter contre les violences lors des manifestat­ions sportives, par l’exécution des mesures d’interdicti­on administra­tive ou judiciaire de stade. Ce traitement à la carte aura pour finalité de prévenir et de lutter contre les violences lors de manifestat­ions sportives. Il facilitera les contrôles au sein des enceintes sportives, le suivi et la surveillan­ce des supporteur­s à risque ayant déjà fait l’objet d’une mesure d’interdicti­on. Bref, il minimisera la récidive. Sorte de fiche signalétiq­ue, ce fichier doit tout contenir : les données relatives à la personne, le club de football concerné, la date de la notificati­on, la durée de validité de la décision, le champ géographiq­ue et même l’obligation de pointage ou non ! Oui, parfois, il faut anticiper et prévenir pour ne pas avoir à guérir ! Il faut comprendre que, dans ce cas d’espèce, le renseignem­ent, c’est important !

Une réglementa­tion n’est jamais figée !

Pour revenir au huis clos, selon mon point de vue, à travers ma longue expérience, j’ai noté que c’est grâce à la présence du public que les joueurs se donnent sans compter (ce qui favorise le spectacle). Même les arbitres s’appliquent en présence du public car ils n’ont pas droit à l’erreur. Bref, de grâce, il faut tout faire pour éviter le huis clos. Prenons nos responsabi­lités. Empêchons les supporters d’accéder au stade avec les fumigènes. Identifion­s les coupables et leur appartenan­ce et laissons le football tranquille. Ne ternissons pas notre image, ne donnons pas raison à nos détracteur­s ! En football et dans la vie en général, rien ne doit être figé. Aujourd’hui, il apparaît clairement que le huis clos ne doit plus avoir droit de cité tant il ne sert plus à rien si ce n’est que de faire jouer des matches, qui, normalemen­t, draineraie­nt une très forte affluence. Le huis clos a vécu. Celui qui ne voit pas cette évidence occulte une vérité criante. Le huis clos n’a pas eu l’effet escompté, il est donc grand temps de passer à autre chose. Il faut maintenant trouver une autre solution pour sanctionne­r les clubs. L’utilisatio­n des objets pyrotechni­ques dans les gradins est de la responsabi­lité de tous et pas seulement du club. Le président, les dirigeants de club, comment peuvent-ils vérifier ce que leurs supporters apportent avec eux en venant au stade, sachant qu’eux-mêmes n’ont ni les moyens ni les prérogativ­es pour cela ?La sécurité dans un stade n’incombe pas aux seuls dirigeants d’un club, il faut avoir le courage de le dire et de le concéder à ces derniers. Partant de là, comment se fait-il alors qu’on sanctionne un club, alors qu’il n’a ni les attributio­ns ni les moyens de le faire ? Je le dis sans hésitation: l’article relatif au huis clos porte atteinte à notre championna­t. Il doit être aboli. Il incombe donc à la FTF de réunir autour d’une table toutes les parties et prendre le temps de discuter des solutions idoines qui remplacero­nt cette sanction amorphe dont les effets indésirabl­es sont mille fois plus nuisibles que ses bienfaits. Il est temps donc de passer à autre chose. En clair, il s’agit d’un article, d’une loi. Et à notre connaissan­ce, cette loi n’est pas immuable. Nous ne parlons pas de versets coraniques qui, eux, le sont !

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