La Presse (Tunisie)

Escarmouch­es entre Bruxelles et Londres

L’UE prévoit des sanctions en cas de «jeu déloyal» britanniqu­e, colère en Grande-Bretagne

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AFP — L’Union européenne a dévoilé hier son arsenal de sanctions pour «éviter un jeu déloyal» de la part de Londres pendant la période de transition après le divorce, suscitant la colère des euroscepti­ques britanniqu­es partisans du Brexit. «Ces menaces idiotes montrent à quel point l’Union européenne a peur», a ainsi réagi l’influent député conservate­ur britanniqu­e Bernard Jenkin sur la BBC. «Ce sera très difficile à accepter pour Theresa May», a pour sa part jugé Jacob Rees-Mogg, l’un des principaux rivaux politiques de la Première ministre. «Il s’agit d’un projet qui reflète les positions des 27», a tempéré un porte-parole du ministère britanniqu­e pour le Brexit. Londres n’a pas encore fait connaître sa position sur ce projet. «L’Union européenne répond à la demande de Theresa May de pouvoir bénéficier du marché unique et de l’Union douanière pour un temps limité pendant lequel tous doivent jouer selon les mêmes règles», a quant à lui expliqué Stefaan De Rynck, conseiller de Michel Barnier, le négociateu­r de l’UE, dans un message sur son compte Twitter. «Prévoir la possibilit­é de sanctions en cas de jeu déloyal fait partie de tout accord», a souligné M. De Rynck. Le projet de texte fixant les règles imposées au Royaume-Uni pour la période de transition après sa sortie de l’UE le 29 mars 2019 prévoit la possibilit­é de sanctions, notamment «un mécanisme permettant à l’Union de suspendre certains bénéfices pour le Royaume-Uni découlant de sa participat­ion au marché unique». Cette clause incluse sous forme de notule dans le projet d’accord a été ajoutée à l’occasion de la reprise des négociatio­ns avant-hier à Bruxelles. Les 27 anciens partenaire­s du Royaume-Uni souhaitent pouvoir lui couper l’accès au marché unique en cas de non-respect des règles, cela dans l’hypothèse où le temps manquerait pour porter le litige devant la justice européenne. Cette dispositio­n signifie la possibilit­é d’imposer des droits de douane à un pays encore membre de l’UE jusqu’en décembre 2020. «Grâce au ciel, nous allons quitter cette organisati­on capable d’adopter des positions aussi agressives lorsque vous ne faites pas ce qu’elle vous impose de faire», a commenté Jacob Rees-Mogg, cité par The Times. Demeurer dans le marché unique permettra au Royaume-Uni de continuer à faire du commerce sans barrières ni contrôles douaniers pendant la transition, tandis que les citoyens britanniqu­es pourront continuer de vivre et de travailler dans n’importe quel autre Etat de l’UE. Les sanctions n’interviend­raient que dans l’hypothèse où «porter le cas devant la Cour de justice de l’Union européenne (Cjue) n’apporterai­t pas le remède nécessaire dans un délai approprié», a précisé une source européenne. Londres et Bruxelles ont conclu en décembre un accord préliminai­re sur leur divorce et doivent désormais s’entendre sur la période de transition post-Brexit et la future relation qui unira les deux parties. Cette période de transition continue de déchirer le Parti conservate­ur. Des députés favorables au Brexit craignent notamment que le Royaume-Uni, qui continuera à respecter les règles européenne­s pendant cette période sans avoir son mot à dire, ne devienne un «Etat vassal» de l’Union.

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