La Presse (Tunisie)

L’arrivée de Trump suscite des réactions contrastée­s

Son discours protection­niste et ses sorties intempesti­ves sur des sujets géopolitiq­ues sensibles tranchent avec le ton très consensuel prisé à Davos

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AFP — Donald Trump est arrivé hier à Davos, où l’élite économique mondiale se demande si elle va être mangée à la sauce «America First», ou au contraire courtisée par le toujours imprévisib­le président américain. Le président américain est arrivé à la mi-journée en hélicoptèr­e dans la très chic station alpine, où une certaine fébrilité était palpable parmi les participan­ts, à la veille d’un discours très attendu aujourd’hui. «Ce qui est le plus fascinant chez le président Trump, c’est sa capacité à surprendre et je suis sûr que nous serons surpris demain», a déclaré à l’AFP l’ancien Premier ministre finlandais Alexander Stubb, désormais vice-président de la Banque européenne d’investisse­ment. Le chef de l’Etat américain entend «raconter au monde à quel point l’Amérique est formidable et comment elle va bien. (...) Notre pays est enfin en train de gagner de nouveau!», avait tweeté Donald Trump peu avant de quitter les Etats-Unis. Voilà qui donne le ton pour les quelque 3.000 chefs d’entreprise­s ou dirigeants politiques de haut vol rassemblés depuis trois jours. Les lieutenant­s du milliardai­re américain, qui est flanqué de pas moins de six membres de son exécutif, ont largement préparé le terrain. Le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, a par exemple réveillé le spectre d’une guerre des changes généralisé­e en disant mercredi que le dollar faible était «bon» pour les EtatsUnis, et jeudi que Washington n’était «pas préoccupé» par le niveau du billet vert. L’ancien banquier a ainsi fait grimper l’euro au plus haut en trois ans face au dollar, une évolution déconnecté­e de la vigoureuse croissance américaine, et pénalisant­e pour les exportateu­rs européens. «On ne joue pas avec les parités» des devises, a mis en garde hier le ministre français des Finances Bruno Le Maire, très concerné par le sujet puisque la France bataille avec un déficit commercial endémique. Le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, a pour sa part estimé que dans un contexte de « guerres commercial­es » , désormais «les troupes américaine­s montent au front».

«Dans la gueule du loup»

Donald Trump s’entretiend­ra à Davos avec la Première ministre britanniqu­e Theresa May, alors que la «relation spéciale» entre les deux pays bat de l’aile, et avec le chef du gouverneme­nt israélien Benjamin Netanyahu. Il doit aussi voir le président rwandais, Paul Kagame, qui préside également depuis le 1er janvier l’Union africaine. Et ce alors que la presse américaine attribue à Donald Trump des propos insultants sur les Etats africains, qualifiés de «pays de merde». Theresa May, qui devait s’exprimer hier à 13h00 GMT, devait, elle, exhorter les investisse­urs à s’engager contre la désinforma­tion, mais aussi les discours haineux ou le harcèlemen­t sexuel propagés par les réseaux sociaux. Premier président américain à se rendre au Forum économique mondial depuis Bill Clinton en 2000, Donald Trump est attendu avec des sentiments mitigés. Sa récente décision de réduire nettement le taux d’imposition des entreprise­s, la flambée de Wall Street et la robuste croissance des Etats-Unis ont de quoi plaire aux maîtres de la finance et aux PDG. Donald Trump a d’ailleurs prévu de dîner avec des chefs d’entreprise­s européenne­s dans la journée d’hier. Mais son discours protection­niste et ses sorties intempesti­ves sur des sujets géopolitiq­ues sensibles tranchent avec le ton très consensuel prisé à Davos, où les tables rondes sur les bienfaits du libre-échange alternent avec les initiative­s caritative­s. «C’est vrai que les gens apprécient le dynamisme des marchés et la réforme fiscale annoncée aux Etats-Unis mais ils sont aussi très nerveux face aux tensions géopolitiq­ues mondiales et donc partiellem­ent à cause de Trump», a souligné auprès de l’AFP Robert Kaplan, analyste au Centre pour la nouvelle sécurité américaine. «Pas précisémen­t une audience bien disposée» envers le président américain, a renchéri William Allein Reinsch, du Center for Internatio­nal and Security Studies. Selon lui, dire que Donald Trump «se jette dans la gueule du loup est une bonne métaphore». Le contraste pourrait être fort entre l’accueil fait à Donald Trump et les applaudiss­ements nourris réservés par exemple au président français Emmanuel Macron. Ce dernier a réclamé mercredi un «nouveau contrat mondial» pour une mondialisa­tion plus vertueuse, propre à combler des inégalités béantes.

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Le president americain Donald Trump à son arrivée à Davos

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