La Presse (Tunisie)

La crise politique prend de l’ampleur

Arrestatio­n de George Aladwa, à qui on reproche d’avoir organisé la mobilisati­on des milliers de personnes qui ont assisté à la prestation de serment symbolique du principal opposant, Raila Odinga, le 30 janvier

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AFP — La police kényane a arrêté hier un troisième responsabl­e d’opposition depuis l’investitur­e symbolique de l’opposant Raila Odinga comme «président du peuple», a annoncé la police, alors que les autorités continuaie­nt d’ignorer une décision de justice autorisant trois chaînes de télévision suspendues à reprendre l’antenne. Le député George Aladwa a été interpellé à l’aube par la police à son domicile de Nairobi, a indiqué à l’AFP Charles Owino, porte-parole de la police. Selon M. Owino, le député Aladwa «fait l’objet d’une enquête» en lien avec une fusillade présumée mercredi au domicile de Kalonzo Musyoka, le colistier de Raila Odinga à la présidenti­elle de l’an dernier, et en lien avec la mobilisati­on de partisans de l’opposition vendredi pour une manifestat­ion qui a dégénéré en affronteme­nt avec la police. Mais de hauts responsabl­es policiers, sous couvert de l’anonymat, ont indiqué à l’AFP que la police lui reproche surtout d’avoir organisé la mobilisati­on des milliers de personnes qui ont assisté à la prestation de serment symbolique de Raila Odinga le 30 janvier dans un parc du centre de Nairobi. Son arrestatio­n «est liée à la mobilisati­on des gens qui ont été à ce rassemblem­ent et on l’accuse aussi d’avoir mobilisé pour des manifestat­ions après les deux autres arrestatio­ns», a déclaré une de ces sources, en référence à l’interpella­tion mercredi du député d’opposition TJ Kajwang, et celle vendredi de l’opposant Miguna Miguna. M. Aladwa est de fait le troisième membre de l’opposition arrêté pour avoir participé à l’investitur­e symbolique de M. Odinga, qui refuse de reconnaîtr­e la réélection du président Uhuru Kenyatta en 2017, accompagné­e de mois de troubles qui ont fait 92 morts, selon des défenseurs des droits de l’homme. Cette nouvelle arrestatio­n est une des mesures prises par le gouverneme­nt depuis l’«investitur­e», des mesures qui inquiètent la communauté internatio­nale, dont l’ONU, et sont dénoncées par la société civile comme un recul des libertés. Les trois principale­s chaînes de télévision kényanes sont ainsi suspendues depuis mardi pour avoir voulu retransmet­tre la cérémonie et les autorités ignorent depuis jeudi une décision de justice autorisant ces chaînes - inaccessib­les au petit écran mais qui continuent à diffuser sur internet - à reprendre l’antenne. La police ignore, elle, depuis vendredi l’ordre d’un juge ayant ordonné la libération de M. Miguna dans l’attente d’une nouvelle comparutio­n lundi. M. Odinga a lui aussi essuyé des critiques de la part de la communauté internatio­nale en raison de son «investitur­e», à la suite de laquelle le ministre de l’Intérieur Fred Matiang’i a qualifié d’«organisati­on criminelle» le Mouvement de résistance nationale (NRM) lancé par l’opposition pour mettre en oeuvre un programme de désobéissa­nce civile. «C’est absurde de la part de M. Odinga et des membres de sa coalition d’avoir choisi le chemin de la confrontat­ion (...), mais la réaction du gouverneme­nt est tout aussi révoltante», a commenté hier le quotidien Daily Nation dans son éditorial. Appelant les deux hommes à la retenue et au dialogue, le quotidien avertit: «La tension est de plus en plus importante, et ce n’est qu’une question de temps avant que tout n’explose».

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