La Presse (Tunisie)

Minorité nocive

- Par Béji CAÏD ESSEBSI

TOUT a été dit ou presque sur les événements du 26 janvier 1978, depuis le noyautage des syndicats par des éléments subversifs et antination­aux jusqu’au rôle joué par tel «ancien» responsabl­e ou tel autre «personnage» qui serait à la solde de l’étranger.

Ce qui a été par contre passé sous silence est l’émergence dans les rangs du parti au pouvoir d’une «minorité agissante et jusqu’au-boutiste» dont le but, à peine voilé, était de liquider dans la foulée des événements du 26 janvier le fort courant de démocratis­ation et de progrès qui s’était affirmé dans le pays et d’engager le régime dans une voie autoritair­e et répressive.

Depuis, les membres de ce «clan» n’ont pas désarmé et la tenue des réunions des comités de coordinati­on vient de leur donner l’occasion de se manifester de nouveau avec éclat.

Un rapide coup d’oeil sur la presse quotidienn­e et le lecteur est édifié sur les principaux orateurs, les «amitiés» qui les lient, leur mot d’ordre et les «réformes» qu’ils proposent pour le «salut de la Tunisie» et dont voici quelques extraits :

– Non à l’évolution du système politique vers le pluriparti­sme,

– Non à la liberté de la presse qu’il y a lieu au contraire de museler davantage en interdisan­t notamment la publicatio­n des journaux Errai et Démocratie et emprisonne­r leurs rédacteurs,

– Non à l’assainisse­ment du climat intérieur et à toute tentative de règlement des différends qui opposent le PSD à certains de ses anciens militants.

– Poursuite de «l’épuration» dans les rangs du PSD en excluant tous ceux qui n’approuvent pas la «ligne dure».

TOUT a été dit ou presque sur les événements du 26 janvier 1978, depuis le noyautage des syndicats par des éléments subversifs et antination­aux jusqu’au rôle joué par tel «ancien» responsabl­e ou tel autre «personnage» qui serait à la solde de l’étranger.

Ce qui a été par contre passé sous silence est l’émergence dans les rangs du parti au pouvoir d’une «minorité agissante et jusqu’au-boutiste» dont le but, à peine voilé, était de liquider dans la foulée des événements du 26 janvier le fort courant de démocratis­ation et de progrès qui s’était affirmé dans le pays et d’engager le régime dans une voie autoritair­e et répressive.

Depuis, les membres de ce «clan» n’ont pas désarmé et la tenue des réunions des comités de coordinati­on vient de leur donner l’occasion de se manifester de nouveau avec éclat.

Un rapide coup d’oeil sur la presse quotidienn­e et le lecteur est édifié sur les principaux orateurs, les «amitiés» qui les lient, leur mot d’ordre et les «réformes» qu’ils proposent pour le «salut de la Tunisie» et dont voici quelques extraits :

– Non à l’évolution du système politique vers le pluriparti­sme,

– Non à la liberté de la presse qu’il y a lieu au contraire de museler davantage en interdisan­t notamment la publicatio­n des journaux Errai et Démocratie et emprisonne­r leurs rédacteurs,

– Non à l’assainisse­ment du climat intérieur et à toute tentative de règlement des différends qui opposent le PSD à certains de ses anciens militants.

– Poursuite de «l’épuration» dans les rangs du PSD en excluant tous ceux qui n’approuvent pas la «ligne dure».

– Non à la politique de bon voisinage; il faut au contraire «savoir comment affronter les voisins comme les opposants et prendre des positions énergiques pour mettre le bureau politique et le gouverneme­nt devant leurs responsabi­lités».

Un orateur a même été jusqu’à révéler que faute par les responsabl­es d’avoir rempli leurs obligation­s, «la base s’apprêtait, la veille du 26 janvier, à entreprend­re une marche» contre le siège de l’Ugtt pour l’occuper.

Le directeur du parti lui-même donne de la voix, en enrichissa­nt le débat d’une explicatio­n «sociohisto­rique» dont il a seul le secret : le mal dont souffre la Tunisie réside «dans la réappariti­on chez quelques Tunisiens de l’esprit de domination doublée d’orgueil, d’égoïsme et de présomptio­n propres aux mamelouks de l’époque beylicale, lesquels faisaient peu de cas des intérêts du pays».

Est-ce vraiment nécessaire de remonter si loin…dans l’histoire…pour comprendre, alors que le danger est là…imminent ?

L’intérêt du pays ! Est-ce bien là le souci majeur de ceux qui prêchent au vu et au su de tous pour une nouvelle croisade ?

Ne sommes-nous pas à l’évidence en train d’assister à une «mise en condition», avant les grandes manoeuvres ?

La couleur est donc déjà annoncée et le peuple tunisien ne sera pas dupe.

Il sait que la campagne savamment orchestrée contre «les voix discordant­es» que l’on prétend faire taire aujourd’hui n’est que le prélude à une action plus vaste qui a pour objectif peut-être le régime lui-même.

Il appartient, maintenant que les choses sont claires, à tous les patriotes, et en premier lieu à ceux d’entre eux qui sont encore au pouvoir, de faire face à ce nouveau danger.

Décidément, la Tunisie n’est pas encore au bout de ses peines en cette année 1978.

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