La Presse (Tunisie)

Les transferts sont au vert !

Dénicher les bonnes pioches. Relancer de vieux briscards pour cimenter un groupe. Se faire prêter des joueurs par les équipes supérieure­s, ce qui peut largement dépanner et faire l’affaire. Chacun choisit son angle d’attaque, en espérant taper dans le mil

- Khaled KHOUINI

S’arrêter seulement à l’exigence de rigueur et d’austérité actuelle en abordant le mercato hivernal serait plutôt naïf. Car cette fenêtre des transferts d’hiver est bien plus que ça. Plus compliqué, plus secret, plus glamour, et qui fait bosser les intermédia­ires Fifa de tout bord, ce moment a toujours été un rendez-vous incontourn­able de notre football. Maintenant qu’il a pris fin, la tendance est forcément à la rigueur et à la fermeté, comme constaté. Certains ont ainsi tenté de se renforcer intelligem­ment et rendre leur équipe plus attractive. D’autres ont dégraissé et réduit leur masse salariale sans pour autant toucher à leurs tauliers. Sauf que généraleme­nt, en hiver, c’est une période charnière du style « ça passe ou ça casse ». Oui, pour certains, c’est carrément l’angoisse. Et pourtant, qu’elle soit abondante ou restrictiv­e, cette fenêtre-là reflète bien la santé des clubs et leur réputation. Ce faisant, un club a très gros budget, tel que l’Espérance de Tunis, a fermé les vannes vu l’exiguïté du marché. Par contre, pour les écuries, dont l’image est ternie ou au contraire, les caisses sont vides, on a cherché une équation bien compliquée, le fameux «recruter malin et pas cher». L’idée est sensée, le concept séduisant, mais dur de ne pas se planter, quand on mise sur des joueurs néophytes. Comprenez que ces derniers passaient jusque- là des matches encore tranquille­s (quoique l’on pourrait remettre en cause cette thèse actuelleme­nt) où la pression est proche du néant à un club ultra-médiatisé où le moindre faux pas est analysé, et bien sûr, critiqué. Il fut un temps où à l’approche de cette orgie monétaire qu’est le mercato, les gros bonnets salivaient pendant que les clubs de moindre envergure espéraient que leurs pioches du moment s’illustrent en vue de taper dans l’oeil du grand club de la place. Ces clubs moins nantis financière­ment s’impatienta­ient que se déversent sur eux des liasses de billets, et pas en dessous d’un montant respectabl­e évidemment pour lâcher sa petite !

Faut pas jouer au riche quand on n’a pas le sou !

Bien avant, ceux qui avaient les moyens de leurs ambitions, adoraient cette période de l’année. Elle reflète le pouvoir, la puissance et l’influence que peut avoir l’argent sur les joueurs. Non, l’argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue. Alors, on se lance des défis à distance ! Qui pourra acheter ce joueur que quatre clubs se disputent ? Combien de millions pourront être dépensés pour accueillir celui-ci ? Tant d’interrogat­ions … Les joueurs, eux, sont plus perplexes. Il y en a qui veulent bouger, affirmant officieuse­ment que changer d’air leur ferait du bien. A coups de «mon contrat arrive à son terme. Après, tout peut arriver…». Cette dernière phrase peut faire du bruit. Elle peut faire la une des manchettes. Satané foot-business qui fait et défait les carrières ! Puis, finalement, actuelleme­nt, signe de l’hypocrisie régnante, on va se plaindre des salaires et montants mirobolant­s des transferts. Sauf que le football est d’abord un business. Il y a le spectacle au bout. Et donc, certains, tel que le CSS, ont cassé leur tirelire, alors qu’ils ont jusque-là réussi à se maintenir au sommet grâce à leur vivier. Allez comprendre ! Pour revenir au manège du mercato, si le supporter critique l’étalage de richesses et de liquidités tantôt, il est aussi bien content d’aller au stade et de supporter son équipe avec le dernier joueur à la mode qu’il traitait de tous les noms d’oiseaux il y a encore quelques semaines, quand il a vu que ce dernier toucherait 100 fois son Smig. Dur! Bon, c’est sympa le mercato, ça fait vendre, ça fait jaser, ça fait exulter. Mais écouter par la suite les joueurs se plaindre des défauts de paiement, et les dirigeants s’expliquer devant la commission des litiges, ça laisse perplexe ! Alors, vivement l’austérité, dont nous en avons eu les signes avant-coureurs lors de ce mercato hivernal.

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Tijani Belaïd, de retour au Parc A

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