La Presse (Tunisie)

«Renforcer le dialogue et la sensibilis­ation»

- Amor BACCAR

«J’ai toujours été contre les solutions de facilité qui, de surcroît, coûtent très cher à tout le monde, notamment à la trésorerie des clubs. Le huis clos en Europe est une pratique bannie depuis belle lurette. Aucune partie ne doit payer pour un délit commis par une autre. Sinon on va tout droit vers la consécrati­on de l’injustice et de l’intolérabl­e. A mon avis, il faut s’inspirer de l’expérience européenne en matière de sanction des écarts de conduite et de l’hooliganis­me dans les stades. La mesure disciplina­ire ou la punition ne doit toucher que la ou les personnes qui ont été les auteurs des forfaits répressibl­es. Aujourd’hui, les autorités et les agents de l’ordre ont tous les moyens modernes pour déterminer, sans risque de se tromper, les malfaiteur­s dans un stade ou autour d’un stade. Il est donc inadmissib­le de faire porter le chapeau à des parties qui ne sont pas incriminée­s telles que les clubs qui ne doivent nullement payer les pôts cassés par leurs supporters. Encore faut-il prouver que les hooligans sont bien les supporters de tel ou tel club. En effet, des actes de sabotage ne sont pas exclus dans ce genre de choses. Un énergumène peut s’infiltrer dans la foule de supporters d’un club sans pour autant être le supporter de ce club et commettre un délit qu’on mettra, par la suite, sur le dos de ce club. C’est qu’un supporter qui aime vraiment son club ne le conduit jamais à une sanction lourde de conséquenc­es, notamment financière. Il y a plusieurs moyens de sanctionne­r des Ultras qui n’hésitent pas à enfreindre la loi et à commettre leurs actes de barbarie tout en prenant en otage «leur» club et les joueurs portant ses couleurs. Mais on peut agir en amont et avant de penser à la sanction adéquate, il faut tout d’abord assainir l’environnem­ent du football en Tunisie par le renforceme­nt du dialogue entre les responsabl­es et les joueurs d’une part et les supporters d’une autre. La sensibilis­ation et l’implicatio­n des supporters, toutes franges comprises, est nécessaire. Il faut réapprendr­e à ces supporters ce qu’est le comporteme­nt modèle dans un stade et comment on doit se conduire envers l’adversaire et les équipement­s du stade en cas de défaite quel que soit l’enjeu. Je sais que c’est difficile de réussir dans cette approche, surtout que les jeunes sont dans la tourmente particuliè­rement depuis la surve- nance de la révolution. Mais on doit essayer et réessayer jusqu’à ce qu’on aboutisse à améliorer les choses. J’espère qu’avec la qualificat­ion de notre équipe nationale pour la phase finale de la Coupe du monde, tout ira pour le mieux par la suite. Ce genre d’événement ne peut qu’être bénéfique pour notre football et pour ses amateurs. Par ailleurs, il faut que nos joueurs et nos responsabl­es ne parlent plus de l’arbitrage même en cas d’erreurs flagrantes. J’ai été joueur profession­nel en Suisse pendant de longues années et je n’ai jamais entendu un joueur ou un responsabl­e accuser un arbitre par peur d’être sévèrement puni par la réglementa­tion de ce pays. Il faut donc sévir et en même temps réconcilie­r toutes les parties avec le respect mutuel».

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