Culture du succès
«DONNER un sens à l’avenir, positiver», voilà des mots qu’on trouve pratiquement dans tous les discours officiels. Mais ces injonctions dites pour faire dans le solennel et sans conviction deviennent creuses, galvaudées et l’opinion publique, qui n’est pas dupe, y trouve une raison et un motif supplémentaires pour mépriser les politiques, tout du moins s’en détourner. Pourtant, ces mots apparaissent en surbrillance dans les conclusions des prospectivistes. Ils s’y dégagent comme autant de conditions essentielles et nécessaires à une nation soucieuse de son avenir. Seulement, quand ces mots deviennent «injonctions» par la magie de la démagogie et des discours populistes, ils perdent de leur sens et de leur portée. Pis, ils deviennent même pernicieux et contre-productifs, en cela qu’ils confortent les «aquoibonistes» dans leur confortable défaitisme. Et quand les temps sont à la morosité générale et aux égoïsmes, la résignation devient un refuge. Il devient dès lors utile de nous demander pourquoi des mots pourtant dynamiques et allant dans le sens du mouvement et de l’histoire, ne sont plus «fédérateurs» et mobilisateurs ? Un début de réponse nous est fourni par une toute récente étude pilotée par l’Ites (Institut tunisien des études stratégiques). «La Tunisie a besoin d’un projet stratégique fédérateur, mobilisateur, inclusif et résolument moderne afin d’aspirer, à l’horizon 2025, à atteindre le rang d’Etat émergent, résilient et réconcilié avec lui-même. La conjoncture nationale, régionale et internationale appelle un sursaut, dicte un changement d’attitude et d’état d’esprit», peut-on notamment y lire. Sans doute, mais cela ne suffit pas pour expliquer les raisons de la démotivation ambiante. 2025, c’est demain et à l’évidence l’on n’est plus dans la prospective.
Aujourd’hui, ici et maintenant, il nous faudra appuyer les mots qui sont si porteurs par des contenus tout aussi porteurs, par des actes et des actions qui feront voir à chacun de nous, au quotidien, un début de changement tangible, un début de mouvement. Une dynamique du vouloir ou volontarisme stratégique propre à nous sortir de cet état de torpeur où nous semblons plongés. Un volontarisme qui nous fera dépasser et rompre avec les discours des lamentations et de l’autoflagellation, du dénigrement et de la résignation. Il nous faudra peut-être nous réapproprier la culture du succès et l’enthousiasme fertile qui ont marqué nos «trente glorieuses» au lendemain de l’indépendance. Emancipation de la société et de la jeunesse, dynamique économique et bouillonnement culturel. Oui, c’est ce bouillonnement fertile et porteur qu’il nous faudra aujourd’hui retrouver.
Il nous faudra peutêtre nous réapproprier la culture du succès et l’enthousiasme fertile qui ont marqué nos «trente glorieuses» au lendemain de l’indépendance. emancipation de la société et de la jeunesse, dynamique économique et bouillonnement culturel. oui, c’est ce bouillonnement fertile et porteur qu’il nous faudra aujourd’hui retrouver.