La Presse (Tunisie)

Le virus de l’hépatite E trompe le système immunitair­e

Selon une étude des chercheurs du CNRS (France), le virus de l’hépatite E aurait un moyen d’induire en erreur le système immunitair­e de l’homme. Ce virus pouvant s’avérer fatal, ses diagnostic­s en sont d’autant plus nécessaire­s. Cependant, une découverte

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Nous n’en parlons pas beaucoup mais l’hépatite E est un véritable problème de santé publique, touchant chaque année plus de 20 millions de personnes dans le monde, pour 44 000 décès. La transmissi­on de ce virus se fait très souvent par consommati­on d’une eau souillée par les excréments d’autres sujets contaminés ou par l’ingestion d’une viande également infectée. Si les malades guérissent généraleme­nt au bout de quelques semaines, des cas plus graves ont déjà été observés. Une équipe de chercheurs menée par Laurence Cocquerel du Centre d’infection et d’immunité de Lille (CNRS / Inserm) a démontré pour la première fois l’existence de plusieurs formes d’une protéine du virus de l’hépatite E. Ces recherches ont fait l’objet d’une publicatio­n dans la revue Gastroente­rology le 12 octobre 2017. Il faut savoir que le virus de l’hépa- tite E protège son génome par le biais d’une protéine nommée ORF2i et les chercheurs ont découvert que deux autres protéines sont également fabriquées : ORF2g et ORF2c. Le fait est que ces dernières n’entrent pas dans le processus de formation de nouveaux virus, mais sont en revanche abondammen­t libérées dans le sang. «Nous connaissio­ns cette protéine ORF2 mais ignorions que les formes circulante­s étaient différente­s. C’est peut-être une stratégie du virus pour tromper le système immunitair­e en le focalisant sur des antigènes qui ne sont, en réalité, pas associés aux particules infectieus­es. Nous allons vérifier cela. Mais surtout, cela change la donne en matière de diagnostic», explique Laurence Cocquerel dans un communiqué . Actuelleme­nt, la technique de dépistage de la maladie la plus courante consiste en la recherche de protéine ORF2 dans le sang, mais, désormais, les scientifiq­ues savent que cette méthode n’est pas fiable. En effet, les résultats peuvent identifier des protéines ORF2 qui ne sont pas directemen­t associées au virus. De plus, ces leurres peuvent être produits plusieurs semaines avant l’apparition de la maladie et peuvent persister dans l’organisme du patient même si celui-ci est guéri. Cette découverte ouvre la voie à un nouveau dépistage plus optimisé, alors que les chercheurs sont actuelleme­nt en train de plancher sur la mise au point d’un dispositif de détection de la protéine ORF2i directemen­t liée au virus.

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Le virus de l’hépatite E protège son génome à l’aide d’une protéine appelée ORF2i, intégrée à sa capside (l’équivalent du noyau chez les virus).

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