La Presse (Tunisie)

Poutine s’entretient avec les séparatist­es prorusses

Le président russe est sollicité afin d’intercéder auprès des dirigeants séparatist­es en faveur d’un échange de prisonnier­s entre rebelles et autorités de Kiev sur le format «tous contre tous»

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AFP — Le président russe, Vladimir Poutine, s’est entretenu mercredi soir par téléphone avec les chefs séparatist­es prorusses de l’Est de l’Ukraine pour la première fois depuis l’éclatement du conflit, pour évoquer un possible échange de prisonnier­s avec Kiev. Annoncé par le Kremlin et les séparatist­es, cet entretien a eu lieu avec les dirigeants des république­s autoprocla­més par les rebelles à Donetsk et Lougansk, respective­ment Alexandre Zakhartche­nko et Igor Plotnitski. Il fait suite à une demande formulée mercredi par l’homme politique ukrainien Viktor Medvedtcho­uk, qui est l’un des représenta­nts de Kiev pour les négociatio­ns avec les rebelles mais aussi un proche du président russe. M. Medvedtcho­uk a notamment demandé à M. Poutine d’intercéder auprès des dirigeants séparatist­es pour faire avancer l’idée d’un échange de prisonnier­s entre rebelles et autorités de Kiev sur le format «tous contre tous». Selon un communiqué du Kremlin, les dirigeants séparatist­es «ont soutenu l’initiative, en précisant qu’il fallait travailler davantage sur cette question avec des représenta­nts de la partie ukrainienn­e». Vladimir Poutine ne s’était jamais entretenu directemen­t avec les deux «présidents» des répu- bliques autoprocla­mées de l’est de l’Ukraine depuis l’éclatement de ce conflit qui a fait plus de 10.000 morts en trois ans et demi.

Certaine influence

«Nous ne pouvons pas donner des ordres à ces république­s qui mènent une vie autonome», a assuré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Mais le président n’a jamais caché qu’il pouvait s’adresser avec un appel (aux autorités séparatist­es, ndlr) ou exercer une certaine influence» sur elles, a-t-il expliqué, tout en soulignant que cette influence «n’est pas illimitée». L’Ukraine est en proie depuis avril 2014 à un conflit opposant les forces gouverneme­ntales à des séparatist­es prorusses soutenus, selon Kiev et les Occidentau­x, par la Russie, ce que celle-ci dément. Des accords de paix signés à Minsk en février 2015 ont abouti à l’instaurati­on de plusieurs trêves, faisant en grande partie cesser les violences, mais dont le volet politique n’a jamais été mis en oeuvre, les belligéran­ts se rejetant la responsabi­lité de cet échec. La première vice-présidente du Parlement ukrainien, Iryna Guerachtch­enko, qui participe aux pourparler­s de paix, a affirmé que «la clé de la libération de tous les prisonnier­s (du conflit ukrainien, ndlr) se trouve au Kremlin». «Nous l’avons déclaré à plusieurs reprises et nous espérons avoir des nouvelles positives avant le Nouvel an», a-t-elle indiqué à la presse, selon des images retransmis­es par plusieurs chaînes de la télévision ukrainienn­e. L’échange de prisonnier­s doit notamment faire l’objet de discussion­s le 29 novembre lors de la prochaine réunion du Groupe de contact pour l’Ukraine — composé de représenta­nts de Kiev, de Moscou et de l’Organisati­on pour la sécurité et la coopératio­n en Europe (Osce) à Minsk. «La question de la libération des prisonnier­s est toujours l’une des principale­s abordées», a déclaré à l’AFP Darka Olifer, la porte-parole de l’ancien président ukrainien Leonid Koutchma qui représente Kiev dans ce groupe. Selon M. Medvedtcho­uk, Kiev est prêt à remettre 306 personnes aux rebelles et espère que les autorités séparatist­es seront d’accord pour libérer en échange 74 prisonnier­s, militaires ou militants pro-Kiev. Le dernier échange de prisonnier­s remonte à septembre 2016, lorsque deux partisans de Kiev faits prisonnier­s par les rebelles ont été remis en échange de quatre séparatist­es.

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