En fin connaisseur de la réalité du football tunisien, Abdelmajid Ben Mrad, l’ex-gloire «sang et or», accuse le «faux» professionnalisme en Tunisie.
«A mon avis, tout le marasme que connaît notre football actuellement revient à la grosse sottise qu’est le professionnalisme qu’on a instauré à la hâte en Tunisie. Les responsables qui ont eu l’idée de le mettre en place n’avaient pas les moyens de leurs ambitions. Ils croyaient que c’était facile de calquer le système européen pour lequel tout l’environnement footballistique en Tunisie n’y était pas préparé. C’est cette grossière bourde qui est à l’origine de tous les maux de notre football et spécialement le volet des recrutements. L’Espérance est en train de casquer environ un million de dinars par mois au titre des salaires des joueurs professionnels. C’est une somme colossale versée à des joueurs en majorité ordinaires. C’est, d’ailleurs, ce qui me conduit à penser qu’à l’avenir on devrait prévoir des clauses imposant des obligations de résultats dans les contrats liant le club aux joueurs et aux entraîneurs. Au moins si on se trompe sur la valeur d’une recrue, on n’aura pas à l’indemniser en cas de résiliation pour absence de performance. C’est aussi une meilleure façon de rompre avec la folie des recrutements abusifs et avec la médiocrité. On peut également fixer des barèmes de salaires et d’indemnités susceptibles de traiter tous les pros sur un pied d’égalité afin d’éviter la jalousie et l’ambiance électrique entre les joueurs de même niveau. La performance doit être toujours liée au pactole accordé aux joueurs. D’autre part, je vais peut-être me répéter pour la énième fois en insistant encore et toujours sur la nécessité d’accorder une part consistante du budget du club à la formation des jeunes. C’est la meilleure formule qui soit de nature à éviter aux clubs de continuer dans leur folie du recrutement irréfléchi et peu rentable. D’ailleurs, la situation financière calamiteuse des clubs tunisiens les conduira inéluctablement à cette option. On y va obligatoirement tout droit».