Mobilisation policière contre une marche de la société civile
Plusieurs organisations avaient appelé à une «marche pacifique» pour protester contre «la mauvaise gouvernance, les injustices de toutes sortes et les mesures anti-sociales prises par le gouvernement»
AFP — Les forces de l’ordre quadrillaient les rues de la capitale tchadienne hier matin, empêchant tout rassemblement à N’Djamena alors que les autorités ont interdit une marche de la société civile, a constaté l’AFP. La police, la gendarmerie et la garde nationale ont investi aux premières heures de la matinée dix points de la ville où les marcheurs devaient se rassembler. Aucun manifestant n’était visible en ville aux premières heures de la matinée et tout attroupement de badauds était immédiatement dispersé par les forces de sécurité. Internet (wifi et données mobiles) ne fonctionne plus depuis mercredi minuit à N’Djamena, a-ton également constaté. La dernière coupure du genre au Tchad remonte à la présidentielle d’avril 2016 qui a abouti à la réélection du président Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 1990. Plusieurs organisations de la société civile et des syndicats avaient appelé à une «marche pacifique» hier dans les grandes villes du pays pour protester contre «la mauvaise gouvernance, les injustices de toutes sortes et les mesures antisociales prises par le gouvernement». La marche a été interdite par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique Ahmadaye Abdelkerim Bhakit, qui a sévèrement mis en garde les possibles contestataires et brandi un risque de «soulèvement populaire qui entraînerait des casses». Suite à une réunion mardi avec le gouvernement, certains organisateurs de la marche ont déclaré qu’ils renonçaient à manifester. Le Tchad, où près de 40% de la population de plus de 14 millions d’habitants vit sous le seuil de pauvreté, connaît depuis deux ans une sévère récession économique, conséquence de la chute des prix du baril en 2014, et a dû imposer des mesures d’austérité drastiques pour pallier cette crise.