Un énorme potentiel
La visite de plus d’une centaine d’hommes d’affaires tunisiens avec une délégation ministérielle importante est l’événement économique par excellence de la semaine, à notre avis. Non seulement de par le nombre des hommes d’affaires présents, mais surtout pour le contenu et le potentiel de transactions à accomplir avec ce pays du Golfe. Sans rentrer trop dans les détails politiques, le Qatar est un partenaire stratégique de la Tunisie depuis 2011 avec des investissements lourds et des subventions dans divers secteurs. Aujourd’hui, le politique influence énormément l’économique. Le Qatar, sous embargo réel après la fermeture de ses frontières terrestres, aériennes et maritimes avec l’Arabie Saoudite et les EAU, a connu une perturbation dans l’approvisionnement en biens alimentaires et industriels. Les choses vont mieux, mais l’économie qatarie est en train de puiser dans ses fonds propres (fonds d’investissement en devises, placements à l’étranger) pour essayer de s’adapter. La géographie dans ce cas a donné un coup de pouce énorme à l’Iran qui se trouve à quelques encablures du Qatar et qui, grâce à ses ports, a pu multiplier par 5, voire par 6 ses échanges avec le Qatar. De même pour Oman et la Turquie. C’est pourquoi cette aubaine est très bonne à saisir de la part de nos sociétés exportatrices pour combler les besoins énormes de l’économie qatarie. On ne parle pas que d’exportations de biens alimentaires (agricoles, alimentaires tels que le lait...), mais aussi de facilités pour les investisseurs tunisiens pour s’implanter au Qatar dans le cadre des projets visant à permettre à ce pays de produire ce dont il a besoin sur place. Ceci a été longuement négocié ces derniers jours entre les hommes d’affaires tunisiens, industriels en premier lieu, et les responsables qataris. Ceci va permettre de combler le déficit non seulement au niveau de la balance commerciale avec le Qatar, mais aussi au niveau des flux d’investissements. Des capitaux tunisiens, munis d’un savoir-faire certain dans certains métiers, vont migrer au Qatar. Au niveau des exportations, 50 millions de dinars sont la valeur exportée, on prévoit 70 en 2018 (sûrement un peu plus). C’est un chiffre qui va augmenter si les problèmes logistiques (aconage et amarrage dans les ports) sont résolus. Et dans ce sens, le port de Doha, hyper-moderne, est aussi une occasion à saisir pour nos responsables du transport maritime en termes d’apprentissage. Mettons de côté tous ces préjugés politiques parfois débiles, et encourageons nos sociétés à exporter plus et aller s’implanter au Qatar, une économie puissante et qui a un potentiel de demande effrayant dans divers secteurs (agriculture, industrie). C’est une occasion à saisir sans hésitation en ces temps de crise et de mauvaises performances de notre commerce extérieur.
Des capitaux tunisiens, munis d’un savoir-faire certain dans certains métiers, vont migrer au Qatar.