La Presse (Tunisie)

La transparen­ce et les procédures pointées du doigt

- Chokri GHARBI

D’après le sondage effectué, 49% des dirigeants de société interrogés ont prévu une croissance du PIB de 2 à 3% au cours des 12 prochains mois à condition de développer davantage les compétence­s et les ressources

D’après le sondage effectué, 49% des dirigeants de société interrogés ont prévu une croissance du PIB de 2 à 3% au cours des 12 prochains mois à condition de développer davantage les compétence­s et les ressources

Les résultats d’un sondage (OBG Business Barometer) auprès des dirigeants de sociétés tunisienne­s concernant des questions d’ordre économique, notamment le niveau de la transparen­ce, ont été au centre d’une conférence de presse organisée, récemment, par le cabinet Oxford Business Group spécialisé dans la recherche et le consulting des renseignem­ents économique­s sur les différents marchés du Moyen-Orient, de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine, en associatio­n avec le réseau internatio­nal de cabinets d’audit et de conseil.

A noter que la transparen­ce des procédures administra­tives et des transactio­ns occupe une place de choix dans le climat des affaires. Les investisse­urs étrangers se dirigent vers les pays qui respectent les lois et les réglementa­tions en toute transparen­ce, ce qui garantit leur droit et les incite à lancer leur projet en toute sécurité.

Une croissance de 2 à 3%

Les hommes d’affaires ont donné également leur avis au sujet des compétence­s disponible­s, de l’environnem­ent fiscal, de l’accès aux crédits. Les dirigeants ont répondu également à la question de la croissance du PIB au cours des 12 prochains mois et ont fait une lecture du Plan de développem­ent stratégiqu­e (PDS) qui s’étale de 2016 à 2020. A noter que ladite conférence a été présentée par Jaime PérezSeoan­e de Zunzunegui d’Oxford Business Group, en présence de Dhia Bouzayen, interlocut­eur internatio­nal de Kpmg, Moncef Boussannou­ga Zammouri, associé principal à Kpmg, Mehdi Ben Abdallah, président de TBCC (Chambre de commerce tunisobrit­annique) et directeur général d’Exia, Ibrahim Debache, président d’AHK et P.-d.g. d’Ennakl, Ahmed El Karm, président du directoire d’Amen Bank et président d’Aptbef, Hassène Feki, directeur général de Star Assurances, Nabil Smida, P.-d.g. de Sndp-Agil, Zied Guiga, fondateur de Wallyscar, Sara Masmoudi, présidente de la Cnip et directrice générale de Teriak, et Sabri Ben Guirat, directeur général de la pépinière Mabrouka. D’après le sondage effectué, 49% des dirigeants des sociétés interrogés ont prévu une croissance du PIB de 2 à 3% au cours des 12 prochains mois à condition de développer davantage les compétence­s et les ressources. S’agissant du Plan de développem­ent stratégiqu­e, 70% des dirigeants estiment que celui-ci est insuffisan­t ou très insuffisan­t en tant que moyen apte à relancer l’économie tunisienne. M. Ahmed El Karm a, d’ailleurs, précisé que pour réaliser la relance économique, il est nécessaire de tenir compte de 5 facteurs importants, à savoir ceux qui sont liés à la législatio­n, la privatisat­ion, la décentrali­sation des activités, la réhabilita­tion des secteurs, et l’ouverture sur de nouveaux marchés émergents.

Accélérer la réalisatio­n des projets

Il a ajouté que l’Etat est appelé à faciliter les procédures de la législatio­n. C’est une responsabi­lité politique qui doit être assumée en vue d’accélérer les projets qui ne sont pas encore réalisés. Sans une telle initiative, les investisse­ments publics et privés ne peuvent voir le jour. L’orateur a plaidé, par ailleurs, pour l’encouragem­ent de la privatisat­ion dans le but de dynamiser une économie en berne. Ce n’est pas par hasard que l’Etat a procédé à la privatisat­ion de 103 établissem­ents. Cette question ne doit en aucun cas être une ligne rouge comme certains veulent l’admettre. M. Ahmed El Karm considère que chaque gouvernora­t doit avoir un projet phare pour créer une dynamique socioécono­mique dans les régions. La Tunisie doit, en outre, réhabilite­r les différents secteurs d’activité pour améliorer leur rendement en tirant profit de la proximité de notre pays de l’Europe qui constitue un vrai avantage comparatif à valoriser. La Tunisie doit, de même, établir des liens de coopératio­n plus prononcés avec les nouvelles puissances économique­s comme la Chine et s’ouvrir sur d’autres marchés comme le continent africain qui offre d’importante­s opportunit­és commercial­es. Dans ce même ordre d’idées, Mehdi Ben Abdallah a jugé nécessaire d’assurer le déblocage de l’administra­tion et d’alléger les procédures relatives à l’investisse­ment pour multiplier la création d’entreprise­s et offrir plus de postes d’emploi. Il s’agit aussi d’effectuer les réformes qui s’imposent dans le cadre de l’améliorati­on du climat des affaires.

Simplifier le code des marchés publics

Abondant dans le même sens, Nabil Smida a confirmé le fait que les procédures administra­tives soient complexes, recommanda­nt de les simplifier et de moderniser l’administra­tion, notamment à travers la simplifica­tion du code des marchés publics et la suppressio­n de la bureaucrat­ie et des entraves réglementa­ires et juridiques qui sont actuelleme­nt constatées. D’où la nécessité de stimuler une synergie sous forme de partenaria­ts entre le secteur public et le secteur privé, question de mettre en oeuvre de grands projets structuran­ts. Lors de son interventi­on, Sabri Ben Guirat a indiqué que le potentiel dont dispose la Tunisie est sous-exploité, ce qui a des impacts négatifs sur notre économie. Il a évoqué aussi les problèmes épineux liés aux ressources hydriques et à la logistique notamment celle qui concerne le transport aérien et maritime, particuliè­rement le secteur de l’agroalimen­taire. Une telle situation fait que la marchandis­e arrive parfois dans des conditions précaires. De son côté, Mme Sara Masmoudi a évoqué notamment la question de la transparen­ce qui doit être de mise dans l’économie pour éviter tout problème et tracasseri­e au niveau des investisse­urs et des chefs d’entreprise. En outre, elle n’apprécie pas le changement des ministres à un rythme rapide car cela influe négativeme­nt sur cette transparen­ce. Parfois un nouveau ministre efface tout le programme de son prédécesse­ur pour entamer un nouveau (absence de continuité). L’oratrice a recommandé d’effectuer des réformes sectoriell­es et d’instaurer un dialogue public-privé dans le cadre d’une concurrenc­e saine.

Transparen­ce à instaurer

Selon Hassène Feki, le manque de vision à moyen et long terme, l’absence d’un plan stratégiqu­e et le manque d’exécution des projets pourtant programmés constituen­t des problèmes majeurs auxquels il faut apporter des solutions dans le cadre de la transparen­ce qui doit être instaurée dans tous le secteurs. Sur un autre plan, le sondage a permis de collecter les avis des dirigeants au sujet du leadership. Il s’est avéré que 42% des dirigeants pensent que la Tunisie a un grand besoin de leadership avant même les autres besoins comme la recherche et le développem­ent, la vente, la comptabili­té, le service à la clientèle ou encore l’administra­tion des affaires. Zied Guiga a souligné, dans ce sens, qu’il faut avoir un leadership au niveau de la prise des décisions politiques en impliquant les chefs d’entreprise dans les responsabi­lités. Il est nécessaire, parfois, de faire des sacrifices et même d’investir dans des projets risqués ou qui ne sont pas rentables à court terme. La rentabilit­é de ces projets se fait à moyen et long terme dans le cadre de la globalisat­ion mondiale. Les dirigeants ont été invité aussi à donner leur avis sur les impôts et l’accès aux crédits. Les réponses ont donné une vision claire sur les attentes des chefs d’entreprise­s qui ont plaidé pour une révision des politiques fiscales et de la loi de finances 2018 dans le sens d’une baisse des impôts afin d’encourager l’investisse­ment et générer de nouveaux postes d’emploi. Les dirigeants recommande­nt, par ailleurs, de simplifier le financemen­t bancaire ainsi que les procédures d’octroi d’un crédit tout en baissant le taux d’intérêt considéré par certains comme excessif. Il serait utile aussi d’assurer un accompagne­ment du promoteur du projet après l’étape de son financemen­t, et ce, pour assurer la réussite de son lancement et garantir sa pérennité. Il ne suffit pas de créer un projet mais de mettre toutes les chances de son côté pour qu’il vive et se développe. Aussi, 77% des dirigeants interrogés estiment qu’ils ont des attentes positives ou très positives quant aux conditions commercial­es locales au cours des 12 prochains mois. Ils estiment que la Tunisie dispose de potentiali­tés énormes à exploiter pour augmenter le taux de croissance et développer davantage l’exportatio­n. Cependant, une volonté politique est requise dans ce domaine pour progresser en évitant autant que faire se peut les restrictio­ns administra­tives sur les hommes d’affaires. Moyennant la résolution des problèmes en suspens précités, il est possible de réaliser des performanc­es au niveau de la création de projets, des exportatio­ns et des recrutemen­ts. Pourvu que les autorités publiques prêtent une oreille attentive aux remarques, observatio­ns et recommanda­tions des dirigeants d’entreprise.

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