La Presse (Tunisie)

«Le Mondial 78, un mauvais souvenir…»

- Karray BRADAI

Il se définit comme «l’anti-vedette» par excellence, quoiqu’il soit un leader-né, une sorte d’antihéros. Dans les cages de l’Etoile Sportive du Sahel, il a pris la relève d’un certain gardien Ajroud. Parti de Grombalia, il était aligné comme attaquant, avant de changer de poste comme gardien de but, et ce, par passion pour le légendaire Kanoun et aussi pour le gardien de Grombalia, Abderrazak Ben Aziza. On voyage dans le football des années 1970 et 1980 avec le golden boy Lamine Ben Aziza, l’ange-gardien de l’ESS, du CSHL et de l’équipe de Tunisie. «J’ai beaucoup appris du fameux gardien de Grombalia Sport Abderrazak Ben Aziza», avoue Lamine Ben Aziza. «J’étais attaquant à mon jeune âge, mais le jour où j’ai signé ma première licence avec Grombalia Sport, je suis devenu gardien en raison de ma grande admiration pour le légendaire Kanoun et aussi pour notre gardien senior, Ben Aziza, qui m’a appris toutes les techniques du bon gardien. Je vous souligne qu’avec mon frère Raouf, nous avons dominé les catégories minimes et cadets. Nous avons réussi à battre le ST et le COT avant d’être battus en finale face au SRS. J’étais le meilleur joueur de mon équipe. J’ai arrêté plusieurs tentatives des attaquants adverses. Je vais vous souligner que lorsque j’ai signé une licence minimes avec Grombalia Sport, mon père était à cette époque le président de ce club. Et il n’était pas au courant que j’étais signataire dans ce club avec mon frère Raouf. Mais ma vie a changé de cap lorsque les dirigeants étoilés ont apprécié mes qualités dans un match de coupe face au ST et ont demandé à mon père de signer à l’ESS. Il leur a dit de recruter aussi mon frère Raouf sinon tous les deux resteraien­t à Grombalia Sport. En 1970, je suis devenu étoiliste sous la conduite de Habib Mougou, entraîneur des juniors. Ce fut le projet des dirigeants étoilés qui voulaient avoir une bonne équipe seniors dans les années à venir. A l’époque, je jouais avec sérieux. Il fallait que je m’impose. Après les séances d’entraîneme­nt avec les jeunes, Abdelmajid Chetali venait pour m’entraîner individuel­lement parce qu’il savait que j’avais des qualités indéniable­s pour être le gardien de l’équipe seniors» .

1972 : le tournant

«En 1972 et au cours d’une finale de coupe de Tunisie face au CA, notre gardien Ajroud a commis deux gaffes impardonna­bles, suivies des buts clubistes. Chetali a remplacé Ajroud, ce fut ma première apparition avec les seniors en finale de la coupe de Tunisie face au CA. Certes, nous avons perdu sur le score de 2-3. Mais j’ai été à la hauteur. Depuis ce jour-là, je suis devenu le gardien n°1 de l’Etoile. J’étais même appelé en Equipe de Tunisie par Ameur Hizem. Mais pendant cette période, il y a eu de très bons gardiens, à l’instar de Attouga, Dérouiche, Abdallah, Ghazi et Abdelwahed. Ce fut une concurrenc­e royale ». Champion maghrébin, champion de Tunisie, coupe de Tunisie en 1972, tout baignait pour ce golden boy. «Je me souviens de cette revanche face au CA en finale de la coupe de Tunisie remportée par l’ESS 1-0, j’ai été le meilleur joueur de mon équipe en bloquant les tentatives de Khouini» . Mais en championna­t de Tunisie, l’ESS a été battue par l’ASM 0-2 et Lamine Ben Aziza s’est aussi illustré merveilleu­sement. Et après ses deux bonnes prestation­s, il a été convoqué en équipe de Tunisie par Abdelmajid Chatali. «Il ne faut pas oublier que j’étais face à des buteurs de haute classe, tels que Khouini, Akid, Mohieddine, Wada, Chakroun et Chammam. Mon meileur souvenir, ce fut ma convocatio­n en 1978 en Argentine pour prendre part à la Coupe du monde. Mon très mauvais souvenir, ce fut mes 4 buts encaissés face à la JSK à Sousse, ce jour-là, Chetali a décidé de me caser comme 3e gardien derrière Attouga et Naïli qui a pris la place de Ben Hamida. Il faut dire que Chetali a été sévère parce qu’il m’a jugé sur un seul match face à la JSK et aussi, il ne m’a pas réservé une place sur le banc au Mondial 78 où j’étais hors liste. C’était un coup de tonnerre sur ma tête».

L’épisode Leïla Hamada!

«J’étais un assidu du cinéma. Lors d’une visite de l’actrice égyptienne Leïla Hamada à Tunis pour présenter la première sortie de son film au Palmarium, Mme Alia Ben Mrad m’a invité à cette soirée, la chance m’a souri en restant côteà-côte avec Leïla Hamada. On s’est vite côtoyé et on est devenu amis. Et vite, je me suis déplacé au Caire avec ma famille pour les fiançaille­s. Mais, elle a exigé qu’elle se marie en Egypte et qu’elle y reste. C’était impossible pour moi. J’ai rompu avec elle, mais tout en restant amis. Au cours de l’année 1974 et après avoir remporté la coupe de Tunisie, j’ai décidé de quitter l’ESS au profit de l’EST et du CA, en raison de l’indifféren­ce des dirigeants étoilés à notre égard. Rien n’y fit et leurs promesses étaient non tenues. Nous avons rencontré feu Hassen Belkhodja et aussi Hamadi Khouini, pour signer un engagement avec ces deux clubs. Mais au dernier moment, Dr Hamed Karoui a téléphoné au président de l’EST pour lui faire savoir que tout est rentré dans l’ordre. Mais pendant la saison 198081, Habacha a pris les rênes de l’Etoile et il a été très dur à mon égard en me critiquant et tout cela pour titularise­r le gardien Harzallah. Alors, j‘ai pris la décision de quitter l’ESS et rejoindre le CSHL. Retrouvail­les fort réussies avec Témime, Djelassi, Mejri et Raouf mon frère. Avec ce groupe, nous avons réussi à sauver le CSHL de la relégation. J’ai pris ma revanche sur l’ESS et surtout sur Mohsen Habacha, lorsque le CSHL a réussi à battre l’équipe étoilée en championna­t et en Coupe de Tunisie. Ce fut pour moi une grande fierté. Je suis resté cinq ans au CSHL. Je vous souligne que lors de mon mariage, l’ESS a envoyé un bouquet de fleur comme cadeau de mariage. Incroyable mais vrai de la part de l’ESS avec laquelle j’ai joué pendant 8 ans». Lamine Ben Aziza a fait aussi savoir que ses meilleurs entraîneur­s étaient incontesta­blement Chetali, Habib Mougou, Bouabsa et Ameur Hizem… Evoquant le chapitre de l’équipe de Tunisie actuelle, le golden boy du football tunisien a souligné que «le onze national possède 99% de chances pour assurer sa qualificat­ion au Mondial 2018 en Russie, Maâloul a su assurer l’amalgame entre les joueurs locaux et expatriés. Avec quelques réglages, l’équipe de Tunisie sera compétitiv­e pour honorer ses engagement­s au Mondial. Je saisis cette occasion pour remercier la FTF qui a pris la sage décision de lever le huis clos et de refaire revivre le football dans les stades. La balle est maintenant dans le camp des supporters qui doivent être encadrés pour éviter les dérapages. Pour conclure, j’étais vraiment triste par l’éliminatio­n de l’ESS par Al Ahly. Les causes sont multiples et sans revenir au match, il est indispensa­ble de revenir au plus vite à la compétitio­n avec déterminat­ion et reprendre le goût de la victoire pour assurer sa qualificat­ion en Ligue des champions. Ce fut un très mauvais souvenir».

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