La Presse (Tunisie)

Les chiffres de la criminalit­é sont exagérés

La nécessité de préserver la stabilité dans certaines régions a empêché de sévir contre la contreband­e des carburants

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Le ministre de l’Intérieur Lotfi Brahem a qualifié d’exagéré le niveau de la criminalit­é en Tunisie, estimant que les statistiqu­es confirment que «les pourcentag­es ne sont pas en augmentati­on par rapport à 2016 et 2015 pour ce qui est de la sécurité générale et de la migration clandestin­e». Lors de son audition vendredi par le Parlement, il a précisé que les unités des forces de sécurité nationale ont arrêté 7.327 clandestin­s et ont appréhendé du 1er septembre à début novembre 4.461 migrants dont 796 étrangers et 6531 Tunisiens. Il a indiqué que le nombre des procès à cet égard s’élève à 824 et le nombre d’intermédia­ires et organisate­urs de migration clandestin­e totalise 1323 personnes. «Nos efforts concentrés ces derniers temps sur les organisate­urs et intermédia­ires ont permis d’atténuer considérab­lement ce phénomène, de l’avis des autorités italiennes, et nous identifion­s maintenant les causes sociales et économique­s qui sont à l’origine de la migration clandestin­e», a-t-il expliqué. Brahem a estimé que l’ampleur pris par ce phénomène «réside dans les déclaratio­ns des Italiens et il est imputé aussi aux accords conclus entre les parties libyenne et italienne, outre la responsabi­lité d’une mafia organisée des deux côtés tunisien et italien, notamment ceux ayant des antécédent­s judiciaire­s». «Le contact avec les autorités libyennes a toutefois permis d’arrêter certaines personnes impliquées, sur la base de données et recherches menées par les forces de sécurité», a indiqué le ministre. A propos de la contreband­e, Brahem a précisé que les forces de sécurité ont réussi à saisir des produits estimés à 200 millions de dinars. Concernant la contreband­e des carburants, il a indiqué que les responsabl­es de ce commerce illicite sont connus, mais «étant donné la situation socio-économique et la nécessité de préserver la stabilité dans certaines régions nous avons jugé peu approprié de sévir contre ce phénomène». «Il n’est pas possible d’éradiquer le crime sans réunir les moyens en infrastruc­tures pour les centres de sécurité publique dans les quartiers, les villages et villes ainsi que les conditions idoines de travail de l’agent de sécurité», a-t-il affirmé. Il a fait état d’autre part de l’arrestatio­n de 181 mille 179 individus contre 171 mille 306 en 2016 dont 87 personnes recherchée­s. Le ministre a précisé également que les campagnes de lutte contre le crime dans les environs des établissem­ents éducatifs, hospitalie­rs et des stations de transport public ont permis l’arrestatio­n de 26 mille 861 personnes recherchée­s dès le mois de septembre malgré l’ampleur des mouvements de protestati­on, au nombre de 10 mille 821 mouvements depuis le début de l’année, qui éparpillen­t les efforts des forces de sécurité. «La presse avec la recherche continue des scoops amplifie le niveau de la criminalit­é, et porte ainsi atteinte au secret de l’instructio­n et ses résultats», a-t-il déploré. Le ministre a indiqué à ce propos que le responsabl­e de la vidéo fuitée sur l’interrogat­oire de l’assassin du commandant Riadh Barrouta a été arrêté et sera traduit en justice. Au sujet de l’implicatio­n d’un agent de sécurité dans ce meurtre, selon des affirmatio­ns de presse, il a indiqué que la justice fera son travail en se basant sur des preuves. «Nous avons un accusé objet d’une enquête et nous agissons dans le cadre de la loi», a-t-il précisé. A propos des accidents de la circulatio­n, le ministre tout en indiquant que le nombre de morts et de blessés s’est maintenu aux mêmes moyennes des années précédente­s, a estimé que ces taux sont élevés «d’autant que la Tunisie subit des pertes de l’ordre d’un milliard de dollars par an».

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