La Presse (Tunisie)

Non à la discrimina­tion face à l’emploi

Les personnes porteuses de handicap ont des difficulté­s d’accès au marché de l’emploi, ce qui influe sur leur état psychologi­que et moral.

- Mohamed Salem KECHICHE

«On entre en grève de la faim devant la Présidence du gouverneme­nt afin que l’Etat assume ses responsabi­lités en matière

de droits constituti­onnels», lit-on dans un communiqué rédigé par un handicapé protestata­ire qui a décrété une grève de la faim en signe de protestati­on face au dépérissem­ent de leur situation sociale depuis de nombreuses années. Mabrouk Bouchoucha et Marii Mansouri sont entrés en grève de la faim depuis lundi dernier pour signifier leur colère aux autorités officielle­s. Respective­ment titulaires d’un magistère en italien et d’une licence fondamenta­le en anglais, ils sont au chômage depuis 2011. Les deux personnes souffrent d’un handicap lié à un déficit visuel. Dès lors, leur marginalis­ation prolongée et la discrimina­tion dont ils ont fait l’objet à plusieurs reprises lors d’entretiens pour l’obtention d’un poste d’emploi les a poussés à entamer une grève de la faim d’autant plus

que la loi les protège. «L’Etat protège les personnes handicapée­s contre toute discrimina­tion. Tout citoyen handicapé a le droit de bénéficier, selon la nature de son handicap, de toutes les mesures garantissa­nt sa pleine intégratio­n».

Et de poursuivre : «C’est un dialogue de sourds qui s’est installé avec les autorités officielle­s qui n’ont pas tenu leurs promesses qui sont de garantir un travail aux personnes porteuses de handicap. C’est pour cette raison que nous avons décidé d’entamer une grève de la faim» . Sachant leurs droits protégés par la loi, les deux protestata­ires n’en démordent pas.

«Nos droits sont garantis par la circulaire de 2005. Pourtant, nous sommes au chômage et nous ne bénéficion­s d’aucune couverture sociale» .

Parcours du combattant

Après un parcours scolaire et universita­ire exemplaire, ils se sont retrouvés du jour au lendemain sans emploi. Depuis 2012,

les deux grévistes vivent reclus dans leur domicile avec un sentiment d’inutilité sur le plan social qui les traumatise. «Le chômage affecte les sans-emploi. Que dire lorsqu’ils vivent un handicap au quotidien qui limite leur mobilité

?» , soupire l’un deux. L’assistance sociale aux handicapés qui comporte une allocation de l’Etat de cent cinquante dinars ne leur est pas attribuée. Les deux grévistes au chômage qui ont une déficience visuelle ne disposent pas de cette compensati­on financière versée aux familles nécessiteu­ses. Au niveau associatif, l’Union nationale des aveugles tunisiens est là pour veiller au grain durant la grève de la faim qu’ils ont entamée et qui est ouverte jusqu’à la satisfacti­on de leur revendicat­ion principale, à savoir l’obtention d’un poste d’emploi pour subvenir à leurs besoins. «Là où le bât blesse, c’est qu’il y a un problème au niveau de l’applicatio­n de la loi» .

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