La Presse (Tunisie)

La high-tech au secours du climat

Les progrès réalisés par des entreprise­s de recyclage de CO , désormais capables de l’exploiter 2 commercial­ement, attestent du potentiel des nouvelles technologi­es dans la lutte contre le changement climatique. C’était l’un des principaux thèmes du Web S

- Révolution durable

«Nous avons bâti cette année notre première usine commercial­e, capable de capturer jusqu’à 1.000 tonnes de CO 2 par an. Ce n’est encore rien face aux enjeux du changement climatique, qui se mesure en gigatonnes, mais nous sommes prêts à relever le défi de monter en échelle» , a assuré Christoph Gebald, directeur de la société Climeworks basée en Suisse. Climeworks, issue de l’Ecole polytechni­que fédérale de Zurich (ETH), a développé des aspirateur­s qui collectent le CO dans l’air ambiant et non 2 aux sources d’émission comme les cheminées d’usine.

Le «Davos des geeks»

Ces modules, qui évoquent des climatiseu­rs sur les toits des immeubles mais de la taille d’une voiture, ont été installés sur le toit d’un incinérate­ur de déchets à Hinwil, dans le canton de Zurich. Le CO col2 lecté est ensuite revendu à une entreprise agricole, qui le réinjecte dans ses serres afin d’accélérer le processus de photosynth­èse. Climeworks était l’une des entreprise­s présentes au rendez-vous annuel des start-up et d’investisse­urs qu’est le Web Summit. Le «Davos des geeks» avait pour la première fois fait de l’environnem­ent une de ses thématique­s, alors que la Conférence annuelle de l’ONU sur le climat s’ouvrait en Allemagne pour tenter d’avancer sur une mise en oeuvre de l’accord de Paris conclu en 2015. Présentée comme une des solutions les plus efficaces pour réduire les émissions de CO des centrales à char2 bon et des sites industriel­s, la capture et le stockage de carbone restent très limités, car cette technologi­e demeure coûteuse. «Pour l’heure, nous ne sommes que cinq entreprise­s dans notre domaine. Nous travaillon­s dans une logique de collaborat­ion plutôt que de concurrenc­e, car il y a assez de carbone pour tous» , explique M. Gebald, qui a fondé la start-up Climeworks il y a huit ans. Créée en 2005 dans une cave en Nouvelle-Zélande, LanzaTech compte également commencer à gagner de l’argent grâce à une technologi­e qui permet de «prendre de la pollution pour faire de nouveaux produits avec» , a expliqué sa directrice environnem­entale, Freya Burton. «Nous sommes en train de construire nos deux premiers sites commerciau­x, un en Chine et un autre en Belgique» , où les émissions de CO des usines sidérurgiq­ues 2 seront transformé­es en carburant par un processus de fermentati­on provoqué par une bactérie, a-t-elle précisé. «Nos produits auront un coût équivalent à celui des carburants alternatif­s les moins chers déjà sur le marché» , a assuré Mme Burton.

Ces nouveaux procédés peuvent contribuer à ce que le Commissair­e européen à la Science et à l’Innovation, Carlos Moedas, a présenté comme l’économie circulaire, et non plus linéaire : «Les déchets d’une filière doivent devenir la matière première pour quelque chose d’autre». «Nous sommes probableme­nt face au plus grand défi de notre génération, qui consiste à garder cette planète en vie. Et la technologi­e jouera un rôle très important» , a souligné le patron du Web Summit, Paddy Cosgrave. Tête d’affiche appelé jeudi à clôturer trois jours de conférence­s devant quelque 15.000 personnes, l’ancien viceprésid­ent des Etats-Unis, Al Gore, a affirmé que la technologi­e de l’environnem­ent allait révolution­ner la planète. «Ceux d’entre vous qui bâtissez des entreprise­s technologi­ques pouvant augmenter nos niveaux d’efficacité énergétiqu­e et réduire les émissions de carbone, vous pouvez avoir un impact plus important que n’importe qui dans le monde» , a-t-il dit. « Notre monde est au bord d’une révolution durable de la magnitude de la révolution industriel­le mais qui se joue à la vitesse de la révolution numérique» , a affirmé le prix Nobel de la paix 2007, qui vient de sortir un nouveau film une décennie après son documentai­re coup de poing «Une vérité qui dérange».

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