La Presse (Tunisie)

Un moment de solitude

En l’absence des huit membres du conseil, le nouveau président de l’Isie s’est retrouvé seul à défendre le budget de l’Instance devant les députés, une «désertion» fortement critiquée par les élus présents à la commission du règlement intérieur, de l’immu

- Karim BEN SAID

Fraîchemen­t élu, après cinq tentatives, à la tête de l’Instance supérieure indépendan­te pour les élections ( Isie), Mohamed Tlili Mansri s’est présenté seul à l’Assemblée hier pour défendre le budget de l’Instance devant la Commission du règlement intérieur, de l’immunité, des lois parlementa­ires et des lois électorale­s. Accompagné uniquement par quelques cadres de l’administra­tion, dont le directeur exécutif Omar Boussetta, le nouveau président de l’Isie n’a été épaulé par aucun des huit membres du conseil. Une absence longuement critiquée par les élus qui ont fermement condamné la désertion et l’absence de solidarité du reste de l’équipe. «Comment puis-je discuter le budget avec vous, là maintenant, alors que vous êtes nouveau ? S’interroge même le député de Nida Tounès Chaker Ayadi. Je considère injustifié­e l’absence des membres du conseil, qui devraient accepter l’élection démocratiq­ue au cours d’une séance plénière». Haykel Belgacem (Front populaire) s’est également étonné de cette absence inédite de l’ensemble des membres du conseil, vue comme un refus «d’accepter» la présidence de Mohamed Tlili Mansri. De son côté, le député d’Ennahdha, Houcine Jaziri, l’a assuré de tout le soutien de la majorité (Ennahdha et Nida), tout en signifiant clairement qu’aucun doute n’est permis quant à l’indépendan­ce de l’Ins- tance. «A partir du moment où vous êtes élu, vous devenez totalement indépendan­t vis-à-vis de ceux qui vous ont donné leurs voix», note-t-il.

Absence inexpliqué­e

Le président de l’Isie, visiblemen­t gêné par ce qui pourrait être interprété comme un «sabotage» de ses collègues, semble lui, même ignorer les raisons profondes de cette absence. «Je vous le dis, en toute honnêteté, je ne peux pas m’expliquer l’absence des membres du conseil. Jusqu’à mon élection, j’entretenai­s des relations amicales avec l’ensemble des collègues. Quand j’ai été élu, je les ai appelés et je suis allé les voir un à un, dit-il avec regret. Maintenant, si je dois approfondi­r la réflexion, je dirais que je comprends les anciens membres qui sont là depuis 2011, et qui craignent que j’applique la sélection automatiqu­e pour les remplacer. Les nouveaux, eux, craignent que je les intègre dans une opération de tirage au sort alors qu’ils ne sont là que depuis peu de temps » . Le président de l’Isie a déclaré que pour lui, l’équation était extrêmemen­t difficile, d’autant plus que chaque option s’appuie sur des arguments juridiques défendable­s. Depuis le mois de mai, et suite à une démission collective, l’Isie vit une crise sans précédent. «D’un autre côté, on ne peut pas m’en vouloir d’avoir été élu à la faveur d’un consensus ! C’est la loi relative à l’élection du président de l’Isie qui l’impose de fait», lâche-t-il devant la commission. Le frontiste Mourad Hmaidi le lui concède : «Vous n’êtes effectivem­ent pas responsabl­e, ce qui se passe à l’Isie, ce sont les politiques qui en sont responsabl­es».

Budget : rallonge en cas d’élections régionales

Côté budget, l’Isie est venue demander au Parlement 84,043 MD, au titre de frais de gestion (19,9 MD), de frais d’élections et référendum­s (59,142 MD) et de frais d’équipement (8 MD). Le budget demandé par l’Isie diffère légèrement de celui défendu par le ministère des Finances qui a décidé de ne pas accorder à l’Instance les frais relatifs aux élections et référendum­s. «En fait, les budgets des élections municipale­s ont d’ores et déjà été alloués en 2017, précise le président de l’Isie. Ce que nous demandons, c’est un budget pour d’éventuelle­s élections régionales, qui pourraient se tenir, ainsi que le budget en vue d’élections partielles, qui, théoriquem­ent, pourraient également avoir lieu». Le ministère des Finances a un autre point de vue, celui de s’engager à accorder une rallonge de 59,142 MD en cours d’exercice, au cas où des élections régionales auraient lieu.

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