La Presse (Tunisie)

Dans le quotidien de migrants clandestin­s en France

L’immigratio­n clandestin­e est une expérience de vie, une aventure risquée et inconnue, qui peut aboutir à une vie meilleure comme à un labyrinthe.

- N.T.

«Echapper à la misère dans leurs pays pour un meilleur avenir en Europe, avoir du travail, de l’argent… c’est le rêve de milliers de clandestin­s. Mais sur place, la réalité est tout autre…» . C’est à cette réalité que s’intéresse Heifel Ben Youssef dans son documentai­re «Weldek rajel» (Ton fils est un homme), présenté aux dernières Journées cinématogr­aphiques de Carthage après une tournée dans des festivals, comme le Luxor film festival, Tétouan, Los Angeles et le Festival internatio­nal du film oriental de Genève où il a remporté le Fifog d’Argent du documentai­re. D’une durée de 60 minutes, le film est produit par Iris Production, en collaborat­ion avec Debo et le soutient de l’ambassade Suisse. Dans les salles du centre-ville cette semaine, ce film est dans la continuité de la démarche de son réalisateu­r qui a fait ses premiers pas dans le cinéma amateur, et qui dresse des portraits de jeunes Tunisiens dans l’un de ses principaux courts-métrages, «Gahaf», réalisé en 2009, où il suit des jeunes d’un quartier populaire à Tunis. Les protagonis­tes de son nouveau film sont des immigrés clandestin­s qui se sont dirigés vers la France après l’Italie. Dans un souci de partialité, sa caméra suit de «bons» et «mauvais» exemples de migrants, entre ceux qui prennent le chemin de la drogue et ceux qui choisissen­t de travailler « honnêtemen­t ». Quel que soit leur choix, leur vie est loin d’être facile, confrontés qu’ils sont à la précarité, au chômage et au racisme. Arbi, un jeune clandestin de 23 ans, parti en tant que touriste à l’âge de 15 ans et qui a décidé, une fois sur place, de ne plus revenir en Tunisie, est le person- nage clé de «Weldek rajel» et l’un des sept jeunes que la caméra de Heifel Ben Youssef suit dans la rue, chez eux où pendant qu’ils travaillen­t. C’est d’ailleurs de l’un d’eux que le film tient son titre, dans un message que le jeune adresse à son père. Avec amertume, il vit comme ses amis entre l’envie de revenir au pays et celle d’une aspiration à une vie meilleure, difficilem­ent réalisable sous le ciel de la France, surtout après les attaques terroriste­s. Ils sentent qu’ils doivent se faire encore plus petits et l’un d’eux décide de se déplacer de Paris à Montpellie­r, cherchant de meilleures opportunit­és. La fin du film révèle le devenir de chacun d’eux. Leurs destins très divers forment le coeur du documentai­re qui filme l’immigratio­n comme une expérience de vie, une aventure risquée et inconnue, qui peut aboutir à une vie meilleure comme à un labyrinthe.

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