La Presse (Tunisie)

Un tourisme atteint de nanisme

- Par Foued ALLANI

Quand

responsabl­es, profession­nels, différents acteurs secondaire­s impliqués et autres citoyens reconnaîtr­ont-ils une fois pour toutes que nous n’avons jamais eu un vrai tourisme, et ce, malgré les immenses potentiali­tés dont jouit notre pays dans ce domaine ? Activité économique basée sur le service, le tourisme a besoin, d’un autre côté, de destinatio­ns à commercial­iser. C’est-àdire un ensemble cohérent de produits touristiqu­es dans un environnem­ent approprié qui constitue un lieu original à visiter et qui donne envie d’y séjourner. Et pour commercial­iser, il faut convaincre, vendre et fidéliser. Et pour convaincre, il faut offrir non seulement un produit original et bien emballé, mais aussi et surtout bien en parler et faire en sorte que ses consommate­urs en disent du bien. Il s’agit d’un délicat process où l’arrivée et le départ occupent une place importante et où le goût final est décisif pour l’avenir de chaque destinatio­n et de chaque produit. C’est la satisfacti­on immédiate et l’impression positive qui vont se poursuivre (arrière-goût). C’est, en quelque sorte, une belle symphonie où il suffit d’un couac pour que toute l’oeuvre s’effondre. D’où, l’importance du profession­nalisme des différents interprète­s, de leur jeu commun et complément­aire et sa fluidité ainsi que du chef d’orchestre. Le tourisme, comme la plupart des activités à base de services, a horreur du bâclé, de l’à-peu-près, des hésitation­s, de l’improvisat­ion, des promesses non tenues, des mauvaises surprises, etc. Car qui dit service, dit produit consommé au moment où on est en train de fabriquer. Le touriste, ne résidant pas dans la destinatio­n achetée, est habité par le souci de ne rien rater de ce que celle-ci offre comme essentiel et incontourn­able. Cela est connu, le touriste voyage pour lui-même et « pour les autres », car il a besoin de raconter ce qu’il a vu, entendu, goûté, fait, acheté, etc., lors de son voyage. Il s’agit là d’un point essentiel et

Le touriste, ne résidant pas dans la destinatio­n achetée, est habité par le souci de ne rien rater de ce que celle-ci offre comme essentiel et incontourn­able. Cela est connu, le touriste voyage pour lui-même et « pour les autres », car il a besoin de raconter ce qu’il a vu, entendu, goûté, fait, acheté, etc., lors de son voyage. Il s’agit là d’un point essentiel et vital pour le process touristiqu­e que bon nombre ont tendance à oublier

vital pour le process touristiqu­e que bon nombre ont tendance à oublier. Le temps du touriste est précieux, il a donc horreur de tout ce qui pourrait gaspiller son temps (bouchons dans la circulatio­n automobile, par exemple). Il a donc besoin, en continu d’activités intéressan­tes, sûres et diversifié­es (matin, après-midi et soir) de préférence selon un programme précis et connu à l’avance et d’un sommeil tranquille et réparateur, avec un seuil minimal de confort à assurer. Il a besoin aussi de séjourner, de se déplacer et de consommer avec la garantie que ces activités se font avec une composante hygiène parfaite et visible. L’hygiène devant être un élément essentiel de chaque destinatio­n et chaque produit et doit être assurée d’une manière rigoureuse quel que soit le standing du séjour acheté.

Le touriste doit par ailleurs avoir la certitude qu’en cas d’accident ou de problème de santé, il sera secouru et pris en charge comme il se doit, techniquem­ent parlant et ne pas avoir de complicati­ons dues aux conditions de ces prestation­s. Le touriste, bien plus que n’importe qui, a horreur d’être floué, escroqué, de subir certains types de chantage et autres mauvaises surprises liées à l’acte d’achat, car il se sent vulnérable en tant que personne de passage et/ou étrangère. Si notre pays regorge d’opportunit­és touristiqu­es, dont de vrais atouts, il souffre, par contre, d’une flagrante incapacité à les transforme­r en bons produits (visites, séjours et consommati­on, etc.). D’où la nécessité de bien étudier ce problème qui a constitué la pierre d’achoppemen­t pour le secteur. Bien sûr que nous avons un Tourisme, mais lorsque nous examinons le secteur comme un tout à la lumière de ces règles, principes et rappels, ainsi qu’à celle des réalisatio­ns d’autres pays de longue tradition touristiqu­e ou bien ceux qui ont réalisé des percées spectacula­ires dans ce domaine, à l’instar de la Turquie et à moindre degré le Maroc, nous constatero­ns que celui-ci est resté nain.

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