La Presse (Tunisie)

«Plutôt du bricolage…»

- Walid NALOUTI Béchir SIFAOUI T.K.

Pour notre interlocut­eur, le manque d’encadremen­t de nos joueurs et la surenchère à laquelle se livrent certains de nos clubs font que bon nombre de transferts effectués sont ratés.

«L’argent existe et existera toujours dans le monde du football. Le nôtre n’échappe pas à cette règle. Lors du dernier mercato hivernal, deux clubs ont fait des recrutemen­ts bien ciblés, le Club Sportif Sfaxien et le Club Africain. Interdits de recrutemen­t l’été dernier, ils ont profité du mercato hivernal pour se rattraper et se renforcer selon des postes ciblés. Ces deux clubs ont respecté la logique voulue par le mercato hivernal en s’en servant pour faire quelques retouches. Le mercato hivernal est, par essence, très difficile à gérer pour deux raisons. La première consiste à faire deux à trois recrutemen­ts bien ciblés, partant du principe que l’essentiel doit être fait lors du mercato estival. La deuxième raison est liée à la période du mercato hivernal qui se situe entre la fin du mois de décembre et la mi-janvier. Cette période inclut les fêtes de fin d’année et, par conséquent, les vols sont complets jusqu’au 10 janvier. Difficile pour les joueurs de se déplacer d’un pays à l’autre, sachant qu’un transfert peut capoter si un joueur ne se déplace pas à temps chez son potentiel recruteur. Chez nous, on n’arrive pas à prendre en compte tous ces paramètres. C’est pourquoi la plupart des transferts sont ratés pour la simple et bonne raison que les décideurs de notre football font plutôt du bricolage, outre que certains clubs ne recrutent pas pour se renforcer selon leurs besoins, mais pour priver leurs adversaire­s d’un joueur de valeur afin de briser la concurrenc­e. Ce qui explique la surenchère à laquelle se livrent certains grands clubs. Concernant nos joueurs, ils manquent d’encadremen­t, outre que certains décideurs, dans nos clubs, ne savent pas gérer le dossier des recrutemen­ts. A titre d’exemple, je ne comprends pas le retour de Michael Eneramo au Parc B ou encore le fait que Anis Ben Hatira soit peu utilisé alors qu’il est venu avec un projet sportif : jouer la Coupe du monde». «Cette saison, les équipes ont satisfait leur besoins au niveau de l’effectif au cours du mercato estival. La stabilité du rendement de la plupart des équipes en L1 a réduit les transferts au cours du mercato hivernal. Nous n’avons pas remarqué une vague de transferts de joueurs comme dans le passé. Hormis le CSS, privé des recrutemen­ts depuis la saison écoulée, les autres équipes se sont contentées de peaufiner l’effectif par quelques éléments jugés indispensa­bles pour le groupe et surtout selon les besoins urgents. A titre indicatif, l’EST a recruté Derbali vu le manque de défenseur de flanc droit, la JSK a recruté un gardien pour épauler Kalaï qui sera partant la fin de la saison en cours. Les autres équipes ont adopté la même stratégie. Les choix techniques sont clairs pour les entraîneur­s de L1.»

«Promouvoir les CDF»

«Cette réduction des transferts pour la plupart des équipes en L1 a donné l’occasion aux jeunes talents de s’intégrer avec les seniors. C’est une opportunit­é pour revoir la valeur du travail au niveau de la formation des jeunes. J’estime que notre football a besoin d’encourager la formation des jeunes pour réduire les dépenses des transferts des joueurs et améliorer le niveau technique de nos joueurs pour le bien de l’équipe nationale. Les équipes doivent s’investir dans la formation des jeunes pour préparer l’avenir au niveau technique et budgétaire. Les équipes de formation sont capables d’assurer des revenus réguliers par le transfert de jeunes talents.»

Mohamed Sahbi CHAFRA

«Le mercato d’hiver est passé pratiqueme­nt inaperçu cette saison. Il n’y a pas eu de folies cette fois-ci comme c’était le cas il y a quelques années lorsque les clubs les plus huppés faisaient des surenchère­s et recrutaien­t à coup de centaines de millions, voire plus. Aujourd’hui, les responsabl­es sont demeurés sages. Pour la plupart d’entre eux, ils ont opté pour la politique de leurs moyens qui ne sont pas énormes. Ensuite il n’y a pas de grands noms sur le marché des transferts qui vaillent la peine d’être recrutés sur le plan local. Quant aux joueurs étrangers, on ne veut plus prendre de risques : risque de «Lors du mercato d’hiver qui a été cette année des plus calmes, voire pauvre, on n’a rien enregistré d’exceptionn­el au niveau des transferts hormis les deux recrutemen­ts réalisés par l’ESS qui vient d’engager le pivot d’El Kadissia (Arabie Saoudite) Mohamed Methnani dont on dit beaucoup du bien. Et le CSS qui a enrôlé l’avant-centre nigérien Kingslay, le buteur du championna­t de son pays. Pour les autres équipes, c’est le vide absolu dans la mesure où elles se sont contentées de recruter des joueurs locaux en fin de contrat ou qui viennent de résilier leur engagement et ceci afin de combler le vide laissé par certains joueurs partants. Donc c’est une question de besoins urgents dans la mesure où ces clubs manquent le plus souvent de doublures dans des postes clés. L’exemple de l’EST, actuel leader de la compétitio­n, reste à mon avis la parfaite illustrati­on puisque les «Sang et Or» ont recruté pendant le mercato d’hiver un seul joueur, à savoir l’excentré droit Derbali de retour à son ancien club pour remplacer tout simplement Mbarki, victime d’un ligament croisé et qui sera indisponib­le au moins pour six mois. L’EST qui a certaineme­nt au sein de son effectif très riche un remplaçant valable parmi les jeunes a misé dans son choix sur l’expérience et le métier de Derbali pour donner très vite le plus escompté. Si l’EST n’a pas effectué blessures occultées, risque d’être roulé, trompé sur la qualité de la nouvelle recrue… Et puis quel que soit le niveau du joueur que l’on voit évoluer dans notre championna­t, il ne mérite pas ce qu’on lui offre comme montant exorbitant de transfert, salaires et primes. C’est vraiment jeter de l’argent par les fenêtres. Enfin, recruter pour quoi faire, les dés sont à mon avis jetés : l’EST sera championne en fin de parcours. Tous les autres clubs font de la figuration. Seul le CAB a fait une belle opération en cédant J.Hamdoun au CSS». d’autres renforts puisqu’elle dispose d’un effectif riche et étoffé, les autres clubs de la Ligue 1, dont les résultats lors de la phase aller n’ont pas été à la hauteur des attentes, se sont empressés pour renforcer leur effectif mais avec quels moyens et avec quels joueurs disponible­s sur le marché? Concernant les moyens ils sont désormais dérisoires, voire inexistant­s, vu la crise financière qui sévit dans la majorité des clubs, y compris les plus huppés. Quant aux joueurs, ils sont tout simplement moyens et pourtant ils mettent haut la barre. Dans ce cas, comment les clubs pauvres font-ils pour subvenir à leurs besoins urgents en joueurs ciblés? Pour sortir de dilemme, ils sont obligés d’aller chercher des joueurs valables dans les catégories des jeunes, ce qui n’est pas souvent assuré. C’est pour cela d’ailleurs qu’ils optent le plus souvent pour combler le vide pour un prêt de six mois, histoire de calmer les esprits des supporters mais aussi de diminuer les charges qui ne cessent d’augmenter ces dernières années. Pour remédier à cette stratégie, à mon sens précaire, il faut absolument que nos clubs pensent à leur avenir dans un paysage footballis­tique où l’argent est devenu un élément déterminan­t en crééant par exemple leur propre centre de formation.

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