La Presse (Tunisie)

Premier budget officiel après une aide saoudienne

Un déficit de 1,3 milliard de dollars sur la base d’un taux de change officiel de 380 riyals pour un dollar, alors que le taux du marché se situe à 450 riyals pour un dollar

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AFP — Le Yémen, pays en guerre dont l’économie est agonisante, a annoncé hier son premier budget depuis la conquête de sa capitale par des rebelles en 2014 et l’annonce d’un transfert massif de fonds par l’Arabie saoudite au gouverneme­nt retranché dans le sud. Le Premier ministre yéménite, Ahmed Ben Dagher, a indiqué sur sa page Facebook que le gouverneme­nt, qui opère depuis Aden (sud), avait approuvé pour 2018 un budget de 1.500 milliards de riyals (3,9 milliards de dollars, 3,2 milliards d’euros) avec des revenus projetés à 978 milliards de riyals (2,6 milliards de dollars au taux de change officiel). Ce budget fait apparaître un déficit de 1,3 milliard de dollars (un milliard d’euros) sur la base d’un taux de change officiel de 380 riyals pour un dollar, alors que le taux du marché se situe à 450 riyals pour un dollar. Dans ses déclaratio­ns, M. Ben Dagher décrit une situation alarmante pour l’économie du Yémen, pays le plus pauvre du MoyenOrien­t, affirmant que la production de pétrole et de gaz est à l’arrêt du fait de la guerre. Il a accusé les rebelles d’avoir «pillé» les réserves en devises étrangères. La présentati­on du budget gouverneme­ntal est intervenue quelques jours après l’annonce mercredi par l’Arabie Saoudite qu’elle transférai­t deux milliards de dollars (1,6 milliard d’euros) à la Banque centrale yéménite déplacée à Aden. Le Premier ministre yéménite a promis une «utilisatio­n optimale» de cette aide financière. L’Arabie saoudite, qui intervient militairem­ent au Yémen en soutien au camp du président Abd Rabbo Mansour Hadi, est elle-même confrontée à de sérieuses difficulté­s économique­s et affichera en 2018 un budget en déficit de 52 milliards de dollars (42 milliards d’euros). Le Yémen est en guerre depuis plus de trois ans. Le gouverneme­nt a été chassé en septembre 2014 de Sanaa par les Houthis, des rebelles originaire­s du nord et soutenus par l’Iran. Il s’est reposition­né à Aden, deuxième ville du pays. En mars 2015, Riyad a pris la tête d’une coalition militaire pour venir en aide au gouverneme­nt légitime, mais les forces loyalistes peinent à reprendre du terrain. Selon l’ONU, le Yémen est le théâtre de la «pire crise humanitair­e du monde». Hier, à Sanaa, l’ONU et ses partenaire­s humanitair­es ont lancé un appel de fonds (2,96 milliards de dollars) pour apporter une aide d’urgence à 11,3 millions de personnes en 2018.

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