La Presse (Tunisie)

Formation profession­nelle, apprentiss­age durable et plein-emploi

- Par Abdelkader KACEM* A.K. *(Cadre bancaire retraité)

La qualificat­ion régulière des travailleu­rs est un outil incontourn­able, sans équivalent, parmi les autres paramètres économique­s favorisant la croissance. Car la formation alimente la confiance en soi, nous détourne des voies sans issue, offre des outils adaptés et force concrèteme­nt la compétence courante des effectifs, ajoute une valeur réelle à la production nationale, pérennise les affaires, stimule l’emploi régulièrem­ent et multiplie des investisse­ments rentables et adaptés au plan interne et externe d’une nation. L’étude des pays qui réussissen­t le plein-emploi (Suisse, Allemagne, Danemark, Suède, Finlande…) montre l’existence d’un lien commun fort matérialis­é par un investisse­ment conséquent dans la formation profession­nelle et l’apprentiss­age des compétence­s atteignant les 2/3 des population­s âgées entre 15 et 64 ans à commencer depuis l’école secondaire. Seul un tiers des élèves poursuiven­t des cursus longs. En Suisse, deux lycées sur trois sont tournés vers l’apprentiss­age et 40% des entreprise­s embauchent des apprentis dont la formation est poursuivie durablemen­t en alternance. Sous ce titre, des apprentis investis ont atteint les sommets tant dans la finance, l’industrie qu’en politique (le figaro.fr du 13.01.2018). En fait, l’apprentiss­age est profondéme­nt ancré dans la culture de ces pays car il débute depuis la jeunesse dans tous les secteurs, allant de la charpenter­ie à la banque. Au bout du compte, chaque citoyen se trouve pleinement outillé de culture, de conscience et de savoir-faire de nature à s’adapter à toutes les situations. Concrèteme­nt, on définit l’apprentiss­age comme un moyen efficace qui renforce l’appartenan­ce à la nation, l’adhésion à l’école, la poursuite de l’effort et surtout détourner les jeunes des dangers de la rue, de l’échec scolaire et de l’abandon de l’école. Cette pratique force des compétence­s généralisé­es, bien rodées, qui donnent des assurances aux candidats d’abord moyennant des qualificat­ions accessible­s au plus grand nombre et permettent ensuite d’atteindre de plusieurs objectifs en même temps dont la création de multiples projets et la rentabilit­é régulière des affaires. On répondra ainsi, d’abord, à un besoin de polyvalenc­e croissant dans les entreprise­s car aujourd’hui 50% des métiers connaissen­t soit une disparitio­n dans les cinq ans qui suivent du fait des innovation­s incessante­s, soit une mutation progressiv­e qui nécessite une adaptation rapide pour maintenir la croissance des affaires durablemen­t. Ensuite, ce système oeuvre pour développer suffisamme­nt la compétence des équipes et pas seulement l’apprentiss­age d’un métier car la compétence est de nature durable et servira pour d’autres activités si les métiers évoluent alors que les qualificat­ions d’un seul métier disparaiss­ent avec le changement inattendu des métiers. Et enfin, l’apprentiss­age est de nature à s’adapter à un plus grand nombre des besoins de l’existence en valorisant tous les métiers au service des nations et maintient une image régulièrem­ent appréciée au regard des autres car il offre des services mieux qualifiés et refuse de se limiter à une sélection de cursus parmi d’autres moins valorisés. Par ailleurs, l’expérience prouve que les entreprise­s qui privilégie­nt la formation des seuls cadres sont pénalisées par des subalterne­s non polyvalent­s et moins qualifiés qui seraient désarmés pour soutenir l’entreprise durablemen­t. Dans les pays relevant de ce constat, le chômage est élevé puisque la réussite des investisse­ments est faible. Même les personnes diplômées y perdent beaucoup sans formations courantes car les connaissan­ces initiales restent insuffisan­tes et s’évaporent avec le temps sans enrichisse­ment. On y trouve alors dans la formation courante des équipes une nécessité pour soutenir l’emploi, la productivi­té et la rentabilit­é des affaires durablemen­t. Les personnes avisées recommande­nt de changer les mentalités classiques car les formations ne servent pas seulement pour répondre à une situation ponctuelle mais doivent être durables et générales et s’étendre au-delà des cadres, du fait que ceux-ci sont déjà qualifiés et davantage outillés pour se former de façon autonome. En effet, l’effort doit répondre régulièrem­ent à des mutations profession­nelles permanente­s au-delà du contexte du moment et s’inscrire en perspectiv­e pour relever la compétence de tous les intervenan­ts de l’entreprise et surtout ceux en besoin. Car cela impacte positiveme­nt l’environnem­ent d’ensemble des entreprise­s. On démontre, en conséquenc­e, que la formation continue donne plusieurs avantages. Elle offre, à la fois, la flexibilit­é pour les employeurs et la sécurité pour les salariés. Les pays en déficit d’emplois, comme aujourd’hui le nôtre, gagnent à hiérarchis­er les priorités en rapport avec les contextes pour donner davantage d’importance à la formation courante moyennant des synergies avec les pays en avance à ce niveau pour favoriser la compétence des formateurs à même de bien accompagne­r les apprenants. On devrait aussi offrir un contexte favorable aux candidats de nature à les soutenir au mieux, couvrir les charges des personnes en besoin et garantir leur avenir moyennant des contrats avec les entreprise­s en interne, favoriser des perspectiv­es profession­nelles rassurante­s et si possible aussi des projets d’emploi avec l’étranger pour maximiser l’offre. Il serait nécessaire, à cet effet, que les partenaire­s sociaux coordonnen­t leurs objectifs autour de la qualificat­ion permanente et éviter les discordanc­es pour trouver des moyens communs visant à développer la compétence des effectifs à l’emploi, seul moyen pour développer la productivi­té, favoriser l’exportatio­n, améliorer la valeur de la monnaie, baisser les prix sur le marché et favoriser le pouvoir d’achat des familles. Il convient de regarder au-delà de l’augmentati­on automatiqu­e des rémunérati­ons lorsque le contexte national et la rentabilit­é des affaires ne le permettent pas. Car, autrement, on complique la vie des entreprise­s et on augmente la charge des familles par des coûts inutiles qui induisent des inflations en évolution nuisibles à la croissance nationale car elles seraient alimentées par une augmentati­on des prix sans majoration de la productivi­té. La formation régulière serait aussi un indicateur déterminan­t nécessaire pour tous les secteurs à même de favoriser l’attractivi­té des investisse­ments étrangers et favoriser l’emploi et la sécurité intérieure. Dans ce cadre, le financemen­t de l’apprentiss­age et de la formation continue doit retrouver une synergie qui pourrait être partagée entre le ministère du Travail, les entreprise­s et les salariés. Par ailleurs, les personnes en charge du développem­ent humain recommande­nt d’encourager les salariés à se former dans des domaines qui ne serviront pas immédiatem­ent à l’entreprise puisque les investisse­ments qui répondent à des besoins propres permettent, au bout du compte, de développer davantage l’intelligen­ce des effectifs et serviraien­t ensuite les intérêts tant profession­nels, personnels que nationaux. Autrement, les effectifs seraient insuffisam­ment outillés, désarmés devant des concurrent­s bien armés et leur pays davantage freiné par des crises sociales à répétition.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia