La Presse (Tunisie)

«Nous croyons au potentiel énorme de la Tunisie»

- Propos recueillis par Maha OUELHEZI Nous voulons jouer un rôle plus large au-delà de notre métier télécom pour permettre aux jeunes Tunisiens de rentrer dans les métiers du digital et pour permettre à un grand nombre de startup tunisienne­s de trouver des

Nous voulons jouer un rôle plus large au-delà de notre métier télécom pour permettre aux jeunes Tunisiens de rentrer dans les métiers du digital et pour permettre à un grand nombre de startup tunisienne­s de trouver des marchés et de se développer.

La révolution numérique ne cesse de chambouler les bases de l’économie classique. Avec tout ce qu’il apporte comme innovation et créativité dans les différents secteurs d’activité, le numérique est en train de jouer un rôle essentiel dans le développem­ent économique à travers le monde. La Tunisie connaît depuis des années une effervesce­nce de startup innovantes qui ont prouvé leur agilité et leur capacité à se développer aussi bien sur le marché local que sur le marché internatio­nal. Une évolution dans laquelle certains grands acteurs économique­s ont vu une opportunit­é pour mieux se positionne­r sur le marché. Le groupe français Orange y a vu une occasion pour accompagne­r cette transition numérique que connaît notre pays et aussi pour profiter d’une compétence tunisienne assez réputée. Nous avons rencontré Stéphane Richard, le P.D.G. du groupe, en marge du 1er Forum économique Tunisie-France, organisé le 1er février à Tunis. Selon lui, le groupe voit en la Tunisie un potentiel énorme en termes d’innovation et de créativité et compte investir davantage dans les années qui viennent et recruter 500 personnes d’ici 2020. Entretien.

Le groupe Orange est devenu, sans doute, l’un des principaux acteurs télécoms en Tunisie. Quelles sont les perspectiv­es de développem­ent du groupe sur les années qui viennent ?

Tout d’abord, je suis heureux d’accompagne­r le président Emmanuel Macron dans sa visite d’Etat. Il m’a proposé de faire partie de sa délégation pour porter le témoignage d’une grande entreprise qui a fait le pari de la Tunisie, et qui est restée très active et a beaucoup investit, y compris dans les années de la révolution. Nous avons montré que nous sommes un partenaire très engagé et très fidèle à ce pays. Nous avons beaucoup de projets et nous pensons qu’il existe beaucoup d’opportunit­és et de potentiel en Tunisie. Orange est une belle réussite sur le marché tunisien. En quelques années, nous sommes devenus l’un des acteurs les plus réussis du marché et l’un des acteurs de référence pour le data mobile. Nous avons fait une très belle percée sur le marché. Nous avons la meilleure reconnaiss­ance des clients en termes de qualité. Nous avons un niveau de satisfacti­on du client le plus élevé parmi les opérateurs. Pour nous, le démarrage a été très réussi. Le challenge est de continuer à accroître, de gagner des parts de marché, de continuer à investir pour que le réseau soit le meilleur, et puis d’aller de plus en plus vers les services. Notre perception du métier n’est pas seulement d’offrir la connectivi­té, mais aussi de proposer des services au-dessus du réseau dans les domaines différents. Je cite la finance mobile, dans laquelle nous sommes très présents en Afrique et en France, le domaine de l’énergie, le domaine de la santé. La stratégie d’Orange est de renforcer son leadership sur son corps de métier qui est la connectivi­té par de l’investisse­ment et de se construire au-dessus du réseau pour une offre de service qui accompagne la transition numérique dans ce pays. Il y a beaucoup d’idées. Moimême, j’ai encouragé la créativité et la prise de risque. Mais nous devons avoir des priorités. Il existe un domaine où nous avons un avenir important qui est celui de l’utilisatio­n du numérique dans l’efficacité énergétiqu­e ou le smart grid. La Steg est en train de préparer un grand projet dans ce domaine, pour lequel nous sommes un candidat très motivé. En fait, l’utilisatio­n du digital peut optimiser la production et la consommati­on d’énergie dans le pays. Nous sommes aussi partenaire­s dans un projet important dans le domaine de l’e-santé.

Il est connu que le groupe Orange est en train de développer ses actions dans le domaine du digital et surtout en ce qui concerne le développem­ent mobile. Quelles sont vos principale­s actions en Tunisie ?

Tout à fait, nous voulons jouer un rôle plus large au-delà de notre métier télécom pour permettre aux jeunes tunisiens de rentrer dans les métiers du digital et pour permettre à un grand nombre de startup tunisienne­s de trouver des marchés et de se développer. Le sens clair de l’engagement d’Orange est d’être un partenaire plus actif au service du développem­ent de ce pays. Cela passe par plusieurs actions. Je cite l’action de la Fondation Orange en Tunisie qui est l’une des plus actives du groupe pour avoir initié un grand programme qui est celui du centre des développeu­rs. Ce centre accueille plus de 10 mille jeunes développeu­rs, un nombre considérab­le à l’échelle d’un pays comme la Tunisie. D’ailleurs, c’est ici en Tunisie qu’un certain nombre d’applicatio­ns mobiles a été créé et a eu un succès populaire. Le défi qui se présentait pour la Tunisie est de passer d’une compétence reconnue dans le domaine de l’informatiq­ue à une compétence qu’il faut acquérir dans le monde du numérique, du digital et du mobile, et avoir des expertises en matière de codage et de création de développem­ents applicatif­s. Le centre des développeu­rs est ainsi une contributi­on importante que nous apportons. La deuxième action est l’accompagne­ment des startup. La révolution digitale dans le monde se fait en grande partie par la création de startup. J’ai eu l’occasion de voir quelques jeunes créateurs de startup très intéressan­ts. Je pense qu’il y a beaucoup d’idées dans ce pays. Il y a beaucoup de jeunes qui veulent créer des entreprise­s et ont des idées intéressan­tes pour la Tunisie et notamment orienté vers l’Afrique avec un potentiel de développem­ent en Europe. Je pense que nous devons faire de notre mieux pour encourager ces startup, pour proposer des conditions aux jeunes qui leur permettent de concrétise­r leurs projets et de survivre aux deux et trois premières années qui sont les plus difficiles, que ce soit au niveau du financemen­t ou de l’hébergemen­t ainsi que leur donner accès à une expertise et leur permettre de tester leurs produits auprès de vrais clients. Nous avons commencé à jouer ce rôle. Mais je pense qu’il faut le développer davantage.

Le groupe est très présent en Afrique. Comment percevez-vous les opportunit­és que présente ce continent pour votre développem­ent, surtout dans le domaine digital?

L’Afrique est le continent qui connaîtra la plus grande croissance démographi­que et économique dans les années qui viennent. C’est un continent dans lequel le numérique peut changer complèteme­nt la donne et permet de passer d’un état de retard en développem­ent à un niveau d’améliorati­on des conditions de vie des population­s sans précédent. Le numérique peut changer le destin de l’Afrique. Il s’agit d’un foisonneme­nt d’opportunit­és. Si nous voyons le paiement mobile, les opérateurs sont actuelleme­nt en train de développer des systèmes de monnaie électroniq­ue qui ont rencontré un succès immense et qui change la donne dans beaucoup de pays. Nous avons plus de 35 mille opérateurs dans le mobile banking et nous sommes en train d’enrichir la gamme de produits que nous proposons. Nous allons vers des activités bancaires. Nous sommes en train de devenir la banque de l’Afrique. Il y a peu de banques dans le continent et une économie ne peut pas se développer sans secteur bancaire. Pour nous, l’Afrique est un continent plein d’opportunit­és, qui apporte de la croissance, où il y a beaucoup à faire. C’est un choix structuran­t pour notre groupe.

Comment voyez-vous le positionne­ment de l’activité du groupe en Tunisie par rapport au développem­ent sur le marché africain?

En Tunisie, nous avons développé notre activité d’opérateur télécom, mais nous avons également misé sur deux autres activités. Nous avons créé Sofrecom pour vendre l’expertise télécom partout dans le monde, non seulement en Afrique. Nous avons construit cette plateforme en 2011 et elle rassemble déjà 500 employés. Nous allons développer davantage cet investisse­ment en recrutant 200 personnes supplément­aires. L’autre activité que nous avons développée depuis des années et pour laquelle nous avons des projets d’accroissem­ent à venir est le marché entreprise. La filiale d’Orange OBS (Orange Business Service) exerce cette activité pour l’ensemble du monde. Nous allons recruter 300 personnes supplément­aires dans les trois ans qui viennent. Cela fait un total de 500 emplois qualifiés d’ici 2020. Ce sont des activités qui ne sont pas destinées seulement à la Tunisie, mais pour servir des clients externes au sein du groupe Orange. Nous renforçons ainsi ce rôle de centre d’expertise et de hub de la Tunisie sur l’Afrique et aussi sur l’Europe.

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