Les raisons d’un désintéressement
Malgré cette période délicate, les jeunes remettent aujourd’hui en question le profit des élections municipales, ce qui constitue un grave constat.
Compte tenu de l’importance des élections municipales dans le renforcement de décentralisation et la réussite de l’expérience de la transition démocratique, le Centre des études islamiques et de la démocratie a organisé, récemment, une conférence sur « les défis de la gouvernance locale : les jeunes et les élections » en présence de plusieurs jeunes. Animée par Slaheddine Jourchi, journaliste bien connu et rédacteur en chef du site « jeunesse », la conférence a permis d’évoquer plusieurs aspects des élections grâce notamment à Nabil Bafoun, de l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie), et Issameddine Rajhi, président de l’association « Développement et démocratie ». Dans son intervention, Slaheddine Jourchi a souligné l’importance des élections qui vont constituer un tournant dans la transition démocratique. Malgré cette période délicate, la société tunisienne remet en question le profit des élections, ce qui constitue un grave constat. Chaque expérience de transition démocratique, ajoute l’orateur, peut être compromise si la société ne comprend pas l’importance et l’utilité du changement du paysage politique. Il a donné un exposé sur son expérience « chabiba.tn » qui a montré le désintéressement des jeunes au sujet des élections et des résultats décevants.
Inciter les jeunes à voter
M. Jourchi a appelé les jeunes, à la fin de son intervention, à participer aux élections municipales qui seront une occasion pour prendre part à la gouvernance locale. De son côté, Anouer Ben Hassan a évoqué plusieurs problématiques, se demandant si les élections constituent vraiment la solution, l’importance de la législation et des mécanismes mis en place par l’Isie. L’orateur a rappelé que l’instance en question a mené des campagnes de sensibilisation en vue d’inciter les électeurs à aller voter. Cependant, plusieurs personnes n’ont pas été convaincues dans la mesure où seuls 5 millions d’individus ont été enregistrés alors que 2.5 millions sont allés voter. Qui est responsable de ce désintéressement ? L’Isie a procédé, par ailleurs, en collaboration avec l’organisation internationale des systèmes élec- toraux, à l’organisation des débats qui ont concerné 20 gouvernorats et 49 délégations. Ces débats ont enregistré la participation d’un nombre important de jeunes âgés entre 20 et 25 ans. Plusieurs questions relatives aux élections ont été évoquées. Parmi les handicaps qui sont à l’origine de la non-participation des jeunes aux élections, on peut citer le manque de confiance en les partis politiques et leurs programmes, la différence entre le discours et la réalité…
Promouvoir la culture électorale
L’Instance a, d’ailleurs, mis en place avec le ministère de l’Education un « trousseau » électoral dans les écoles primaires com- portant des guides à l’intention des enseignants ainsi que des cartes et du matériel. La stratégie élaborée aide ces derniers à propager la culture électorale en l’intégrant dans les programmes d’enseignement. S’agissant des élections municipales, l’orateur a souligné qu’il existe un intérêt général, même si les informations se font rares. D’où la nécessité de faire du travail sur le terrain pour simplifier certains termes en axant les interventions sur la communication et le contact direct. L’opération électorale est d’ordre technique et non pas politique ou partisan, selon l’orateur. Depuis 2011, l’acquis de l’opération électorale est en régression avec une part de responsabilité de l’Isie. Il est de son devoir de mettre en place les outils et les mécanismes à même de garantir le droit de l’électeur et celui du candidat aux élections, tout en incitant les gens à y participer. Un appel a été lancé à toutes les parties prenantes, y compris la société civile, le gouvernement et les instances indépendantes pour appuyer l’opération électorale en utilisant tous les moyens en leur possession. De son côté, Issameddine Rajhi a indiqué que les jeunes Tunisiens ont vécu, au cours de la dernière période, une marginalisation et une absence de justice sociale et régionale avec une concentration des activités dans la capitale. Parlant de la rupture entre le pouvoir et les jeunes, l’orateur estime que ces derniers qui représentent 40% de la société vivent dans la frustration et la déception.