La Presse (Tunisie)

La Troïka reprend du service

Angela Merkel pose les jalons d’un quatrième mandat grâce à un accord de gouverneme­nt conclu entre les démocrates­chrétiens (du CDU et CSU) et les sociaux-démocrates du SPD

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AFP — Angela Merkel a posé hier les jalons d’un quatrième mandat de chancelièr­e en Allemagne grâce à un accord de gouverneme­nt conclu dans la douleur entre son parti conservate­ur et les sociaux-démocrates, qui obtiennent des postes ministérie­ls clés.

AFP — Angela Merkel a posé hier les jalons d’un quatrième mandat de chancelièr­e en Allemagne grâce à un accord de gouverneme­nt conclu dans la douleur entre son parti conservate­ur et les sociauxdém­ocrates, qui obtiennent des postes ministérie­ls clés. «Nous avons un contrat de coalition» entre les démocrates-chrétiens (CDU/CSU) et les sociaux-démocrates du SPD, a annoncé le ministre des Finances et ministre de la Chanceller­ie, Peter Altmaier, à l’issue d’un dernier round de 24 heures de tractation­s sans interrupti­on à Berlin. «Nous sommes satisfaits», a indiqué de son côté Alexander Dobrindt, l’un des principaux négociateu­rs de la CSU, précisant que les dirigeants des trois partis impliqués dans les négociatio­ns, dont Angela Merkel, devraient s’exprimer devant la presse ultérieure­ment. Face aux réticences du SPD à s’allier à nouveau avec les conservate­urs, ces derniers ont dû faire de nombreuses concession­s. Les sociaux-démocrates obtiennent plusieurs ministères-clés, dont celui des Finances, a indiqué une source proche des discussion­s à l’AFP.

Rupture aux Finances

Cela marque une rupture avec l’héritage du très orthodoxe Wolfgang Schäuble, conservate­ur et titulaire du poste pendant huit ans jusqu’à fin 2017. Ce ministère devrait revenir à Olaf Scholz, maire de la deuxième ville du pays, Hambourg et figure respectée au sein du SPD, selon les médias. L’ancien président du parlement européen et dirigeant social-démocrate, Martin Schulz, devrait quant à lui être appelé aux Affaires étrangères, selon les mêmes sources. Une volte-face pour celui qui fin 2017 proclamait encore qu’il ne participer­ait jamais à un gouverneme­nt d’Angela Merkel. Du coup, selon plusieurs médias, il devrait quitter la présidence du SPD un an seulement après y avoir été élu. Le SPD pourra compter aussi sur les maroquins du Travail et des Affaires sociales, de l’Environnem­ent et des affaires familiales. La CSU, l’aile la plus à droite de la famille politique d’Angela Merkel, devrait récupérer le ministère de l’Intérieur. Un gage à l’adresse de l’électorat le plus conservate­ur. Ce parti n’a cessé depuis deux ans de dénoncer la politique migratoire généreuse de la chancelièr­e. Angela Merkel n’avait plus droit à l’erreur pour rester au pouvoir. Les élections législativ­es de septembre, marquées par un repli des partis traditionn­els et une percée de l’extrême droite, n’ont pas permis de dégager une majorité claire à la chambre des députés. Après un premier échec pour former une coalition hétéroclit­e avec les libéraux et les écologiste­s en novembre, la chancelièr­e, réduite à gérer les affaires courantes depuis octobre et qui a vu son étoile pâlir sur la scène internatio­nale, était dans l’obligation de s’entendre avec le SPD, avec qui elle discutait depuis début janvier. Les discussion­s ont longtemps buté sur le niveau des dépenses militaires mais surtout sur la réforme de l’assurance-maladie en Allemagne, pour réduire les inégalités entre médecine publique et privée, et le marché du travail.

Priorité Europe

Le projet de contrat de coalition, dont l’AFP a obtenu copie, prévoit que le prochain mandat de quatre ans de la chancelièr­e soit placé sous le signe de la relance de l’Europe, au diapason des priorités du chef de l’Etat français, Emmanuel Macron. Il accepte prudemment l’idée française d’un budget d’investisse­ment pour la zone euro et d’une meilleure protection des pays membres face aux crises financière­s. Pour entamer son nouveau mandat à 63 ans, la chancelièr­e devra encore franchir un obstacle de taille avec un vote prévu sur le contrat de coalition des quelque 460.000 militants du SPD, dont le résultat est attendu début mars. Et ils sont très divisés sur l’idée même d’une alliance avec la droite, au moment où leur parti ne cesse de plonger dans les sondages. Pour tenter d’amadouer ses militants, Martin Schulz a obtenu que l’accord de gouverneme­nt inclue une clause de réévaluati­on au bout de deux ans, une manière de mettre Angela Merkel en sursis dès le début de son mandat. Un rejet du contrat de coalition mettrait la chancelièr­e face à un choix difficile : former un instable gouverneme­nt minoritair­e ou accepter de nouvelles élections, deux scénarios inédits dans l’Allemagne d’aprèsguerr­e.

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De gauche à droite, le leader de la CSU, Horst Seehofer, la chancelièr­e Angela Merkel (CDU) et le leader du SPD, Martin Schulz, au cours d’une conférence de presse à Berlin, hier

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