Le début d’un rêve
LE onze national a fait vibrer hier le coeur de millions de Tunisiens. Un hymne à la joie, sans démagogie. Un moment magique, une victoire motrice de rêves, de défis, vers l’accomplissement de soi, de tous, au-delà du devoir, vers l’accomplissement d’une société qui semble frappée de léthargie, en perte de repères, inquiète pour son avenir.
Pour le onze national, c’était hier la consécration et pour la Tunisie et les Tunisiens le début d’un rêve. On connaît la grande passion d’une grande majorité de nos concitoyens, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, toutes classes et catégories sociales confondues, pour le ballon rond. Hier, c’était un peu la grande communion. Une communion porteuse de nouveaux espoirs. On connaît aussi la puissance fédératrice, mobilisatrice du foot, sa part de magie. On sait aussi qu’il peut avoir l’effet tout autant d’un anesthésiant que d’un stimulant et qu’il dépendra de nous tous de savoir canaliser les énergies et le rêve qu’il porte. On connaît toute la symbolique du Mondial, l’espoir qu’il suscite chez les peuples de se voir flirter avec les grands. La dynamique nouvelle et la volonté de conjurer le sort, d’avancer et de réussir. Car quand il y a du coeur, de la « grinta », comme il y en avait hier au Stade de Radès, toutes les batailles sont à la portée. Derrière cette volonté de se dépasser et de vaincre, il y avait, on le suppose, un attachement aux valeurs de socialisation et d’épanouissement qu’est toujours censé favoriser le sport, bien au-delà de toute considération d’ordre mercantile. C’est une volonté de cette nature et de cette force qui, extrapolée à toutes les autres sphères d’activités, nous permettra d’avancer. Voir le drapeau national flotter très haut, et non seulement par le sport, offert aux yeux du monde entier, est un instant d’une intensité inouïe. Car c’est voir l’âme de la Tunisie vibrer dans ses drapeaux sur la voie triomphale.