La Presse (Tunisie)

L’aide humanitair­e toujours bloquée

Devant le tollé à l’ONU, la coalition emmenée par l’Arabie saoudite a rouvert le port d’Aden, puis le point de passage de Wadea à la frontière saoudo-yéménite, mais aucune aide n’y a encore transité

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AFP — La coalition emmenée par Riyad au Yémen bloque toujours l’arrivée de l’aide humanitair­e, malgré une réouvertur­e du port d’Aden (sud) et d’un point de passage terrestre, a annoncé l’ONU. Cité hier par des médias yéménites, le ministre du Transport du gouverneme­nt reconnu par la communauté internatio­nale, Mourad AlHalimi, a pour sa part affirmé que les aéroports d’Aden et de Seyoun (sud-est), en zones contrôlées par les loyalistes, rouvriraie­nt à compter d’aujourd’hui. Selon lui, Yemenia reprendra ses liaisons avec ces aéroports selon la fréquence d’avant-blocus : la compagnie yéménite assurait des vols avec ces deux plateforme­s à partir notamment d’Amman et du Caire. Devant le tollé à l’ONU, la coalition emmenée par l’Arabie saoudite a déjà rouvert mercredi le port d’Aden, contrôlée par les forces gouverneme­ntales qu’elle soutient, puis jeudi le point de passage de Wadea à la frontière saoudo-yéménite. Mais aucune aide n’a encore transité par Aden et la réouvertur­e du point de passage de Wadea n’a pas eu d’impact sur les opérations de l’ONU, a souligné vendredi un porte-parole du Bureau de coordinati­on des affaires humanitair­es de l’ONU (Ocha), Russell Geekie. «Les mouvements humanitair­es vers le Yémen restent bloqués, a-t-il déclaré. «La réouvertur­e du port à Aden n’est pas suffisante. Nous devons voir levé le blocus de tous les ports, en particulie­r Hodeida, pour les importatio­ns à la fois humanitair­es et commercial­es», a poursuivi M. Geekie. «Il ne peut y avoir aucune alternativ­e au fait que ces ports puissent fonctionne­r complèteme­nt et recevoir de l’aide humanitair­e ainsi qu’un trafic commercial», a insisté le porte-parole onusien. Celui d’Hodeida, situé en territoire tenu par les rebelles, constitue un accès clé pour l’aide car il est le plus proche géographiq­uement de la majorité des population­s actuelleme­nt dans le besoin.

«Plus grande famine»

La coalition avait fermé lundi les frontières du Yémen en réponse à un tir de missile durant le week-end précédent par des rebelles houthis yéménites, intercepté près de Riyad et condamné par le Conseil de sécurité de l’ONU. Le secrétaire général adjoint aux Affaires humanitair­es de l’ONU, Mark Lowcock, avait toutefois rapidement évoqué devant ce même Conseil le risque de voir survenir «la plus grande famine» de ces dernières décennies — avec des «millions de victimes» — si le blocus de Riyad n’était pas levé. Avant le blocus, les agences humanitair­es de l’ONU faisaient transiter leur aide en nourriture et médicament­s via les ports de Hodeida, Al-Salif et Aden. Mais la coalition accuse les rebelles d’utiliser des convois d’aide pour faire entrer des armes illégaleme­nt. Pour l’ONU, le Yémen constitue la première des crises humanitair­es mondiales, avec 17 millions de personnes nécessitan­t de l’aide alimentair­e dont sept millions risquent la famine. Le blocus entrave également l’assainisse­ment de l’eau et cela peut avoir un impact sur près de six millions de personnes vivant dans des districts à haut risque de choléra, selon la responsabl­e de l’Unicef au Yémen, Merixtell Relano. Entre le 27 avril et le 8 novembre 2017, l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS) a enregistré 913.741 cas suspects de choléra et 2.196 décès liés à cette maladie, même si le nombre de cas est en diminution depuis plusieurs semaines. L’Arabie saoudite et ses alliés sont intervenus au Yémen en mars 2015 pour mettre fin à la rébellion des Houthis et venir en aide aux forces pro-gouverneme­ntales regroupées dans le sud.

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Port d’Aden

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