Une désillusion peut en cacher une autre
Après l’incendie du guichet de la station du métro Habib Thameur, à Tunis, la Transtu a décidé d’annuler, purement et simplement, l’arrêt en ce lieu. Cette décision est entrée en vigueur depuis le 10 décembre 2017. On ne sait pas si elle est définitive ou
Quelques jours plus tard (début de l’année 2018), la société RFR annonçait, comme un coup de massue, qu’elle reportait la mise en service de la première ligne D au mois d’avril 2019 au lieu d’octobre 2018. Pour les usagers, la désapprobation est totale et la déception d’autant plus grande. En effet, il ne suffit pas d’avoir, déjà supprimé du circuit du métro la station Ibn-Rachiq, on y ajoute cette autre escale indispensable. Si la question de la station IbnRachiq est, semble-t-il, tranchée celle de la station Thameur reste floue. Les utilisateurs ne savent pas si elle va reprendre du service ou non.
Aucun intérêt pour les clients
Les raisons invoquées pour l’arrêt de l’avenue de Paris n’ont convaincu personne. D’ailleurs, tout le monde constate, au quotidien, qu’il est possible de la rendre opérationnelle pour plusieurs raisons objectives. Elle se trouve en plein centre-ville, à proximité des différentes administrations, des centres culturels et de tous les complexes commerciaux. Qu’on en juge : nous avons la salle du 4 ème Art, la maison de la culture Ibn-Rachiq, le Conservatoire, l’Institut français. Un concentré de culture, en somme privé de moyens de transport. De plus, cette station hors d’usage rapprochait les clients de leurs destinations et de leur travail et offrait à certains de laisser leurs voitures à la maison ou dans les parkings aménagés par la Transtu. Fermée depuis plusieurs années, elle leur porte préjudice. Avec la suspension d’un arrêt supplémentaire, le préjudice est encore plus grand. La station Habib-Thameur, elle aussi, est assez stratégique. La neutraliser indéfiniment n’est ni dans l’intérêt des passagers ni dans celui de la société elle-même. Dans un autre pays ce ne serait que du gâchis. Justement, on ne comprend pas pourquoi il faudrait supprimer cette station à cause d’un incendie. Même si le guichet a été incendié, cela ne justifie pas qu’on pénalise les clients. Ces derniers sont obligés de se diriger vers la station République s’ils veulent emprunter un métro. N’est-ce pas, aussi, un manque de recettes pour l’opérateur ? En tout cas, les fréquentes suppressions, momentanées, des stations (on se rappelle celles de Farhat Hached dont la plus récente remonte à l’été dernier sans parler de celle qui remonte à plusieurs années) sont encore de mauvais souvenirs.
Les responsables n’ont pas toujours raison !
De telles mesures qui s’ajoutent aux différentes perturbations liées aux travaux entrepris par la société (somme toute compréhensibles) ne font qu’attiser la colère des usagers. Les responsables doivent savoir que le citoyen rencontre, à longueur de journée, des problèmes et des difficultés insurmontables et il n’est pas prêt à se compliquer davantage la vie par d’autres relatifs au transport. On pourrait admettre que cette décision de la Transtu soit logique mais elle ne devrait pas se per- pétuer d’autant qu’il est facile de trouver une solution provisoire. L’installation d’un box pour la vente des billets n’est pas du tout impossible. Il ne manque que la volonté de le faire. Il serait bon de savoir, également, que le mécontentement des Tunisiens vient, entre autres, de l’accumulation des déceptions et des désillusions. Le fait de multiplier les contretemps, de continuer à ignorer les réclamations, de ne pas améliorer les prestations et de ne pas respecter les horaires sont autant de motifs qui enveniment les rapports entre la société et ses clients. S’il est vrai que des efforts certains sont réalisés grâce à l’injection de nouveaux bus, c’est l’attitude des employés qui reste, toujours, la même et n’évolue pas. Dans tous les cas, le rétablissement de ces deux stations est essentiel. Les usagers ne voient aucune explication logique à ces suppressions. Les responsables doivent accéder aux exigences des clients. Le plus vite sera le mieux. Le ministère du Transport est tenu de réagir et d’annuler ces dispositions inappropriées. Tout le monde a en mémoire les reports répétés du lancement de la première ligne du RFR et la déception des riverains. Eux qui attendent, impatiemment, la mise en marche de cet important projet. Car, logiquement, il n’y aurait pas dû avoir un report. Mieux encore, les autorités auraient pu s’impliquer davantage dans l’accélération du processus et parvenir à réaliser le réseau dans de meilleurs délais. C’est ce que demandent, avec insistance, tous les habitants des zones que desservira le RFR. À leurs yeux, une reprise en main vigoureuse pourrait raccourcir les délais et réussir à les réduire au maximum. Octobre 2018 était une date relativement objective. La prolonger encore plus devient insensé. On s’attendait à un cadeau de début d’année qui annoncerait un délai plus court pour le lancement de la première ligne du RFR, voire son avancement ; mais c’est la douche froide : c’est un nouveau report. Or, il est possible de relever un défi en accélérant les travaux et les procédures pour réaliser cette tranche en un temps record. Il y va du maintien d’un climat social serein et du désamorçage d’une tension persistante au niveau de la qualité du transport dans la zone ouest de la capitale.