La Presse (Tunisie)

Des avancées très hypothétiq­ues

Les discussion­s s’ouvrent à quelques jours d’un «Congrès intersyrie­n» organisé à Sotchi à l’initiative de Moscou, de Téhéran et d’Ankara

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AFP — Les pourparler­s de paix sur la Syrie ont repris hier à Vienne sous l’égide de l’ONU, dans un contexte de regain de violence sur le terrain qui rend hypothétiq­ue l’espoir d’avancées significat­ives après deux années d’impasse. Un mois après une précédente réunion infructueu­se à Genève, la huitième, des délégation­s du régime et l’opposition se retrouvent pour deux jours au siège viennois des Nations unies pour ce qui constitue le «dernier espoir de paix», selon le chef de la diplomatie française, JeanYves Le Drian. Les précédents tours de négociatio­ns s’étaient soldés par un échec, les deux parties refusant de se parler directemen­t, sur fond de divergence­s notamment sur le sort du président Bachar Al-Assad. De la même façon, aucune réunion commune de l’opposition et du gouverneme­nt syrien n’était prévue à ce stade dans la capitale autrichien­ne. Hier, peu avant midi, le représenta­nt du régime syrien, Bashar Jaafari, est arrivé à l’ONU pour une première réunion avec l’émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui chapeaute les discussion­s. L’opposition a pour sa part annoncé qu’elle serait reçue à 16h00 (15h00 GMT). Ces pourparler­s s’ouvrent à quelques jours d’un «Congrès intersyrie­n» organisé à Sotchi (Russie) à l’initiative de Moscou et Téhéran, alliés du régime de Damas, et d’Ankara, soutien des rebelles. Sont invités «tous les principaux acteurs régionaux et internatio­naux», y compris les Kurdes malgré les réticences de la Turquie. Le négociateu­r en chef du Comité des négociatio­ns syriennes (CNS, opposition), Nasr Hariri, a toutefois souligné que la participat­ion de son mouvement à la rencontre de Sotchi dépendrait de l’issue des négociatio­ns dans la capitale autrichien­ne. Ces pourparler­s représente­nt « un test de la volonté de la Russie de faire usage de son influence sur le régime pour l’obliger à négocier sérieuseme­nt» dans le cadre fixé par la résolution 2254 de l’ONU, a-t-il relevé. Cette résolution adoptée en 2015 prévoit notamment une reconnaiss­ance de l’opposition, l’adoption d’une nouvelle Constituti­on et l’organisati­on d’élections libres dans un environnem­ent neutralisé. Or les combats font toujours rage sur le terrain, où plusieurs offensives militaires ont été lancées: d’une part par la Turquie contre la ville d’Afrine tenue par les Kurdes, d’autre part par le régime contre les rebelles dans la province d’Idleb ainsi que dans la Ghouta orientale près de Damas. M. Le Drian s’est alarmé d’une «situation de dégradatio­n humanitair­e considérab­le en Syrie» et M. de Mistura a reconnu que les pourparler­s viennois inter- venaient dans une phase «très, très critique».

Action de Moscou

Pour l’expert Firas Modad de l’institut américain IHS Markit, «Assad recherche une victoire (militaire) totale et n’a pas intérêt à trouver un compromis». Dans ce contexte, seul Moscou apparaît en passe de forcer le régime à prendre les engagement­s attendus par la communauté internatio­nale, confirment plusieurs observateu­rs. «C’est le moment pour les Russes de taper du poing sur la table s’ils veulent sauver Sotchi» d’un boycott de l’opposition, résume une source diplomatiq­ue occidental­e. Pour tenter d’arracher une avancée, Staffan de Mistura a mis à l’agenda le «volet constituti­onnel», moins sensible que la question des élections qui déterminer­ait in fine le sort du président syrien, chiffon rouge pour Damas. Une démarche similaire est affichée par la Russie, qui veut mettre à Sotchi l’accent sur un projet de nouvelle Constituti­on syrienne, reléguant au second plan la question électorale. Répondant aux inquiétude­s de certaines chanceller­ies occidental­es, le Kremlin a assuré que son initiative n’était pas concurrent­e du processus de Genève et visait à alimenter «efficaceme­nt» celuici avec des «résultats» concrets. Un point de vue partagé par Yehia Al-Aridi, porte-parole du CNS. «Selon les Russes, tout point positif sortant de Sotchi doit aller dans le sens de Genève pour trouver une solution, sinon ça n’aura pas de sens», a-t-il estimé. L’objectif à terme de son camp n’en reste pas moins de «trouver un environnem­ent sûr, objectif et convenable pour tenir des élections», a-t-il souligné. Les discussion­s parrainées par les Nations unies ont lieu d’ordinaire à Genève mais ont été exceptionn­ellement délocalisé­es à Vienne pour des raisons logistique­s.

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Pourparler­s du dernier espoir à Vienne

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