«Les fauteurs ne passeront pas !»
Ahmed Zitouni a été un acteur de premier plan lors de la fameuse campagne méditerranéenne 1971 à Izmir et de celle de la coupe arabe des nations 1973 à Tripoli. L’ancien latéral de charme du Club Africain ne trouve pas vraiment de raisons d’espérer. «Personnellement, je n’y crois pas trop. Le phénomène de la violence me parait difficile à éradiquer car on a affaire à des gens qui n’abdiqueront jamais. Ce qu’ils ne peuvent pas faire en dehors d’un terrain, ils le font dans un stade.Les fauteurs de troubles font la loi. Que voulez-vous, ils se fichent pas mal des intérêts du club qu’ils prétendent encourager. Ce faisant, ils prennent le foot en otage. Pourtant, il n’ y pas que les jets de pierres, les fumigènes, les batailles rangées....Il faut également montrer à la télé un message positif, ce qui se passe à l’étranger, les gens qui applaudissent leur équipe, également quand elle perd. Les dirigeants sont en grande partie responsables de la situation à laquelle nous sommes arrivés. La fédération aussi quand elle se montre laxiste et accorde une injustifiable grâce, une indulgence de mauvais aloi» .
«Le mal est beaucoup plus profond»
«Les valeurs ont totalement changé. De mon temps, tirer par le maillot un adversaire qui m’échappe me paraissait une infamie. Notre président feu Azouz Lasram nous a éduqués dans ces valeurs-là. Non, le mal est beaucoup plus profond, notre football ne donne plus de plaisir. Je préfère me rabattre sur le spectacle du foot européen. Où sont passés les grands joueurs tunisiens d’antan ? En veux-tu en voici: les centres ratés, les gestes les plus élémentaires manqués, les buts tout faits jetés au vent constituent le spectacle auquel nous convient les millionnaires, voire les milliardaires de notre football. Le week-end, je préfère aller au café pour une partie de belote et me gaver de beau jeu offert par les championnats européens. Que l’on permette aux abonnés d’aller au stade les jours de sanction de leur club ne changera pas la substance. La violence dans les stades l’emportera toujours».