Comment réhabiliter le ‘’couffin de la ménagère’’ ?
Il faut mettre nos pas dans ceux des ménagères qui déambulent dans les marchés populaires pour comprendre qu’elles déploient des trésors d’économie pour joindre les deux bouts. Et pour comprendre comment leur rendre la vie plus facile, il faut oser deux m
Elles s’habillent de friperie, on les voit souvent par deux ou trois. Elles déambulent avec une apparente nonchalance au marché de Sidi El Bahri, dans les ruelles des négoces de Bab El Fella et ailleurs et elles ne savent pas qu’elles sont devenues des célébrités car c’est à partir de leur vécu quotidien et de leurs habitudes de consommation pour leurs familles que les analystes économiques ont créé le concept de ‘’couffin de la ménagère’’.
Sidi El Bahri, Bab El Fella...
Ne vous attendez surtout pas à tomber sur des âmes en peine quand vous rencontrez les ménagères. Au contraire, elles semblent enjouées quand Elles bavardent entre- elles, défiant la crise qui gronde, la hausse vertigineuse des prix et la baisse conséquente de leur pouvoir d’achat. Elles étonnent par leur gestion de budget, ne prenant ici que 200 gr de tel produit, et là 500 gr de tel autre... juste ce dont elles ont besoin pour préparer le déjeuner et le dîner de leur famille. Des trésors d’économie dont elles dégagent parfois quelques dinars pour s’arrêter patiemment devant une échoppe de fripier pour choisir un ou deux petits trucs indispensables. Que vous soyez au marché de Sidi El Bahri, au voisinage de Bab El Khadhra, ou à celui de Bab El Fallah diamétralement opposé, de l’autre côté de la ville, ou tout autre marché populaire vers lequel se tournent invariablement les ménagères des classes les moins nanties, vous allez tomber de plus en plus sur d’autres ménagères à l’apparence un peu plus aisée. Elles viennent de cette classe moyenne longtemps considérée comme capable de donner le change à la cherté de la vie mais en vérité de plus en plus appauvrie. Nous n’avons même pas besoin de leur poser des questions car leurs comportements disent absolument tout ce qu’on a besoin de savoir. Par exemple, quand on les voit discuter longuement avec un boutiquier à propos de 500 millimes (la moitié d’un dinar tunisien!!), on comprend immédiatement que leur budget est serré, trop serré sans doute.
Neutraliser les intermédiaires, étoffer le contrôle
Pour comprendre cet indice de serrage sur le couffin de la ménagère, nous nous en sommes remis à l’expertise de Lotfi Riahi, président de l’Otic, qui nous présente immédiatement un chiffre à 3 facettes : ‘’Il y a quelques mois, le couffin de la ménagère revenait à 210 dinars par mois mais, en octobre, il coûtait près de 259 dinars et ceci sans viande, ni fruits, ni eau. Car, si on ajoute ces 3 ingrédients, le couffin s’enflammerait jusqu’à 538 dinars mais, cette fois, quand même sans douceurs (biscuit, chocolat, sodas...) !’’ Nous reprenons les propres termes de Riahi pour lui demander comment éteindre le feu qui s’est emparé du ‘’couffin de la ménagère’’. Il nous répond qu’il n’y a pas d’autre moyen que de prendre des mesures d’urgence capables de réhabiliter le couffin, mais ces mesures nécessitent un engagement politique clair et net : ‘’Avec ces mesures, nous pouvons garantir que le couffin deviendra 30% moins cher. La première est de neutraliser les intermédiaires en prenant la décision que la marge de n’importe quel produit ne doit pas dépasser les 20%, avec l’obligation d’affichage du prix d’achat et du prix avec marge. La seconde mesure concerne le contrôle. Savez-vous que le corps des contrôleurs économiques au sein du ministère du Commerce ne dépasse pas 350 actifs? Comment peuvent-ils dominer le marché alors que nous avons pas moins de 425.000 points de vente formels en Tunisie?’’