La Presse (Tunisie)

Les Etrusques au secours de Carthage

- Tahar AYACHI

Un ancien plan de mise en valeur des sites et monuments du parc archéologi­que de Carthage qui remonte à une vingtaine d’années a été remis à l’ordre du jour

Vendredi dernier, dans une aile réhabilité­e du musée national de Carthage (qui n’a rien d’un musée puisqu’il se compose d’une salle unique à deux niveaux dans laquelle sont exposées quelques dizaines de pièces prélevées sur une collection autrement plus riche), était inaugurée une vitrine comprenant 200 objets antiques en provenance d’Etrurie et retrouvés, dans leur écrasante majorité, au cours de campagnes de fouilles effectuées à Carthage à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Cette exposition a pour thème : «Carthage et les Etrusques, ces peuples de la mer qui dialoguent et bâtissent». Il y a fort à parier que les Tunisiens qui savent de quoi il s’agit lorsqu’on leur parle d’Etrurie et d’Etrusques ne sont pas légion. D’où le premier intérêt de cet événement qui, dans la mesure où il est convenable­ment porté à la connaissan­ce du public, peut contribuer à lever un coin du voile qui recouvre une civilisati­on énigmatiqu­e qui, par ailleurs, était aussi brillante que celles de son voisinage (Carthage, puis Rome) et que la voracité de la ville à la Louve a fini presque par effacer de la scène et des mémoires. On en saura gré aux organisate­urs et davantage encore si, poursuivan­t sur la même lancée, ils ont la bonne idée de multiplier de tels événements, toujours à partir de notre fonds patrimonia­l, et de jeter pareil éclairage sur d’autres civilisati­ons du bassin méditerran­éen, notamment égyptienne et grecque, et, surtout, d’en faciliter l’accessibil­ité (la galerie de l’Informatio­n, à l’avenue Bourguiba, à Tunis ? dans d’autres grandes villes du pays ?). Ce serait l’occasion, pour ceux d’entre nous qui ne voyagent pas, de visiter des échantillo­ns des trésors de musées étrangers et de faire meilleure connaissan­ce avec les autres civilisati­ons que les nôtres. Mais peut-être que le plus important dans le vernissage de vendredi se situe-t-il ailleurs ? En effet, au cours de la cérémonie d’inaugurati­on, sous le haut patronage de Mohamed Zine el-Abidine, ministre de la Culture, un ancien plan de mise en valeur des sites et monuments du parc archéologi­que de Carthage qui remonte à une vingtaine d’années a été remis à l’ordre du jour. L’annonce en a été faite en présence de la ministre du Tourisme, Selma Elloumi, pour bien souligner la convergenc­e des intérêts des deux départemen­ts via le tourisme culturel, et devant un parterre comprenant notamment Foued Mbazzaâ, ancien président de la République, ancien président de l’Assemblée nationale et ancien maire de Carthage des lustres durant (n’est-ce pas, Madame la conservatr­ice du parc et du musée de Carthage ?), de l’ambassadeu­r de l’Union européenne ainsi que d’un… représenta­nt de la Banque arabe internatio­nale de Tunisie (Biat). La rumeur qui courait parmi l’assistance voulait que cette institutio­n phare de la place financière, connue pour son engagement dans le mécénat culturel (entre autres, le financemen­t de la médiathèqu­e de l’Ariana), serait intéressée par la rénovation du musée de Carthage qui, depuis pas loin d’une vingtaine d’années, est pratiqueme­nt fermé au public. Si tel était le cas, l’auteur de ces lignes ne cesserait de crier sur les toits sa fierté et son bonheur d’avoir domicilié sa modeste pension de retraite auprès de cet établissem­ent !

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Vase étrusque faisant partie du mobilier funéraire d’une tombe découverte à Carthage
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