La Presse (Tunisie)

Les dispositio­ns pour se prémunir

Selon le Groupe d’action financière (Gafi), le processus de l’améliorati­on du dispositif de lutte contre le blanchimen­t d’argent et le financemen­t du terrorisme, adopté par la Tunisie, est, désormais, en cours de mise en oeuvre. Avec l’engagement et les e

- Marwa SAIDI

Les efforts fournis par les autorités tunisienne­s en matière de lutte contre le blanchimen­t d’argent et le financemen­t du terrorisme sont en train de donner de bons résultats. Toutefois, la Tunisie a encore du chemin à faire pour se mettre au diapason des standards internatio­naux. Tout d’abord, il est à noter que les infraction­s du blanchimen­t d’argent et de financemen­t du terrorisme constituen­t une grave menace pour l’intégrité, la crédibilit­é et la réputation du marché financier dans son ensemble. C’est pour cela qu’en 2014, la Tunisie a lancé sa première opération d’autoévalua­tion nationale des risques de blanchimen­t des capitaux et du financemen­t du terrorisme, conduite par la Commission tunisienne des analyses financière­s (Ctaf) en collaborat­ion avec les ministères de la Justice et de l’Intérieur. Cette opération a donné lieu au premier rapport d’évaluation des risques qui a été adopté par le Groupe Gafi Mena. Il s’agit d’un rapport d’évaluation mutuel (REM) qui s’inscrit dans le cadre des engagement­s internatio­naux de la Tunisie en matière de compréhens­ion, d’identifica­tion et d’évaluation des risques de blanchimen­t d’argent et de financemen­t du terrorisme, exigés par le Groupe d’action financière (Gafi).

Des risques moyennemen­t élevés

Par l’adoption de ce rapport de la part de la réunion plénière qui rassemble les pays membres du Mena Gafi, la Tunisie est le premier pays dans la région Mena et parmi les premiers pays au monde à autoévalue­r les risques et les menaces liés au blanchimen­t des capitaux. Les risques ont été évalués comme étant des risques «moyennemen­t élevés». Trois prin- cipales menaces ont été décelées. Il s’agit, en premier lieu, de la corruption, de l’évasion fiscale, de la contreband­e et des cybers crimes comme sources potentiell­es d’argent sale à blanchir. Les secteurs bancaire, de l’or et de l’immobilier ainsi que les associatio­ns, les sociétés offshores et les devises représente­nt les secteurs les plus vulnérable­s, fréquemmen­t utilisés pour le blanchimen­t d’argent et le financemen­t du terrorisme. Des faiblesses dans le mécanisme de lutte contre ce phénomène ont été détectées notamment sur le plan législatif. Ainsi, on a constaté un manque de discerneme­nt des profession­nels, qui travaillen­t dans les secteurs à risque élevé en matière de blanchimen­t d’argent. La non-efficacité des procédures de surveillan­ce et de contrôle, les retards d’applicatio­n des sanctions administra­tives, la faible coordi- nation entre les diverses parties prenantes au sein du mécanisme de lutte contre le blanchimen­t d’argent et le financemen­t du terrorisme, la faible capacité d’analyse financière de certaines autorités, l’absence totale des structures de surveillan­ce relevant du mécanisme de lutte dans certains secteurs et entreprise­s financière­s et non financière­s, à l’instar de la Poste tunisienne, des promoteurs immobilier­s et des bijoutiers et l’absence de perspectiv­e analytique des crimes et délits recensés constituen­t autant de points faibles.

Un processus en cours

Suite à l’adoption du REM, la Tunisie a établi un plan d’action national basé sur les recommanda­tions formulées dudit rapport. Ainsi, 40 recommanda­tions, qui visent à améliorer les performanc­es, juridiques, législativ­es et sécuritair­es du mécanisme de lutte contre le blanchimen­t d’argent et le financemen­t du terrorisme, ont été fixées lors de la réunion plénière, par les pays membres de la Mena Gafa. Conforméme­nt à un échéancier bien défini, les autorités tunisienne­s sont appelées à donner des rapports des efforts déployés pour atteindre une conformité totale aux divers standards internatio­naux en la matière, exigés par le Gafa. C’est depuis avril 2016 que la Tunisie a entamé ce processus de suivi en tenant deux réunions plénières dans lesquels les avancées réalisées par les autorités ont été identifiée­s et présentées pour évaluation. En effet, le second rapport de suivi pour la réévaluati­on de la Tunisie, publié en décembre 2017 par le Mena Gafa, indique une améliorati­on globale enregistré­e au niveau de la conformité par rapport aux recommanda­tions initialeme­nt émises. L’on cite, entre autres, l’améliorati­on de la conformité au niveau de l’évaluation des risques et l’applicatio­n d’une approche fondée sur les risques, la coopératio­n et la coordinati­on nationale, les virements électroniq­ues, les nouvelles technologi­es, les personnes politiquem­ent exposées, les traitement­s avec les clients provenant des pays à risque de blanchimen­t d’argent et de financemen­t du terrorisme très élevé, etc.

Des recommanda­tions émises Toutefois, les experts, qui ont procédé à la réévaluati­on, préconisen­t la mise en place d’un système qui assure la traçabilit­é et la transparen­ce d’un registre de commerce général et continuell­ement mis à jour et le renforceme­nt du régime des sanctions quant aux dépassemen­ts et au manque de transparen­ce. Ils appellent, également, au renforceme­nt des ressources de la Ctafa, et ce, dans le but d’améliorer l’efficacité du traitement des déclaratio­ns des transactio­ns suspectes. Les recommanda­tions émises qui entrent dans le cadre des directives citées dans la stratégie nationale de suivie. Suite à une demande de la part de la Ctafa à laquelle le Mena Gafa a répondu par l’affirmativ­e, la Tunisie a été, récemment, classée parmi les pays « aux juridictio­ns sous surveillan­ce » qui est une catégorie spécifique aux pays dont le processus de l’améliorati­on des mécanismes de lutte contre le blanchimen­t des capitaux et de financemen­t du terrorisme est en cours, loin des pays «à juridictio­n à haut risque» qui présentent des défaillanc­es stratégiqu­es en la matière.

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